Pulvérisation d'un état souverain - Bonne année quand même !

Publié le 08 janvier 2013 par Edgar @edgarpoe

Article de Libé ce matin sur la nouvelle étape de la décentralisation.

Plat de résistance : Lyon devient métropole européenne. Cela implique que le département du Rhône disparaît, remplacé par, d'un côté, ladite métropole, et de l'autre côté les bouseux du Beaujolais, du Val de Saône, des monts du Lyonnais et des monts de Tarare (ajout, suite à un commentaire justifié : les bouseux est à lire entre guillemets, j'ai écrit trop vite. A mon sens, cette partition départementale révèle l'intention profonde du projet européen : déparer la classe européenne, les élus, et les bouseux, les autres, que l'on peut laisser à leur arriération profonde. Mes lecteurs réguliers auront compris, je l'espère, que je ne partage en rien cette vision).

Cela s'inscrit dans une orientation générale dans laquelle chaque région pourra s'organiser comme elle l'entend : ici la compétence école primaire aux communes, là à la région, ailleurs aux départements.

Tout cela est tellement éloigné des habitudes que cela paraît surréaliste. On voit mal comment, dans un tel schéma, organiser une politique nationale.

Cela sans doute se produit parce que l'idée même d'une politique nationale s'efface, "comme à la limite de la mer un visage de sable".

La France est lâchée à Bruxelles et ses restes sont offerts aux féodaux locaux, qui en frétillent d'avance.

L'effacement des états est la conséquence directe d'une volonté d'oublier qu'un moment il y a eu des citoyens, responsables et comptables de leurs politiques.

L'idée n'est pas exprimée mais elle est si forte que dans un article consacré aux économies de l'état allemand, une journaliste du Monde peut écrire : "Selon le quotidien Rheinische Post, vendredi 4 janvier, le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, préparerait ainsi un nouveau train d'économies de 5 à 6 milliards d'euros, grâce à une réduction des dépenses. Objectif : ramener le budget de l'Etat fédéral à zéro d'ici à 2014." Là on n'élimine même plus le déficit, c'est le budget tout entier qui disparaît ! Joli lapsus.

Dans cette ambiance très européenne, qu'attendre ?

Rien de très bon.

Paul Krugman, dans un papier ce matin, écrit que "les leaders européens, qui ont créé une terrible dépression dans les pays endettés sans restaurer la confiance, continuent d'affirmer que la solution passe par plus de sacrifices".

Mark Mazower, professeur d'histoire à Columbia, évoque "Weimar 2013" dans un papier consacré à la fragilisation des démocraties européennes, à commencer par la Grèce.

Jan Werner Müller, dans un article très long d'Eurozine, explique que les intellectuels pro-européens ne savent plus quoi faire pour justifier leur projet : ils viennent de décourvri que l'Union Européenne une fois construite n'est qu'un bête état de plus - encore moins démocratique que les précédents !

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Alors, la seule chose que l'on puisse souhaiter en 2013, c'est que progresse l'idée d'un retour aux démocraties nationales.

En France, l'UPR progresse, et c'est une très bonne chose. Au Royaume-Uni UKIP met une très grosse pression pour obtenir un référendum de sortie.

Voilà, très honnêtement, les seules voies possibles à mon sens pour une amélioration de notre condition politique en 2013.

A part ça, bonne année !