Humour. Duo de choc de la nouvelle scène française

Besoin de rompre avec la morosité ambiante ? Cette soirée est sans doute faite pour vous ! Ce vendredi 11 janvier, la ville de Guilers (près de Brest), reçoit en effet Anne-Sophie Girard et Sacha Judaszko, jeunes humoristes de talent figurant parmi les révélations les plus prometteuses de la nouvelle scène hexagonale. Interviews croisées.

Etre humoriste, pour vous, ça se travaille ou c'est naturel ?

Sacha Judaszko - C'est énormément de travail. Etre drôle à une soirée, c'est naturel, mais être drôle sur scène, c'est beaucoup de travail.

Anne-Sophie Girard - En effet, c'est un métier, et comme tous les métiers et tous les arts, ça se travaille ! Après, c'est vrai qu'il existe sans doute un gène de la comédie, qu'on a ou qu'on n'a pas !

Quand avez-vous réalisé que ce métier était fait pour vous ?

Anne-Sophie Girard - Je suis comédienne de formation, donc j'ai appris les grands auteurs, les classiques, et c'est quand j'ai voulu écrire pour moi que je me suis rendu compte que je n'écrivais que de la comédie et que c'était vraiment ça qui me faisait vibrer. C'était vital ! Ça s'est fait très naturellement et très doucement.

Sacha Judaszko -  Je suis moi aussi comédien à la base; j'ai commencé à prendre des cours de théâtre, j'ai fait du théâtre classique, et de plus en plus, j'ai voulu écrire des sketches. Peu à peu, tout s'est enchaîné, j'ai commencé à faire beaucoup d'animations, notamment pour la télé, puis à y présenter des chroniques humoristiques. 

Quel a été l'élément fondateur de votre parcours  ?

Sacha Judaszko - En tant que comédien, c'est venu très jeune, après avoir vu un film de Claude Lelouch. Pour le métier de comique, c'est venu plus tard…  Une fois, en vacances au Québec, je suis allé voir un humoriste sur scène qui m'a vraiment donné envie de suivre cette voie. En comparaison avec les autres humoristes que je côtoie dans l'émission "On n'demande qu'à en rire" de Laurent Ruquier, j'ai commencé finalement assez tard. 

Anne-Sophie Girard - En ce qui me concerne, tout a vraiment commencé après le festival "Paris fait sa comédie", en 2010. J'avais commencé à faire du one-woman show depuis trois semaines seulement, et, contre toute attente car je venais de débuter, il s'avère que je suis arrivée en finale. Et comme j'étais finaliste, on m'a donné deux jours pour préparer un spectacle d'une demi-heure. Heureusement, j'avais accumulé pas mal de carnets depuis une dizaine d'années… Et j'ai très vite embrayé sur quelques télés et mon premier vrai spectacle, "Anne-Sophie fait sa crâneuse", il y a deux ans et demi… Il a beaucoup évolué depuis l'origine; je me produis souvent dans de petites salles de stand-up à Paris, qui sont un vrai laboratoire : on y teste les sketches, on enlève ce qui ne va pas, on retouche, etc.  

Sacha, quant à vous, comment s'est bâti votre spectacle "Le fabuleux destin de Sacha le rouquin" ?

Sacha Judaszko - Ça fait deux ans que je le présente dans sa forme actuelle en tout cas, car c'est un show qui évolue beaucoup. Je l'ai écrit petit-à-petit, à partir de thèmes qui me trottaient dans la tête. J'ai d'abord testé certains sketches sur scène dans le cadre de scènes ouvertes. Je ne voulais pas arriver sur scène avec une heure de spectacle que je n'aurais pas testée au préalable. Ensuite, on m'a proposé plusieurs salles, et c'est ainsi que j'ai pu roder le show.

Tout humoriste a ses têtes de turc… Quelles sont les vôtres ? 

Anne-Sophie Girard - Je suis ma principale tête de turc, car ce que je fais s'apparente beaucoup à de l'auto-dérision. Ce qui fait que je parle pas mal de mes névroses; mais bien sûr, quand je parle de moi, je parle de tout le monde. Les gens se reconnaissent.

Sacha,  vous avez quant à vous provoqué un buzz sur la toile avec un sketch sur Dorothée, il y a précisément un an. On vous en parle encore ?

Sacha Judaszko - Moins maintenant, mais il y a un an, ça a beaucoup fait parler. J'ai même été insulté par des fans de Dorothée. J'ai conservé ce sketch en partie dans mon spectacle. 

Comment qualifieriez-vous votre humour ? Mordant ?

Sacha Judaszko - Non, je ne crois pas. Je crois avoir un humour familial, plutôt grand public en fait. C'est pas un choix de ma part; j'aime bien ça. Je dirais même que j'ai un humour "petit con". Je crois que les gens disent facilement de moi : "Mais quel petit con celui-là" plutôt que "quel méchant", réellement…

Anne-Sophie Girard - Chez moi, c'est plutôt du comique d'observation qui tire parfois sur l'absurde.  

Où et comment vous-êtes-vous rencontrés la première fois ? 

Anne-Sophie Girard - Oh la la ! La première fois, je ne sais plus… Je pense que c'était au café-théâtre Pranzo, qui était un lieu magique à Paris car tous les humoristes s'y retrouvaient. On passait notre vie là-bas ! Si je me rappelle bien, le jour où j'ai rencontré Sacha, c'était une soirée karaoké, comme tous les jeudis. Je pense que c'est un souvenir mémorable pour tous ceux qui ont eu la chance un jour d'entendre Sacha chanter… Ça a été un choc, je dois dire ! Il est forcément humoriste, il est forcément pas chanteur !

Sacha Judaszko - En tant qu'humoristes, on a parfois l'occasion de se croiser sur des scènes… Il y en certains avec qui on sympathise, et si en plus on les aime bien dans la vie et sur scène, c'est génial, et c'est ce qui s'est passé avec Anne-Sophie. Récemment, on a partagé la même scène au Zénith de Toulouse devant 6.000 personnes.  

Comment vous présenteriez-vous mutuellement s'il fallait le faire en deux mots ?

Sacha Judaszko - Je dirais qu'elle est moche et bête… Ça la décrit plutôt bien, je crois. 

Anne-Sophie Girard - Oh, c'est trop mignon ! Moi aussi je t'aime !

Lors de la soirée de vendredi à Guilers, présenterez-vous un sketch en duo ?

Anne-Sophie Girard - On y avait songé, mais c'était un peu compliqué à mettre en oeuvre vu nos agendas… On fera donc chacun l'intégralité de notre spectacle. Mais on va sans doute faire un petit clin d'oeil à l'autre, évidemment.

Connaissez-vous la Bretagne et les Bretons ?

Sacha Judaszko - J'y ai passé quelques vacances; j'allais beaucoup à Carnac quand j'étais jeune. C'était sympa. Mais ce sera mon tout premier show en Bretagne.

Anne-Sophie Girard - Pour ma part, je ne suis jamais allée plus loin que Nantes, où je donnais un spectacle assez récemment dans le cadre du festival de l'humour au Palais des Congrès. J'ai adoré le public nantais. On a passé un super moment. Généralement, quand on a la chance d'aller en province, on se régale. On y est tellement bien accueilli. 

Quels sont vos projets pour les prochains mois ?

Sacha Judaszko - Je joue beaucoup en province; j'y fais pas mal de tournées. L'émission "On n'demande qu'à en rire" me demande aussi pas mal de boulot et de temps. Sinon, j'ai des projets d'écriture, notamment de pièces de théâtre. J'ai envie de faire Avignon cet été avec mon one-man show. Et je compte bien préparer dans la foulée un nouveau spectacle.

Anne-Sophie Girard - De mon côté, je continue à présenter mon spectacle jusqu'à fin juin; je continue aussi avec le "Connasse comedy club" que j'ai monté avec trois amis humoristes, et puis aussi des pilotes pour la télé. Sinon, ma grosse actu, c'est la sortie, le 13 février, aux éditions J'ai lu-Flammarion, du livre que j'ai écrit avec ma soeur jumelle Marie-Aldine, "La femme parfaite est une connasse". C'est un livre d'humour qu'on a pris beaucoup de plaisir à écrire à deux.

Propos recueillis par Titus. Un extrait de cette interview a été publiée ce jeudi 10 janvier dans les éditions brestoises du Télégramme.

Pratique

Vendredi 11 janvier, à 20 h 30, à L'Agora, Guilers, en ouverture de la saison culturelle 2013 de la ville. Tarifs : 10 ou 15 €. Billets en vente dans les centres Leclerc ou à la mairie de Guilers. Tél. 02.98.07.61.52.