Dès le départ, interpellés par la manière de filmer, on suit les mouvements de caméra qui détaille ceux du tueur, pesant chacun de ses gestes, et dévoilant même son visage. Caché dans un parking, un sniper vise la jetée, suit dans sa lunettes les gens qui passent ou ceux assis, choisit et tire sur 5 personnes. Rappelant une scène d’introduction de l’inspecteur Harry, cette scène détermine l’enquête.
Les preuves incriminent James Barr, militaire jugé frustré qui s’est engagé dans l’armée pour pouvoir soit disant descendre des individus. Lorsqu’on l’interroge, il indique « Trouvez Jack Reacher » avant de sombrer un peu plus tard dans le coma. Ce dernier, incarné par Tom Cruise, est un excellent enquêteur, ancien policier militaire en Irak. Il a cessé toute activité et il a disparu, une fois devenu civil. Sa réapparition est étonnante. Lui, il connait la victime et ses antécédents meurtriers. Il ne l’apprécie guère et s’est promis de le faire tomber au prochain faux pas. Maitrisant les moindres détails de la personnalité de Barr, son investigation se fait fine et précise, et il s’associe à l’avocate de la défense et aussi fille du procureur, Helen Rodin, pour découvrir la vérité. Brillant et bon, il l’est. Il s’amuse à tendre des indices à Helen Rodin pour qu’elle formule elle-même l’hypothèse réelle.
Les personnages sont emblématiques : le héros qui ne veut pas en être un, davantage justicier, la belle blonde rappelant les héroïnes hitchcockiennes, le méchant terrorisant dans tout son jeu, son apparence travaillée avec son œil de verre, ses doigts manquants, son accent de l’est et sa voix sourde.
La dualité des personnages est savamment soulignée dans leurs sentiments comme dans les partis qu’ils prennent, se rangeant du bon ou du mauvais côté. Le doute s’installe et plane dans la salle. Mais plus encore certaines scènes ou situations sont à double tranchant, plaçant les personnages en situation ambivalente. Ainsi on voit se dérouler le jeu de séduction entre Helen et Jack qui semblent vouloir l’autre sans oser l’avouer, le jeu des méchants révélés à la fin, ou une scène durant laquelle Tom Cruise tire au fusil en étant lui-même une victime potentielle du gérant du club de tir. Réussi.
Mais il faut reconnaitre que la dualité traduit aussi une vision très manichéenne, exacerbée par un Tom Cruise omnipotent, qui parvient à délivrer sa belle, en venant à bout des situations les plus compliquées et des adversaires les plus récalcitrants. Prévisible, on aurait préféré une intrigue plus emmêlée.
Il vaut mieux ainsi retenir les plans et les jeux de caméra, les raisonnements de l’intrigue, et les personnages (et leur ambivalence) qui semblent tout droit inspirés des films classiques.
Un film policier comme on n’en voit plus beaucoup…
A voir :
Jack Reacher,
un film américain de Christopher McQuarrie (2h11)