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Anglais ou Britanniques?

Publié le 08 janvier 2013 par Fabricegil @thenewreporter


Mon p’tit billet: Anglais ou Britanniques?

On peut aimer l’Angleterre, en être fou, la trouver passionnante, loufoque et agaçante, elle ne laisse personne indifférent. Du style vestimentaire très british au look trash, à l’admiration de la famille royale, en passant par la gastronomie anglaise assez particulière, à l’amour de la bonne bière, de celui du ballon ovale, de la politique et bien d’autres, il n’est pas aisé de déterminer ce qu’est un "vrai " Anglais.

Etre Anglais : est-ce une ethnie ? Une appartenance territoriale ? Une culture ? Une nationalité ? Les Gallois savent ce qu’ils sont, les Écossais aussi. Les Irlandais du Nord savent ce qu’ils ne sont pas (selon leur appartenance communautaire)… Mais les Anglais ? Selon un rapport récent cité par le Guardian, 52% des personnes vivant en Angleterre se revendiquent comme "Britanniques" avant d’être "Anglais".

Enquête.


La question de l’identité nationale des anglais n’est pas prête d’être solutionnée, même par les nationalistes eux-mêmes. Par exemple, si les supporters des équipes anglaises de rugby, de football ou d’autres sports ont pris désormais l’habitude de brandir le drapeau anglais à la croix de Saint-Georges, et non celui de l’Union Jack, le non moins célèbre parti nationaliste British National Party est, lui, fondé sur une incohérence. En effet, ses militants brandissent souvent le drapeau de Saint Georges, alors que le parti est – d’après son nom – un parti britannique et non anglais. Admettez une certaine confusion des genres... "toute anglaise" (rire). De plus, à la différence de nombreux pays, l’Angleterre ne connaît pas de journée nationale. A ce titre, certains proposent que la fête de Saint Georges (23 avril) en soit une. Mais l’idée est bien loin de faire l’unanimité, ne serait-ce du simple fait que Saint-Georges n’était pas anglais !


L’identité anglaise serait donc attachée à une appartenance pseudo-ethnique, alors que l’identité britannique est perçue comme étant multiculturelle. Les individus qui se considèrent comme étant Anglais sont majoritairement ceux dont les ancêtres vivaient en Angleterre ; mais d’autres considèrent comme Anglais ceux qui s’identifient culturellement à l’Angleterre, à ses traditions, à ses mœurs.
Est-il possible, alors, de dire que le mot "anglais" définit une ethnicité ? Si les Anglais sont un peuple défini par leur ethnicité, il s’agirait là d’une ethnicité bien large…


Histoire - A la fin de la période glacière, il y a environ 10 000 ans, les îles britanniques – encore rattachées à l’Europe continentale – avaient été peuplées par des nomades venus d’Anatolie (partie asiatique de la Turquie) et du nord de l’Espagne. Ces peuples dits celtiques occupaient le territoire de la Grande Bretagne jusqu’à l’invasion romaine ; les Romains les appelaient collectivement les Britanni.
Durant la période Romaine (de 49 au Ve siècle), les Romains s’étant imposés sur le territoire nommé aujourd’hui "Angleterre", n’avaient pu vaincre les derniers Britanni, réfugiés à l’ouest et au nord du pays. Les Vikings puis les Anglo-Saxons, venus de Scandinavie et du nord de l’Allemagne avaient, à leurs tours, envahi les lieux, occupant une grande partie des zones côtières et sa partie romanisée. Les Romano-britanniques ayant été battu par les Anglo-saxons donnèrent un nouveau nom au pays : l’Angleterre ou pays des Angles.


Le peuple de ce pays n’était pas une ethnie, mais plutôt un mélange de plusieurs ethnies différentes. L’année 1066 a marqué la dernière conquête de l’Angleterre par les Normands. Au fil des siècles, la noblesse normande, comme une partie importante de la société, migrait en Angleterre, amenant avec elle sa langue – le français normand – et sa culture. Ainsi, dés le XIIe siècle, la société anglaise se composait essentiellement d’une aristocratie et d’une classe dirigeante de souche largement anglo-normande, d’un peuple d’origine anglo-saxon et sur ses franges des peuples d’origine britannique. C’est la base essentielle du peuple anglais à ce jour. L’histoire n’en est pas pour autant terminée. Depuis le Moyen-âge, le peuple anglais s’est de plus en plus développé avec l’arrivée de nouveaux immigrants, fuyant une persécution bien trop présente dans d’autres parties d’Europe. Au XVIIe siècle, l’arrivée massive des Huguenots (protestants français) a augmenté sensiblement la population anglaise. Après une période d’acculturation, tous, sans exceptions, sont devenus anglais, infléchissant, modifiant la dite identité nationale du pays.


Jusqu’au milieu du XXe siècle, les nouveaux arrivés étaient issus d’ethnies européennes ; dès lors que leurs enfants et petits enfants parlaient anglais, plus rien ne permettait de les distinguer des autres ; tous étaient devenus des Anglais et des Britanniques, et la notion de société multiculturelle n’existaient plus.


Etre Anglais, c’était avoir la nationalité britannique, parler anglais et vivre en Angleterre.


Aujourd’hui, sans considération d’ethnicité, de religion, ou de couleur de peau, l’existence simultanée des concepts d’anglicité et de britannicité, complique la situation et peut même envenimer certaines discussions. Alors que des millions de Britanniques savent qu’ils sont aussi Anglais, et le revendiquent, d’autres n’en sont pas si sûrs…


Bien entendu, tout cela n’enlève rien à l’enthousiasme débordant qu’une visite (ou plus encore : une vie) au pays des rostbeefs  pourraient susciter. Voyez-vous, j’aime l’Angleterre. Je l'aime même si les britanniques ne sont pas en reste lorsqu’il faut juger les Français. A leurs yeux, nous sommes avant tout des "French Lawyers", râleurs et arrogants, accompagnés d’une bonne dose de paresse. Chacun se reconnaîtra.


La France et l’Angleterre, meilleurs ennemis du monde, apparaissent comme un vieux couple qui s’aime et se déchire, capables de passer de l’amour à la haine en une fraction de seconde. A ce jeu du chat et de la souris, l’expression "qui aime bien châtie bien", prend tout son sens.

Fabrice Gil


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