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Bâle III revisité

Publié le 09 janvier 2013 par Edelit @TransacEDHEC

Face à la crise financière de 2007, les normes prudentielles dites de Bâle III ont été votées en décembre 2010. Alors qu’elles avaient pour objectif principal de sécuriser le système financier, elles ont été très mal accueillies par les établissements bancaires qui les jugeaient trop strictes. Les banques se sont par conséquent battues pour que ces nouvelles règles soient assouplies. Mission réussie ce dimanche 6 janvier 2013.

Des mesures initiales fortement critiquées

Les établissements bancaires se sont particulièrement acharnés contre le ratio de liquidité. Ce dernier a été calculé de telle manière à éviter toute crise de liquidité pendant 30 jours. Il a été fixé à 125%, ce qui implique que les banques devront posséder plus de liquidités qu’elles ne prêtent d’ici 2015. Le problème est que seuls les dépôts de la BCE et les titres d’Etat seront acceptés en guise de liquidité.

La première question qui se pose est la suivante : les établissements bancaires ont-ils la capacité d’augmenter leurs liquidités dans une telle proportion ? La Commission européenne a révélé décembre dernier que les banques européennes devaient rembourser d’ici 2015 les prêts que la BCE leur avait accordés depuis 2008. Cette somme s’élève à près de 1,5 milliards d’euros, soit 60% du PIB annuel de l’Union européenne. Dans de telles conditions, on comprend de suite que l’entrée en vigueur du ratio en 2015 tombe très mal pour les banques européennes.

En plus de ce problème existentiel, l’avenir de l’économie européenne devrait être touché par ces nouvelles mesures. En effet, si les banques doivent se procurer davantage de liquidités pour la même somme prêtée, il y a de fortes chances qu’elles accordent tout simplement moins de prêts. Cela constituerait un réel frein à la croissance économique qui est en grande partie financée par l’emprunt.

L’assouplissement des normes prudentielles

Face à ces critiques, le Comité de Bale a revu ses positions dimanche 6 janvier 2013. Il justifie cette initiative par souci pour la croissance économique.

Il a été décidé d’accorder plus de temps aux banques pour réaliser les objectifs dictés. Ainsi, elles pourront afficher uniquement 60% des montants initialement requis en 2015. Elles devront atteindre les 100% d’ici 2019 à base de 10 points supplémentaires par an.

La liste des produits financiers acceptés pour se procurer des liquidités a également été élargie. Les banques pourront désormais compter sur certaines actions cotées, des obligations notées au moins BBB- et des emprunts hypothécaires titrisés. Néanmoins, ces actifs pourront constituer au maximum 15% des liquidités prises en compte par le ratio.

Une annonce très bien vue

Cet assouplissement permet aux banques de détenir plus facilement des liquidités et donc de prêter plus aisément. Il faut donc s’attendre à une croissance économique plus élevée.

Cet optimisme a été entendu sur les marchés financiers. Le lendemain de l’annonce, lundi 7 janvier 2013, toutes les banques européennes ont progressé en Bourse : l’indice STOXX 600 Banks, l’indice qui regroupe les établissements bancaires européens, a clos la journée en hausse à 1,06% après avoir bondi jusqu’à 2,01%. On pourra retenir les bonds notables du français Natixis (4,84%), de l’espagnol Interbank (7,21%), de l’italien Unicredit (4,54%) et de l’allemand Commerzbank (5,34%).

Le commissaire européen chargé des services financiers se dit aussi satisfait de cette nouvelle mesure. Pour lui, «  le traitement des liquidités est fondamental, tant pour la stabilité des banques que pour leur rôle dans la reprise économique globale ».

L’assouplissement de Bâle III est salué dans le domaine financier. Néanmoins, les nouvelles normes sont très loin des exigences de départ et ne permettent probablement pas de remplir l’objectif initial. Nous n’avons donc plus qu’à espérer qu’aucune crise de liquidité ne se déclenche d’ici 2019.

Marjolaine BasuÏau


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