« J'avais sept ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j'ai finalement mis mon projet à exécution ».
Telles sont les premières lignes qu'Eva écrit dans son journal intime. Offert à l'occasion de ses 58 ans par sa petite fille, Eva se met alors à écrire des évènements dont elle n'a jamais parlé à personne. Le passé remonte à la surface, les secrets sont déterrés. Malgré sa peur, elle sait l'inéluctable.
Ne vous fiez pas à la couverture aux apparences légères, Les oreilles de Buster est un roman profond et granitique sur la corrosion de la famille. Une lecture comme je les aime, qui cache bien son jeu et qui rafle la mise.
Maria Ernestam dépeint avec force une femme qui tente de survivre à son enfance. Eva subit la violence psychologique de sa mère. Les mots sont toxiques, l'indifférence tue lentement, le mépris enfonce sous terre.
Les oreilles de Buster me hanteront longtemps. Et si, à mon tour, je me mettais à leur parler dans mon sommeil ? Vous l'avez compris, une belle surprise qu'il serait dommage de manquer.
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Extraits
« Sven. Comment en sommes-nous arrivés là ? Sans doute sa présence m'a-t-elle toujours rassurée. Il m'accepte comme je suis, avec une telle générosité que les années passant, je suis parvenue à m'accepter comme moi-même. Autrefois, je croyais qu'il recelait des secrets, des trésors cachés. Que dans des profondeurs que je devinais à peine, avec un petit effort, je trouverais des joyaux merveilleux. Aujourd'hui, je sais que c'est un être pensant, mais insondable. Jetez-y une pièce, vous la verrez sombrer. Elle se posera sans doute au fond. En tout cas, elle ne refera jamais surface – sauf si Sven en a besoin.
Ainsi notre vie commune se limite à ce que Sven accepte de recracher à la surface, à peu près comme le souffle humide d'une baleine jaillit de ses poumons, à la verticale. Mais notre couple n'est ni meilleur ni pire que bien d'autres. En réalité, nous partageons un quotidien agréable, rempli de vétilles et de banalités. Et nous veillons jalousement sur les secrets que nous sommes seuls à pouvoir connaître. »
« Je me rappelle avoir progressivement compris que ma mère ne se soucierait jamais assez de moi pour m'aimer, et que seule l'une d'entre nous deux verrait le bout du tunnel saine et sauve. A sept ans, je décidais que ce serait moi. »