"Les travaux sont ennuyeux
comme le plus long dimanche
qui fût jamais sous les cieux.
Les travaux ferment les yeux.
Mieux vaut traverser la Manche
sur le dos d'un requin bleu
que de prendre une heure ou deux
a bien retrousser sa manche.
La paresse est fille ainée
de la liberté, depuis
qu'au fond du céleste puits
la vérité s'est cachée.
Oisiveté, ma favorite
tu fais des noeuds d'un ennui
qui sans toi, vers l'infini,
rendrait ma chance petite."
"Constat" -Georges Perros- "J'habite près de mon silence."-Editions Finitude-
"La mer est toujours à boire.
Le ciel à prendre d'assaut.
Mais si vous voulez m'en croire
Restons en là."
Ken Avo
-Georges Perros-
Serge qui décortique la presse avec la dextérité d'un amateur de langoustine, nous propose ce mercredi un article de l'Humanité
qu'on aurait pu également titrer: "Ben, c'est ballot"
Le FMI le confirme : l’austérité était une erreur de calcul
Ah ben, c'est ballot"C’est un rapport étonnant, un mea culpa chiffré et analysé, que deux éminents économistes du FMI ont publié. Il dit clairement que l’austérité est une erreur. La faute à la mauvaise conception d’un modèle informatique de prédiction économique.
Ils justifient globalement d'avoir plongé 26 pays dans une mortelle crise austéritaire par une erreur de modèle mathématique. Ces économistes sont restés persuadés que leur domaine est une science dure, donc qu’on peut prédire et démontrer avec des équations. Et ils se sont éminemment trompés. Ils reconnaissent ainsi dès l’introduction que leur modèle n’a pas pu prévoir ni le niveau des taux d’intérêts ni l’effet de l’austérité sur la consommation intérieure. Confrontés à la réalité, ils reconnaissent également que leur modèle a grandement sous-estimé la hausse du chômage. Et donc toute la prédiction est biaisée, des investissements privés aux recettes fiscales des états.
Pardon pour les morts, c’était une erreur de calcul
“Forecast Error of ΔYi,t:t+1 = α + β Forecast of ΔFi,t:t+1|t + ε i,t:t+1” Voilà à quoi ressemble l’équation qui a été incapable de faire le lien entre coupe budgétaire des Etats - les fameuses "économies" exigées sous la menace - et baisse de rentrée fiscale. C’est le « multiplicateur fiscal », outil économique qui a plus ou moins montré qu’il fonctionnait entre la seconde guerre mondiale et 2008, mais qui est incapable de prévoir l’ampleur des effets d’une panique généralisée ou d’une franche baisse de moral des populations.
Le FMI avait déjà constaté une faute dans les modèles appliqués à la Grèce. Il remet en cause désormais tous les modèles appliqués à 26 pays européens.
Une erreur qui ne sert pas de leçon
Si reconnaître l’erreur, ou plutôt ouvrir les yeux et se confronter à la réalité, reste une avancée pour le FMI, l’institution ne tire pas les leçons de son erreur. Les économistes ne remettent pas fondamentalement en cause l'austérité, juste son intensité, ils restent convaincus qu’il suffit d’adapter leur modèle de calcul, finalement en accroissant la variable « facteur humain ». Ils ne voient pas l’absurdité que c’est d’imposer par la menace des politiques globales à des pays sur simple résultat d’un algorithme.
"Ce que nous voulons simplement rappeler, c’est que les décisions humaines engageant l’avenir sur le plan personnel, politique ou économique ne peuvent être inspirées par une stricte prévision mathématique, puisque la base d’une telle prévision n’existe pas" disait un certain Keynes en 1936."
Photos: Patrick Lecouffe