Cette étude du Howard Hughes Medical Institute et de l'Université du Texas qui a suivi l'activité de l'équipage international de 6 astronautes et son rythme de sommeil au cours d'une mission de 17 mois simulée « sur Mars », montre des niveaux d'activité diminués et un cycle de sommeil perturbé. Ces premiers résultats, publiées dans l'édition du 7 janvier des Actes de l'Académie des Sciences américaine (PNAS) suggèrent qu'il pourrait très difficile de concilier voyages interplanétaires et maintien du rythme circadien. Or l'on connaît l'importance de l'horloge biologique…
Une toute récente étude, publiée dans la revue PLoS ONE avait montré que le rayonnement cosmique galactique entraînerait une neurodégénérescence plus rapide, accélérant les processus biologiques dans le cerveau qui contribuent au développement de la maladie d'Alzheimer.
David Dinges F. et ses collègues ont utilisé des dispositifs fixés au poignet pour enregistrer les niveaux d'activité de l'équipage, le cycle veille-sommeil et les niveaux d'exposition à la lumière durant les 520 jours d'enfermement dans cet habitat en forme de vaisseau spatial (Voir visuel ci-contre). Des évaluations neurocomportementales de l'équipage ont également été effectuées chaque semaine afin de suivre l'évolution des niveaux d'activité, de la charge de travail, la quantité et la qualité de sommeil.
Au fil de la mission, l'équipage devient de plus en plus sédentaire, avec une mobilité réduite durant l'éveil et une durée de sommeil et de repos accrue. La plupart des membres d'équipage commencent à éprouver des troubles du sommeil, dont la qualité et le rythme se détériore. Les performances de l'équipage s'amenuisent au fur et à mesure de la privation de sommeil. Des troubles constatés par les chercheurs dès le début de la mission uis qui ont persisté tout au long, expliquent les auteurs, comparables aux perturbations enregistrées dans les expéditions polaires.
L'équilibre activité/sommeil, une condition cruciale pour la sécurité : L'étude suggère que l'équilibre activité/sommeil dans le respect des cycles circadiens serait une condition cruciale pour la sécurité des vols spatiaux. Elle montre la nécessité d'identifier des marqueurs de vulnérabilité de la baisse de mobilité (hypokinésie) et de la perturbation veille-sommeil au cours d'une période d'enfermement prolongé, et confirme la nécessité de s'entraîner à suivre le rythme circadien, à préserver la quantité et la qualité de sommeil et une activité normale, en préparation des missions d'exploration. Il s'agit donc, concluent les chercheurs, de reproduire les signaux géophysiques terrestres, comme une exposition appropriée à la lumière, un apport alimentaire satisfaisant et la pratique de l'exercice physique, nécessaires au maintien d'un comportement humain normal.
Source: PNAS January 7, 2013, doi: 10.1073/pnas.1212646110 Mars 520-d mission simulation reveals protracted crew hypokinesis and alterations of sleep duration and timing
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