Les plus remontés contre toute limitation de leur soi-disant liberté (qui manifestement ne supporte pas celle des autres de ne pas être agressés ou inquiétés pour leur religion, leurs opinions politiques, leurs croyances et leurs idées, leur profession ou leur fonction, ou leurs préférences sexuelles…) sont très paradoxalement justement ceux dont la conduite laisse franchement à désirer. Des gens qui se permettent des privautés sur Internet qu’ils ne se permettraient pas dans la vraie vie, en face des individus cibles de leurs attaques grossières, accessoirement punissables légalement. Car s’ils étaient face à leur victime, les yeux dans les yeux, ils seraient pour la plupart bien moins hardis, et les enjeux seraient bien plus grands. Beaucoup auraient simplement peur, pour parler trivialement, sinon de se faire casser la gueule, du moins de se voir sérieusement admonestés par un être de chair et d’os, qui pèserait éventuellement une centaine de kilos et qui saurait utiliser son corps à d’autres fins que de suer dans une salle de muscu… . C’est le phénomène défouloir qui est donc ici en cause, et les gens qui revendiquent le droit d’insulter, de calomnier, d’agresser gratuitement ne sont à mes yeux que des êtres immatures qui ont, tout comme des gamins, besoin de limites. Et quand un espace n’est pas organisé collectivement et qu’y règne le chaos, il est bien normal selon moi que la société s’organise pour structurer des rapports déviants qui mettent en péril la notion même de communauté. Elle ne saurait être soumise à la seule régle de ce qu’il faut bien appeler des petits délinquants, sur le net comme en bas de mon immeuble. Certains se retranchent derrière la nécessité et la primauté de l’humour ? Il a bon dos…
Aussi suis-je favorable (alors que j’ai lutté pied à pied contre l’Hadopi, et milite pour la liberté d’expression sur le net), à des sanctions claires face à ce genre d’agissements condamnables qui remettent en cause l’existence même de l’outil et la liberté qui y règne et à laquelle je tiens. Mais il convient de ne pas confondre liberté de s’exprimer et liberté d’agresser et d’insulter, voire de tenir des propos sexistes, xénophobes, homophobes, islamophobes et autres phobies qui devraient davantage conduire leurs auteurs à consulter pour les vaincre, ses phobies là… A mes yeux donc, très clairement, le net doit cesser d’être une zone de non droit. Trop de dérives aux effets potentiellement dangereux, voire funestes, sont en jeu. Et quand ça va trop loin, ce n’en est plus un.
Pour prolonger la réflexion :