Philippe Julliard est professeur de sciences politiques et conférencier. Alors que son épouse le quitte en emmenant leurs deux filles, il se trouve pour la première fois confronté à la solitude. Et on découvre un homme dont la vie est comme « une rivière plate qui coule sans aucun remous ni passion ». Une vie qu’il qualifie lui-même de « vie autoroute », droite et rapide. Il a suivi la voie tracée qui se présentait à lui sans vraiment se demander quel était le sens qu’il donnait à tout ça.
Même si je compatis aux difficultés que rencontre Philippe, je n’ai pas réussi à trouver cet homme sympathique. S’il est cultivé et a de nombreuses qualités professionnelles, c’est aussi un homme sans ampleur, qui subit sa vie sans se battre, qui se laisse entrainer par le chant des sirènes de la quarantaine et qui recherche la reconnaissance d’un maitre à penser.
C’est la rencontre avec Julie, femme mystérieuse et inaccessible, qui va lui faire prendre conscience de la vie morne dans laquelle il s’enfonce. Comme un ouragan dans la vie bien rangée de Philippe, elle va bouleverser ses repères et, sans le vouloir, aider Philippe à redéfinir le mot « vie ».
Un lendemain matin est une réflexion sur le sens que l’on donne à sa vie, sur l’écart qui sépare les rêves que l’on formulait lorsque nous étions enfants et la réalité de notre vie d’adultes. La quarantaine atteinte, un bilan s’impose. Et si, pour Philippe, il n’est pas réjouissant, il a l’avantage de lui permettre de rediriger sa vie et de s’investir dans de nouveaux projets, notamment la défense d’un homme politique accusé de corruption.
Seul petit bémol selon moi : Une grande partie du roman donne la parole à Philippe. Et on est tellement plongé dans ses pensées que l’on s’imprègne de son désespoir et de son abattement, sur fond d’abus d’alcool et de tabac. Ça en devient déprimant…
En publiant Un lendemain matin, Marc Uyttendaele réalise un vieux rêve et c’est plutôt réussi. Le style fluide nous emmène sans peine dans cette histoire toute en émotion et sentiments. L’auteur arrive remarquablement bien à transcrire les émois qui chamboulent Philippe et analyse leur signification dans le détail sans que cela ne paraisse lourd.
Marc Uyttendaele est un avocat bien connu en Belgique, notamment pour avoir plaidé lors d’affaires politiques qui ont fait grand bruit. Il connait donc bien le milieu dans lequel évolue Philippe ainsi que les risques d’une implication dans la défense d’un homme politique.
Un lendemain matin a été adapté pour la télévision par Marian Handwerker avec Vincent Perez dans le rôle principal, sous le titre Avec le temps.
Ma première lecture pour le challenge Luce Wilquin de Minou !
Un lendemain matin – Marc Uyttendaele – Editions Luce Wilquin – 1998