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[anthologie permanente] Yves di Manno

Par Florence Trocmé

Poezibao a publié récemment une étude de Matthieu Gosztola sur la poésie d’Yves di Manno. Voici quelques extraits de son œuvre choisis également par Matthieu Gosztola. 
 
Il n’y a pas d’aube. 
Il n’y a pas  
De ciel. 
Celui qui seul.  
Celle.  
Celui qui seul  
Essuie 
La lame souveraine. 
La morve à son poignet. 
Pour le répit 
D’une heure.  
D’une arme.  
À l’angle droit  
Du chevalet. 
Du tertre. 
La morte à son chevet.  
○ 
Il n’y a pas  
De grand cheval  
Céleste.  
La pluie sur les lessives. 
Le sang dans les baquets. 
Un oiseau meurt  
Dans la luzerne.  
Il y a un étang. 
Un lac.  
Un arpenteur.  
Portant la main  
À son poignet.  
Le sang  
D’un poulet coule  
Entre ses doigts.  
Regard. 
Ombre portée 
Sur les viscères. 
Regard porté sur les déchets.  
○ 
La nuit seule  
Renseigne. 
Qu’on arrache 
Le mors  
À ses dents –
 
La pluie  
Tombe sur les gravières. 
Nous n’avons pas quitté 
La plaine. 
Où le chien  
Danse autour  
De son corps 
En hurlant. 
C’est ici maintenant  
Que nous sommes. 
Dans la demeure 
De notre propre  
Effarement.  
Yves di Manno, Un pré, « chemin vers », Flammarion, collection Poésie-Flammarion, 2003, p. 71-73.   
• 
l’espace s’a 
menuise 
lune  
et plume 
souches  
et troncs 
masque troué 
○ 
incise verticale 
(un corps couché 
ne verrait que 
le pré horizontal) 
un œil étroit un astre 
mort et la 
chair entamée 
○ 
on ne voit pas la lame 
ni le corps 
mutilé, du doigt on touche 
une herbe, un brin  
de ciel, un pan  
de terre dépareillé 
: retour au vert (à l’unité) 
○ 
: puis au noir (écorné) 
dans l’angle  
supérieur 
visant dans la nuit sombre 
une halte, un terrier 
(comme hier) 
un dédale un damier 
○ 
chantiers abandonnés 
hissant dans la nuit claire 
leurs outils 
périmés, au fil de l’eau 
traçant un S au bord 
des berges bicolores 
(inverse sur le pré) 
○ 
pour rejoindre en lisière  
de la page 
pliée le bois fossilisé 
(la forêt millénaire) 
refermée sur la nuit 
(et l’iris éphémère) 
comme en travers du lit 
○ 
noir, vert 
apposés seuls 
(opposés ?) 
si la page  
est un drap 
doublement  
déplié 
Yves di Manno, Terre sienne, éditions Isabelle Sauvage, collection présent (im)parfait, 2012, p. 26-32. 
[choix de Matthieu Gosztola] 
  
Yves di Manno dans Poezibao : 
Bio-bibliographie, lecture Double Change (nov. 05), lecture Lundi des Poètes, débat sur la revue de création (Salon de la revue 2007), Objets d’Amérique (par F. Trocmé), Une lecture complémentaire d’Objets d’Amérique, lettre ouverte d’Auxeméry, à propos d’Objets d’Amérique, 2, 3 avec pdf, Yves di Manno au Petit Palais (Martin Rueff, Isabelle Garron, Philippe Beck, Stéphane Bouquet + pdf de l’ensemble), entretien sur Reverdy, Une rencontre avec Auxeméry,  Yves di Manno et Christophe Lamiot-Enos (Reid Hall), note création 


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