Je dois te l'avouer, je n'ai pas toujours été cette jeune fille citadine perchée sur des talons de 10.
Non...j'ai grandi à la campagne en sandalettes, jupette à fleurs, des brins de blé dans les cheveux. Petite, j'étais un peu casse-cou. Mon activité favorite était de courrir plus vite que la moissonneuse-batteuse et de me cacher entre les ballots de paille. Pas très loin, il y avait aussi un pré à vaches...des blanches et noires qui s'appelaient toutes Marguerite bien sûr. Parfois il y avait des chevaux, mes préférés. À l'école, une fois par an, on nous emmené à la Ferme éducative et on passait la journée à s'occuper des cochons, des dindons, des lapins, des cochons...C'était chouette. Je préférais les lapins.
À l'adolescence, j'étais une connasse. La vie à la campagne ça puait, rien à faire du jardin et de l'odeur du foin. Vive le bitume, les Doc Marteen's, le punk et les anglais. Il était vraiment temps que je me casse de ce trou. F**k Society ! I'm too famous blablabli blablablo
À l'aube de mes 33 ans, je suis une fille en manque de verdure. J'ai bien essayé de combler avec un pot d'herbes aromatiques accroché à ma fenêtre et une poule en déco, rien n'y fait. Je pense me faire un petit week-end dans Le Perche pour retrouver un peu de verdure et toutes mes recherches d'appart actuelles sont en rez-de-jardin. Regarder l'Amour est dans le Pré ne suffit donc plus. Je consomme mieux. J'essaye de manger local le plus possible. Bref, j'ai 33 ans bientôt, je deviens sage. Ou vieille.
Mais au délà de mes envies personnelles, il y a une situation qui me trouble, qui me touche et qui m'effraie. Samedi midi, alors que je regardais la magnifique chevelure de Marie Drucker, mon attention s'est portée sur un reportage montrant une petite exploitation agricole dans l'Aveyron en plein démentélement pour pouvoir faire face à ses dettes. Dans ce reportage, uniquement de la détresse...la détresse d'un agriculteur qui voit ses bêtes partir une à une à chaque coup de maillet du juge, de son matériel tronçonné qui part pour une bouchée de pain, de la somme récoltée qui sert à peine à combler la dette. Il n'est pas le seul à vivre cela, de nombreuses petites exploitations ne font que survivre et devront bientôt laisser la place à ses grandes firmes agricoles qui spéculent sur le blé sans jamais en avoir cueilli. Autour de lui, toute la tristesse d'un village, comme la fin d'une époque.
Dans une société qui cherche à mieux manger à moindre coût, avec la promotion du consommer local et la peur de manger un poulet au Prozac, comment se fait-il que nous laissions mourrir ces petits exploitants qui ne peuvent que nous faire du bien à nous, mais aussi aux communes, aux régions...à l'économie ? Est-ce que Goldmand Sachs s'attaquerait aussi à déplumer nos poules ? Combien de petits agriculteurs allons-nous encore perdre cette année ? Combien de millions d'euros allons-nous donner à ces banques qui ne prêtent plus ? N'y-a-t-il pas une occasion d'inverser les tendances et de créer une nouvelle économie ? Oui je sais...je suis une fille pleine de rêves. Mais à mon sens, l'avenir n'appartient pas à Mosanto...l'occasion encore de mener une révolution ?
Méfie-toi, je vais finir par faire un appel à manifester...
moi, fille de la ville, j'habite maintenant à la campagne. la vie est dure aussi pour les agriculteurs en belgique