En Afrique, les centres de formation se multiplient de plus en plus. Voici le secret d'un succès qui ne risque pas de s'arrêter.
La CAN se veut de plus en plus attrayante avec des nations toujours plus compétitives et un niveau élevé. Pour cela, les équipes nationales peuvent en partie remercier les centres de formation africains.
Depuis des années, les centres pullulent sur le continent noir et la naissance de ces installations coïncide souvent avec les victoires de leur sélection. Le premier exemple est arrivé avec le Cameroun des années 2000 qui avec des joueurs formées par La Kadji Sport Académie et l’Ecole de Football des Brasseries Camerounaises aura remporté deux CAN, participé à deux Coupes du Monde et gagné les JO de 2000. Ces deux centres auront respectivement sorti Samuel Eto’o, Carlos Kameni et Njitap Geremi, Rigobert Song, Pierre Womé, Salomon Olembé. Mais comment marchent ces centres qui tentent de fournir à l’Europe entière les futures stars de demain ?
Djambars, un exemple à suivre
Car en effet, les centres d’entraînements en Afrique n’ont plus rien à envier aux européens. Grâce notamment à Jean-Marc Guillou, qui a instauré cette mode en Afrique et formé de nombreux talents comme Gervinho ou Salomon Kalou. Terrains synthétiques, hébergement pour les joueurs, salles de musculation et même des salles de conférence. Le centre Diambars (« guerriers », en wolof), par exemple, au Sénégal, compte une équipe qui a terminée deuxième du championnat sénégalais et qui est appelée par les médiax locaux : "le petit Barcelone du Sénégal". Outre le côté sportif, le côté financier rayonne lui aussi : un budget de six millions et un autofinancement, tandis que le PIB du pays est de 14 millions de dollars et que l’IDH n’atteint que les 0,459. Pour gagner de l’argent, le club vend d’abord des joueurs à des clubs, certes. Mais la principale finance ne vient pas de là. Le centre est en effet « sponsorisé » par des stars du football tel que Bernard Lama ou encore Patrick Vieira, qui permettent d’attirer des partenariats intéressants, que ce soit de la part des institutions (UNESCO, Région Nord-Pas-de-Calais), des grandes entreprises (Adidas, Randstad) ou encore de la part d’écoles de commerce (SKEMA, Euromed). Outre tout cela, l’association compte de nombreux pôles dans le monde, comme en Norvège, en Canada ou aux Etats-Unis.
Au-delà de la formation de joueurs, ces centres profitent du football pour forger des hommes. Car si seulement 10% des jeunes qui entrent pleins d’espoirs ressortent avec un contrat de joueur professionnel, les autres sont parés avec des diplômes et une éducation. «L’objectif est bien sûr de former des footballeurs de haut niveau, mais aussi de leur offrir une scolarité gratuite et de les amener au bac. S’ils ne font pas carrière dans le football, ils seront armés pour s’en sortir dans la vie et poursuivre des études."» explique Djelloul Habchi, ancien footballeur algérien et directeur du centre. Faire de ces petits guerriers des hommes pour affronter le monde, tel est donc le leitmotiv de ces centres qui se transforment en anges gardiens pour ces jeunes, notamment contre les agents véreux qui tente d’attirer les jeunes de quartiers défavorisés dans leur filet.
L’autre but est de donner une conscience aux joueurs qui réussissent "Il est important que, plus tard, ils jouent un rôle dans le développement de leur pays et de leur continent" explique Jimmy Adjovi-Boco, l’homme qui a créé le projet Djambars en 2003. La réussite du centre est telle qu’une deuxième structure a été inaugurée en Afrique du Sud, en 2010, en marge de la Coupe du Monde.
Comme pour chaque médaille, il y a un revers
Mais attention, la réussite apporte aussi quelques dérives. Par exemples, lorsqu’un club européen décide de faire son marché en Afrique, il envoie un recruteur qui revient dans son pays avec un « partenariat privilégié » conclut avec un de ces centres. Le centre envoie au club ses meilleurs joueurs, et le club aide au financement des infrastructures. Dans certains cas, des histoires de détournement d’argent par les dirigeants du centre sort, ce qui ternie bien évidemment l’image de ces formations. Autre problème, la vente coûte que coûte. Certains centres sont prêts à vendre leurs joueurs qui ne sont rien d’autre qu’une matière première dans ce cas, et ce à n’importe quel prix. Pour cela, les clubs européens ne se posent pas de problèmes si le joueur ne perce pas et celui-ci est contraint à errer dans des clubs de bas étages, devant se confronter à la pauvreté de l’Europe et au racisme. "Ce que je ne comprends pas du tout, c'est le désintérêt général à propos de la traite des joueurs africains. La classe politique, le monde du sport ou l'opinion publique, personne ne semble touché. Pourtant, il n'y a aucune différence avec les réseaux de prostitution" déclare Me Maris, avocate de joueurs africains délaissés. C’est cas sont bien sûrs plus rares, mais doivent être notés.
Quoi qu’il en soit, les centres de formation sont une réussite qui arrange tout le monde, et notamment les équipes nationales qui vont offrir du spectacle à leur supporteur avec des joueurs formé au pays.