Quelque chose m’a toujours frappé dans The Economist :
la publicité que l’on y trouve. Elle décrit la façon dont ses lecteurs
conçoivent le monde.
L'étonnant n’est pas tellement que l’on y vende des
propriétés qui ont une dizaine de salles de bains (dans une métropole). C’est
plutôt l’image de la famille qu’elle donne. La femme est au foyer. Elle est très
belle, mais bête. On propose de l’assurer : que fera-t-elle si le chef de
famille vient à disparaître ? Quant au fils, il héritera de son père, qui « construit une dynastie » (et lui
lègue sa montre).
Tout ceci dans une culture bobo bling-bling. Publicité pour
montres, sacs Vuitton et palaces sans âme, généralement faite par des artistes de
gauche, représentés dans la nature sauvage. Car le riche a quelque chose que
nous n’avons pas. Il se voit bohème. Il se donne les moyens de réaliser ses rêves,
par exemple de passer une nuit dans (ce qui reste de) la canopée amazonienne.
C’est fascinant. Les valeurs des lecteurs de The Economist
sont exactement celles que le journal veut détruire chez les autres : la
femme au foyer, l’héritier, l’oisiveté, la nature vierge… Le plus curieux est peut être la publicité de la canopée : le riche rêve de la vie de ceux qu'il sacrifie à sa fortune.