On sait que dans le monde, encore aujourd'hui, à peine un nourrisson sur trois est nourri exclusivement au sein pendant les 6 premiers mois de sa vie. En France, alors que plus des deux-tiers des nourrissons reçoivent du lait maternel à la maternité, dont 60% de façon exclusive, à l'âge d'un mois, ils ne sont plus qu'un sur 2 à être nourri exclusivement au lait maternel.
L'allaitement peut être un moment parfois délicat pour la mère, si elle n'a pas été suffisamment conseillée et soutenue, et de nombreuses jeunes mamans se tournent (ici aux Etats-Unis) vers l'utilisation de compléments alimentaires, de plantes médicinales en infusion ou sous forme d'huiles essentielles, de tisanes ou autres remèdes dans l'objectif de soulager les difficultés rencontrées par la mère allaitante, d'augmenter sa production de lait ou encore de répondre aux difficultés rencontrées par le bébé lors de l'allaitement.
65% des consultantes (américaines) en lactation recommandent un remède alternatif : Ces chercheurs qui ont regardé comment les conseils circulaient de consultantes en lactation et de mamans en mamans ont interrogé en ligne 124 consultantes en lactation affiliées à des centres médicaux dans 29 états des Etats-Unis. Ils constatent que 69% ont entendu parler de « remèdes de bonne femme » mais aussi que 65% ont recommandé au moins une de ces méthodes, malgré l'absence de données scientifiques à l'appui de ces recommandations. Les consultantes en lactation transmettent effectivement aux mères allaitantes des conseils de 5 types: Pour favoriser l'allaitement, pour débuter l'allaitement, pour traiter la douleur associée à l'allaitement maternel, pour aider au sevrage et des recommandations sur les substances à éviter.
Certains « remèdes populaires » sont largement évoqués comme l'utilisation de plantes médicinales en infusion et sous forme d'huiles essentielles, la consommation de bière sans alcool ou de gruau, pour augmenter la production de lait ou la pose de feuilles de chou pour soulager la douleur du sein ou l'engorgement. L'auteur principal, le Dr. Jonathan Schaffir, obstétricien à l'Ohio State University Wexner Medical Center rappelle encore, qu'en dépit de la fréquence avec laquelle ce type de conseil est donné, il y a peu de preuves scientifiques à l'appui de l'utilisation de la plupart de ces remèdes mais ajoute qu'il n'est pas « contre » ce qui « aide et ne fait pas de mal au bébé ». Un exemple donné est l'utilisation de sachets de thé pour soulager des mamelons douloureux, mais l'auteur cite un essai randomisé démontrant que ce remède n'apporte aucun avantage supplémentaire à une simple compresse d'eau.
Une culture spécifique aux Etats-Unis ? Enfin, l'enquête précise que cette propension chez une majorité de consultantes en lactation américaines à transmettre ce type de remède n'est liée à aucune caractéristique particulière des consultantes que ce soit l'âge, le niveau d'études ou d'expérience ou la catégorie socio-économique. Certes, il s'agit bien d'une culture particulière aux Etats-Unis, néanmoins l'enquête appelle à de futures recherches sur ces pratiques. On rappellera, pour la France, la recommandation de la DGS « Dans tous les cas où la pratique n'a pas apporté scientifiquement la preuve de son efficacité, le terme de médecine est à proscrire ».
Source: Breastfeeding Medicine August 2012, 7(4): 230-233. doi:10.1089/bfm.2011.0054 Survey of Lactation Instructors on Folk Traditions in Breastfeeding (Visuel © Magalice - Fotolia.com)
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