Voilà qui se révélera certainement comme l’un des plus beaux canulars de ce début d’année : Adsland Park, le parc d’attraction dédié à la publicité.
Depuis plusieurs semaines, les rédacteurs des principaux sites de communication ont reçu des dossiers de presse très convaincants nous parlant de l’ouverture de ce parc.
Et nous étions tout prêt de vous en parler, quand l’absence d’adresse nous a interpelés, avant de réaliser qu’aucune photo n’était présente non plus. Pas de couverture par la presse traditionnelle. Une page wikipédia supprimée par les modérateurs. Et surtout, à chaque fois, un nom, un seul, celui de Fabien Manuel. Pour les dossiers de presse, pour le site, pour le montage vidéo (sans image des travaux). Comment un seul homme peut-il porter un tel projet ?
Dans nos recherches, nous avons trouvé ce lien, allant dans le sens de notre scepticisme. Un lien datant de près de 180 jours, nous ne pourrons vanter notre rapidité d’analyse.
Mais nous tenons à féliciter Fabien Manuel qui a monté un dossier très complet. Site internet, dossier de presse, mailing, pages facebook… et même réponse à notre interview (à voir ci-dessous).
Et tout ça pour quoi ? La question reste ouverte. Volonté de dénoncer une société lobotomisée ? Envie de monter réellement le projet en prouvant sa popularité ? Délire d’année post fin du monde ? Un pari perdu ?
Quoiqu’il en soit, deux possibilités s’offrent à nous. Le 13 janvier, date annoncée de l’ouverture, soit un parc sort de terre et nous serons les premiers à aller faire tourner les manèges. Soit, le canular est révélé et nous ouvrons nos colonnes à Fabien Manuel pour qu’il explique sa démarche. Assez fascinante, il faut l’avouer.
D’abord, quel est ton parcours ?
Je m’orientais vers des études d’ingénierie mais la création a eu raison de mon destin. Je me suis formé au graphisme publicitaire à l’école Brassart et j’ai commencé à exercer mon métier en tant que graphiste-illustrateur et après avoir évolué dans diverses agences, je suis devenu directeur artistique.
Mais les parcs à thèmes ont toujours fait parti de ma vie.
A l’âge de 10 ans, je dessinais déjà des parcs, je faisais une multitude de plans, de dessins d’ambiances et surtout des maquettes papiers et en pâte à sel (d’ailleurs le four de ma mère s’en souvient !).
Comment te vient l’idée ?
L’idée de Adsland Park est venue par un cheminement d’idées.
Je suis déjà à l’origine d’un blog Quelle Vie de Pub et j’avais envie de faire quelque chose de plus fort, de plus personnel. Mon envie de réorienter ma carrière vers les parcs à thème s’est déclenchée avant mes 30 ans.
Malgré de bons clients en agence de communication, je ne pouvais pas prétendre à un poste de directeur artistique ou scénographe dans un parc. Donc je me suis créé ma propre matière qui me servait de CV.
J’ai donc allié mes deux passions : la publicité et les parcs à thèmes ! Pour moi, cette alliance devenait plus qu’une évidence.
Mon projet s’est ainsi nourrit de rencontres avec des personnes passionnantes qui font les décors dans les plus grands parcs de France et surtout des personnes de la publicité qui me suivent et encouragent Adsland Park comme Stéphane Martin, directeur général de l’ ARPP.
La pub n’est plus vraiment aimée. Ta démarche semblerait presque à contre temps.
Au contraire, c’est maintenant que tout se joue. La démarche d’un parc comme Adsland Park est de montrer qu’aujourd’hui les mentalités ont évolué et que le concept de la ménagère n’est plus d’actualité.
Le public s’est attachée à des personnages plus qu’à des marques à mon sens. Cela ne veut pas dire pour autant que les marques sont en désamour.
Aujourd’hui, le principe de partenariat est très dissimulé dans les parcs, voire subliminal. On pense que en France, le public n’est pas prêt. Je pense que c’est faux, le public sait faire la part des choses.
La pub et la consommation sont entrées dans l’art il y a presque 50 ans avec Warhol. Incroyable, finalement, que cela ait pris encore autant de temps pour devenir un réel entertainment.
L’Advertainment est pourtant un terme très nouveau en France. Par contre on ne s’offusque pas de la salle de concert Bell à Montréal parrainée par le numéro 1 de la téléphonie au Canada. Cela reste pour moi, une preuve d’intelligence. Le mécénat/partenariat peut générer un développement intéressant.
Quel est selon toi la pub la plus réussie ? Celle qui t’a marquée ?
Et le personnage de pub le plus réussi, le plus ancré dans la culture populaire ?
Un pub qui marche le plus c’est une pub qui reste dans la tête et le Prosper « Houppa La Boom » est un maître en la matière !
Le personnage qui est le plus ancré dans la culture populaire à mon sens: le père Noël Rouge de Coca-Cola. Attention quand même à faire la nuance : le fait que Coca ait donné sa couleur rouge au père Noël reste une légende urbaine par contre, il est vraisemblable que Coca-Cola a largement contribué à fixer l’image actuelle !
Est-ce que tu envisages de faire entrer la Mère Denis des machines à laver Vedette dans ton parc ?
Pourquoi pas. Je ne cherche pas à faire d’Adsland Park un parc franco-français. C’est une ouverture plus internationale que je cherche à donner même si on pourrait retrouver chez Adsland Park notre terrible Orangina Rouge national !
Comment fait-on des produits dérivés d’un parc de pub ?
C’est simple. Chaque marque gérerait ses produits. M&M’s World ou encore les boutiques Coca-Cola ainsi que milka à Europa Park en Allemagne en sont les parfaites illustrations !
Comment as-tu financé le parc ? Les marques représentées ont-elles payé ? Tu as le plus important placement produit de l’histoire.
Pendant des périodes précises, les marques pourront « louer » un territoire du parc qui leur sera strictement réservé. Chaque marque pourra ainsi développer leurs propres attractions et animation pour continuer l’expérience jusqu’au bout. Ces marques pourront ainsi organiser des évènements à leur images, en implantant leur monde créatif et imaginaire dans leur territoire.
A quoi ressemble votre mascotte ?
La future mascotte de Adsland Park reste un élément très symbolique de l’idée de la pub française mais avec une aura internationale. Rendez-vous le 13 janvier 2013 pour faire connaissance avec lui !