Lors de la présentation, ce lundi, des "mesures d'urgence" pour la relance de la filière solaire, la ministre de l'écologie a déclaré que le celles-ci sont inspirées par le "patriotisme écologique". Cette revendication a-t-elle un sens ? (crédit : Don Quichotte de Picasso)
La notion de "patriotisme écologique" est un dérivé de celle de "patriotisme économique" employée par les gouvernants de droite comme de gauche en réponse à la crise économique. Sa variante écologique a même une variante énergétique généralement employée par les partisans de l'énergie nucléaire.
C'est ainsi que le rapport CGEDD/CGIET, publié à a veille de la conférence environnementale et trés pro nucléaire proposait :
« Recommandation n° 14. Privilégier, pour l’éolien comme pour le photovoltaïque, les appels d’offres. Organiser, sur l’éolien terrestre comme sur le photovoltaïque, un appel d’offres annuel dont le caractère prévisible et le volume justifient des clauses de cahier des charges sur l’emploi local, la valeur ajoutée locale et des technologies à promouvoir sur le territoire.
Utiliser à cet égard toutes les possibilités de la réglementation européenne ».
Les énergies renouvelables sont depuis toujours accusées d'être apatrides voire étrangères : les éoliennes sont danoises et les panneaux solaires sont chinois. Le nucléaire, lui, est bien français et le reproche ne peut donc lui en être fait. Le rapport CGEDD/CGIET propose donc une forme de "patriotisme écologique" qui n'est pas loin de ressembler au protectionnisme que le ministre du redressement productif promet inlassablement à la manière de Don Quichotte.
Les mesures d'urgence présentées hier par la ministre de l'écologie ont été fortement inspirées par ce rapport tricolore. Le paradoxe qui affecte le rapport affecte donc ces mesures : le patriotisme écologique prôné pour la filière solaire aboutit ...à des mesures destinées à favoriser les panneaux européens.
Car la notion de "patriotisme écologique" n'a pas de sens. Notre code de l'environnement est composé à 85% de règles européennes et l'environnement lui-même n'a pas de frontières. C'est en réalité l'Union européenne qui est chargée de définir les objectifs et la plupart des moyens des politiques publiques vertes et c'est heureux.
En matière d'environnement, d'écologie, de développement durable, pour défendre vraiment nos entreprises et nos emplois : soyons résolument européens !