Tradition oblige, une belle partie du mois de janvier du président de la République est consacrée aux voeux de bonne année à tout ce que la France compte de corps constitués ou de métiers représentés.
C'en est presque fatiguant. Quand Sarkozy était Monarque, on s'amusait davantage. Il sillonnait la France avec ses cortèges payés sur nos impôts, faisait installer d'immenses estrades et son petit pupitre, avec fond bleu républicain, micros et caméras pour exposer sa vision du pays et de sa situation personnelle. Les voeux ressemblait à une tournée de province d'un chanteur déchu qui cherchait son public. Ces shows étaient souvent l'occasion d'annonces, comme si son programme présidentiel aux 362 promesses ne suffisaient pas. Cela lui permettait de montrer qu'il gouvernait, puisqu'il parlait.
Avec Hollande, la démarche est, pour l'instant, différente.
Au Conseil Constitutionnel à Paris, il a trouvé un terrain d'entente, l'annonce était attendue: pourquoi donc les anciens présidents siègeraient-ils encore de droit au Conseil quand ce dernier doit rendre quelque 250 décisions par an ? L'examen judiciaire de l'ancien Monarque n'est pas pour rehausser l'image de l'institution. Et la récente censure de quelques mesures symboliques de la loi fiscale hollandaise a jeté, encore une fois, le trouble sur son impartialité. Jean-Louis Debré était aux anges. Et Hollande a complété: « j’engagerai une réforme constitutionnelle destinée à consolider
l’indépendance du Conseil supérieur de la magistrature et consacrer son
rôle dans la nomination de la hiérarchie du siège et du parquet, à
supprimer la Cour de justice de la République, à aménager le statut du
chef de l’Etat et à reconnaître le rôle des partenaires sociaux. »
Il nous manquait une réforme, chère à l'auteur de ces lignes, mais plus explosive et qui ne faisait partie d'aucune promesse d'aucun candidat - la suppression de l'élection du président de la République au suffrage universel, et la revalorisation du rôle du gouvernement - légitimé par les élections législatives. Cette fameuse VIème République, qui nous la promettra ?
Aux représentants religieux, reçus ce 8 janvier à l'Elysée, l'actuel président leur a poliment rappelé de s'occuper de leurs affaires ... religieuses. Le mariage pour tous, promesse du candidat vainqueur à l'élection présidentielle, et qui sera bientôt voté par un Parlement démocratiquement élu, est une affaire civile. Ses interlocuteurs, cités par la presse, n'ont pas souhaité réagir. Curieusement, même l'activiste Mgr André
Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des
évêques de France, si virulent sur toutes les estrades et dans toutes les estrades contre le mariage gay et l'homosexualité en général a confirmé s'être tu... Respect du président civil ou ... triste reculade officielle sous les ors de la République ? « On a parlé beaucoup des agressions contre
des lieux de culte et de l'action des pouvoirs publics pour défendre la
liberté de religion et la liberté de conscience » a expliqué l'archevêque... Sans rire ?
A propos du mariage pour tous, l'un de ces responsables a témoigné qu'Hollande avait réaffirmé que « cette réforme qui concerne exclusivement le mariage civil était pour lui et des millions de Français une avancée en termes d'égalité des droits et que par
conséquent le projet irait à son terme.»
Le président a voulu rester zen, mais ferme. « Espérer ressusciter une guerre scolaire n'a aucun sens.» Et pourtant, à peine sorti, certains n'avaient que des mots détestables à l'approche d'une improbable manifestation dimanche 13 janvier. « Nous (musulmans) condamnons l'homosexualité, mais nous ne voulons pas être homophobes » a ainsi déclaré Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris. Il condamne ... l'homosexualité ... ? Mais #WTF ? Ce débat pour un surcroît d'égalité aura le mérite de rappeler que certaines pendules ne sont plus à l'heure...
Mercredi 9 janvier, Hollande est à Orléans. Estrade comme Sarkozy, le président s'exprime devant un fond décoré. Y avait-il du matériel sarkozyen à recycler ? Il s'adresse aux Anciens Combattants, mais devant des vrais combattants, ceux du 12e Régiment de cuirassiers, à Olivet, dans le Loiret. La cravate était encore de travers, c'était amusant. Mais le ton était grave.
Le discours de Hollande commence par l'inévitable hommage aux morts et aux blessés des opérations comme en Afghanistan. Hollande insiste sur la « grande pudeur » de ces derniers, et sur leur « obstination farouche » de retourner sur le lieu du combat où ils avaient été blessés.En Afghanistan pourtant, la promesse de retirer les forces combattantes a été tenue, avant le 31 décembre dernier. On se souvient que l'ancien Monarque dénonçait la folie du projet pendant la campagne. Restent 1.500 soldats de soutien logistique. Ils seront 500 en juin prochain.
Hollande parle aussi défense nationale... et redressement économique. « Notre industrie de défense représente 4.000 entreprises qui emploient directement 150.000 personnes. » La crise de l'emploi - et c'est normal - se loge dans tous les discours. Et le voici de rappeler la création d'un pacte d'activité annoncé par le ministère des armées et les PME du secteur pour pérenniser leur activité.
A suivre