Youpi, c’est 2013 ! Dans un premier temps, je vous souhaite une bonne année. Comme je le dis à tout le monde, qu’elle soit prospère malgré les difficultés. Qu’elle soit riche en enseignements, à défaut de monnaie. Qu’elle vous apporte l’amour, du moins l’affection de vos proches. Voilou pour la carte de vœux.
Pour bien commencer l’année, je vous propose un peu de culture et de journalisme de fond avec l’histoire de trois chansons et de leur reprise qui les a faits connaître. Parce que j’aime la réaction des gens quand je leur dis en soirée : Hey, mais vous savez qui a composé tel truc en premier ? quand la reprise est pluq populaire que la chanson de départ. C’est d’ailleurs l’histoire de la série Song’s Story’a : ça m’insurge, quelquefois, qu’on privilégie les hommages aux suiveurs qu’aux créateurs de la mélodie. En fouillant ainsi dans le passé, je contre un peu la logique du mec qui se dit : Ouais, la mélodie est pas mal, mais il manque quelque chose. Et qui réussit à faire un tube interplanétaire avec un fond de tiroir d’un obscur mec. Je me dis que ça ne me ferait pas plaisir si quelqu’un s’appropriait mes morceaux de la sorte sans rappeler que c’est moi qui les ai composés.
Partons maintenant rétablir la vérité aux yeux des gens qui ne savent pas chercher sur Wikipédia et qui préfèrent, à la place, balancer en commentaire sur YT : Ouais, ben c’est peut-être pas elle qui a composé la chanson, mais sa version, elle est plus mieux ! Na ! (Bande d’abrutis, va !)
Skinny Love
L’originale : Bon Iver (2008)
Premier extrait du premier album du groupe, For Emma, Forever Ago, la chanson composée par le chanteur Justin Vernon les place derechef parmi les plus grands espoirs du folk indie américain. Avec forces banjos et guitares, mais aussi avec une harmonisation bien roots et bien bizarre, ils ne se font malheureusement connaître que des hipsters accros à Pitchfork et des fans hystériques de Grey’s Anatomy. C’est dommage.
La reprise : Birdy (2012)
16 ans, ma gueule. Et t’as vu ce qu’elle envoie, la petite ? Elle apporte exactement ce qui manquait à la version de départ, à savoir un romantisme suranné et une harmonisation, certes pas très originale, mais réglée au cordeau et très efficace. Au moins, cette version est écoutable même par ta grand-mère, et c’est à mon avis ce qui fait la primauté de cette reprise sur l’originale. Avec son album de reprises, cette adolescente anglaise a mieux profité qu’Adele de l’année 2012 pour truster les charts. Et au vu de son talent d’appropriation et d’harmonisation, j’ai vraiment hâte qu’elle balance ses propres sons.
Mad World
L’originale : Tears for Fears (1982)
Ouh là ! Ne prenez pas peur ! On est dans les années 1980, ne vous inquiétez pas. Cette chanson, au départ, est donc le premier succès du groupe anglais. Extraite du premier album, The Hurting, qui sort au printemps 1983, elle entre dans les charts anglais en novembre 1982. L’orchestration très new-wave de garçons coiffeurs semble accompagner les paroles parlant d’un monde qui va sens dessus dessous. Mais clairement, plus personne n’est habitué à entendre cette version depuis…
La reprise : Gary Jules et Michael Andrews (2001)
Avouez que là aussi, le piano-voix rend le tout super classe ! À l’origine, cette reprise a été faite pour être incluse dans la bande originale de Donnie Darko. Devant son succès, Gary Jules et Michael Andrews ont décidé d’en faire un single qui est, depuis, régulièrement repris dans diverses soundtracks de séries (Cold Case, FBI : Portés Disparus…). À noter également que le clip est réalisé par Michel Gondry, d’où l’aspect mi-DIY mi-onirique qui accompagne très bien la chanson entre simplicité et poésie.
The Man who Sold the World
L’originale : David Bowie (1970)
Cette chanson originale, je la dédicace à Arnold, mon animateur chouchou de la bande FM dont le boulot est de me réveiller le matin, myskine. Oui, je sais que tu kiffes la reprise que je vais présenter, mais avoue que l’originale te fait ressentir des choses au-delà du réel… Extraite du troisième album du même nom, sorti aux Etats-Unis en novembre 1970, cette chanson, tout comme l’album s’inspire de la nouvelle de Robert Heinlein, L’homme qui vendit la Lune (1951). Comme à l’accoutumée, chez Bowie, on retrouve une vraie recherche mélodique dans l’instrumentalisation, compensée par la simplicité du chant, qu’on pourrait presque rapprocher du plain-chant de l’époque grégorienne. Enfin, selon mes références musicales. J’avoue que ça peut prêter à débat.
La reprise : Nirvana (1993)
Des trois reprises que j’ai choisies ici, celle-ci est la plus proche de l’originale. Extrait du mythique MTV Unplugged, enregistré en novembre 1993, diffusé en décembre sur MTV et dont l’album est sorti en novembre 1994, même si la différence avec l’originale est juste un demi-ton, Kurt et sa bande ont réussi à faire quelque chose qui n’appartient qu’à eux. Ce qui fait la différence ? Quand Bowie fait dans l’onirique, Kurt fait dans le désabusé – rappelons qu’il s’est tiré une balle 5 mois plus tard. Et pour vous dire à quel point cette reprise a surpassé l’originale, c’est que même Bowie n’est pas crédible quand il essaie maintenant de la rechanter sur scène – pardon, Arnold, mais c’est vrai.
Avez-vous compris la démonstration ? Je résume : quand vous surkiffez une chanson, vérifiez quand même qui l’a composée. Et, dans la mesure du possible, écoutez la version originale. Vous rendrez ainsi justice à certains compositeurs qui, quelquefois, n’ont pas pu profité du succès de cette chanson.