Tout le monde ça n'existe pas

Publié le 09 janvier 2013 par Naira
Du 8 au 26/01/2013 au Théâtre de Poche, 1a Chemin du gymnase à 1000 Bruxelles, de 8 à 16 €.
De : Marie Limet
Mis en scène : Laure Saupique
Avec : Marie Limet
"Percutant, poétique, sensuel, intelligent, audacieux. Vera est différente, bizarre, spéciale, étrange. Elle est prête à tout pour qu’on l’aime. Provocante et rock’n roll, perchée sur ses hauts talons et planquée derrière ses lunettes, ses tours de magie et sa prothèse Colruyt en promotion, Vera va briser l'image que vous avez d'elle. Petites et grandes personnes, apprêtez-vous à trembler : Vera va vous faire son cirque de femme moignon et vous parlera de façon monstrueusement honnête. Sur fond de Tom Waits, elle vous proposera de mettre un instant vos pieds dans ses baskets avant de tomber le masque et de vous faire découvrir toute la fragilité cachée derrière son personnage de magazine. "
One-man show sur le thème du handicap, cette pièce de Marie Limet mise en scène par Laure Saupique est un magnifique conglomérat d’honnêteté, d’humour, de tristesse, de cynisme et de réalisme.
Affublée d’un handicap, d’un manque, d’un défaut, « Vera » crie à qui veut bien l’entendre que cela ne l’empêche pas, contrairement aux définitions inhérentes à ces attributs, d’être aussi humaine que tout un chacun. Via une exquise gestuelle émotive et une gestion de l’espace parfaitement maitrisée, elle démontre le caractère intrinsèquement humain de la différence, de la dissemblance, de l’errance.
Un humour noir, piquant et cynique, donc. « Vera », de par son handicap ostensible, se dit exaspérée par les gens « normaux » qui lui rappellent sa condition mais également par les handicapés qui lui rappellent, eux, qu’elle n’est pas « normale », qu’elle fait partie de cette autre communauté des gens qui ont un problème, un truc qui cloche, un truc cassé, un truc qui manque. D’où sa question pertinente :
« Et on fait quoi avec les trucs qui sont cassés ? »
Des questions pertinentes, Vera en a un paquet et elle nous les pose sans vergogne, tout en nous laissant la latitude d’y répondre nous-mêmes ; elle nous pousse ainsi à la réflexion, à la comparaison, à la transformation, transformation dont elle a si souvent rêvé elle-même. Pour elle, l’enfer, ce n’est pas les autres, mais nos peurs que les gens, en miroir, nous renvoient. « Cul-de-jatte » « bec-de-lièvre », « moignon », « dents de lapin », ou encore « strabisme », tels sont des exemples d’attributs qui ne concernent pas tout le monde, qui nous touchent pourtant tous, d’une manière ou d’une autre.
Peut-être un peu trop autobiographique, cette pièce, soutenue par la musique de Tom Waits, est néanmoins prenante et poignante, à l’image de sa seule et unique héroïne.
Keru.
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