Que c’est triste la Hollandie, ma mie. C’est comme du bois mort ; partout. Des ronces à n’en plus pouvoir, et du fumier qu’on aurait posé là, sans raison, par désœuvrement. Ou pour faire chier le monde, les gens, la vie. La pauvre…
C’est triste, oui, la Hollandie, ça n’a ni goût, ni couleur, c’est informe et terne à la fois. Et si ça vous donne une envie, une seule, elle est étrange, mon ange. C’est l’envie de foutre le camp, mettre les bouts, les adjas, les voiles, le plus loin possible. Peu importe comment, on s’en cague ; du moyen. Du moyen comme du reste.
Il faut quitter ce rade, pendant qu’il est temps, que nous sommes encore jeunes, vivants, titubants. Rester là, c’est à petit feu, périr. C’est l’assurance d’être gagné par toutes les rancœurs possibles, jusqu’aux plus sourdes. C’est un passeport pour s’aigrir, lentement mais considérablement. Et comme un con, finir avec la meute, celle-là même qui chaque jour et à toute heure, geint, hurle ou lynche. Quand ce ne sont pas les trois à la fois. Dans ce monde-là, étroit, les limites, on ne connaît plus. Tout est bon, dans l’innommable. Le peu qui reste, compte, importe, c’est qu’il jouisse, le Narcisse. Et se fasse reluire le cul, en retour.
J’en peux plus, tellement ils me dégueulent. Ceux qui se disent de droite, et ces autres qui se prétendent de gauche. De droite, je pige, c’est clair, c’est limpide, pas d’erreur possible, ils le sont, bel et bien. Mais de gauche, là, y a maldonne. Faudrait voir à pas trop se foutre du monde. Non plus. Que cette Hollandie soit triste et passablement emmerdante, c’est une chose, mais nous raconter des barres, voilà qui n’est pas recevable...
Alors je vais le dire, une fois, une seule, ça suffira : qui soutient cet orchestre de sombres Ayrault, d’une manière ou d’une autre, n’est surement pas de gauche. Et j’ajoute ceci : qui soutient cette chose inerte, informe et terne, est un individu de droite. Qui ne pense qu’à une chose : protéger ses intérêts. Il n’a jamais souffert de quoi que ce soit, jamais trimé, marné, crevé. Il vit confortablement, et ne veut pas que ça change. C’est sa gueule, rien que sa gueule. Quant aux autres, qui fanfaronnent, c’est postures et compagnie. Quand ce n’est pas imposture totale, caractérisée ; il va sans dire.
Et ne venez pas me conter fleurette. Ne venez surtout pas me chanter qu’il y aurait plusieurs gauches, ça n’est pas vrai. La gauche, je connais. Jusqu’au pedigree. Ca fricote pas avec qui tu sais, ne fait pas de salamalec et tutti. La gauche, c’est le socialisme. Point-barre. Tout ce qui n’est pas socialiste – au sens premier du terme: politique, sociologique, idéologique – n’est pas de gauche. Fin de l’histoire.
Ne me dis pas, non plus, que tu y as cru. Que ça t’a fait bander. Triper. Toi, ton but, le seul, ton petit taf, mesquin, c’était de virer Sarkozy. Rien de plus. Ta réflexion n’allait pas plus loin que ça. C’est dire la misère. C’est dire aussi, combien tu te moques du monde, des gens, de la vie. La pauvre… C’est pas demain la veille, ah ça non, que t’auras le début de l’étoffe d’un Edouard Martin, d’un Xavier Mathieu. Ces hommes sans nom. Mais dignes. O combien... S’il y a un exemple à suivre, c’est le leur. Mais, très objectivement, qui se soucie de Martin, de Mathieu ? Qui est venu voler à leur secours ? Qui les a encouragé à poursuivre, ne rien lâcher ? Où qu’il est le citoyen ? C’est un mot qui a du sens, non :
« citoyen » ?
Un citoyen, ça n’attend pas, ça n’attend rien, le cul vissé sur un canapé.
Un citoyen, ça ne se contente surement pas de pianoter sur un clavier, en espérant je ne sais quel RT.
Un citoyen, ça se bat, au quotidien. Partout. Sur son lieu de travail. Dans son quartier. Son foyer...
Un citoyen, ça prend des initiatives, ça harangue et tente de convaincre, dut-il, cher le payer. Tels Martin et Mathieu…
Qui attend, de ce gouvernement, ou d’un autre, un geste, une action, un présent, est perdu. A jamais. Pour toujours.
Aucun gouvernement ne fera ton bonheur.
Aucun gouvernement ne comblera tes manques, tes absences, ton inconséquence.
S’il est un devoir, et un seul, c’est d’être un citoyen, à part entière, sans rien attendre en retour. Ni reconnaissance. Ni respect. Que dalle.
Sors de là. De cette merde. Mollasse. Prends ta caisse, ou un putain de train. Va la voir, la mer. Ecoute … Dans son silence, tu entendras comme un balancement maudit qui te remettra ce qui te sert de cœur, à l’heure. Avec le sable qui remonte un peu. Comme les vieilles putes qui remontent leur peau. Qui tirent la couverture... Magne-toi. Car déjà, rien, il n’y a (presque) plus rien. Que des jouets. Du technologique. Du social au rabais. Numérique, ta mère. De la vie pauvre, à pas cher. Que t’en viendrais presque à les chercher, tout pauvret, dans un coffret, ou je ne sais dans quelle partie de ton esprit. Tu sais, te souviens : les osselets ? Ceux qu’on faisait rouler, à même les doigts. C’était, je crois, un temps béni. Et que, pourtant, pour rien au monde, on ne voudrait revivre.
Celui, dit, de « récré ».
Que c’est triste, oui, la Hollandie, ma mie. C’est pire encore que du bois mort ; ça vous désole. Tout cernés que nous sommes, désormais, par les ronces et quelques épines, encombrantes, du fané à foison, à n’en plus pouvoir ; et ce fumier qu’on a posé là, va savoir pourquoi, sans doute pour faire diversion, nous égarer. A moins que ce ne soit, comme souvent, pour faire chier le monde, les gens, les pauvres, ce qui reste de vie. La vraie…
Alors, forcément, c’était couru, évident, ça attend. De partout. Godillots. Moutons. Invertébrés. Et pourtant, vois, comme ça geint, ça hurle, jacte et lynche. Comment, à quel point, ça se croit vivant, alors que, pauvre Narcisse, c’est mort. Depuis longtemps.
Cassons-nous d’ici. De cette Hollandie. Triste et morne... Je connais, moi, tu sais, un endroit. Attrayant. Vivifiant. Il porte un nom. Un joli nom : « Imagination ».
On fera la route, et pas qu’un peu ; en Kawa, verte, flamboyante. Toi devant, et moi derrière, accroché, comme un fou, un maladroit, à même ton dos, la frimousse tendrement balayée par tes cheveux...
Avec un peu de chance, il en faut, cette fameuse providence, nous le trouverons, cet endroit-là. Où tout commence. Et, jamais rien ne finit... C’est pas comme ici, en Hollandie. Ce pays désolant de ronces et de bois mort. Qui, à plein nez, sent fort, le fumier.