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Nom masculin. Est un emprunt savant de la Renaissance (1546) au grec enthousiasmos "transport divin", "possession divine", formé sur le verbe enthousiazein "être inspiré par la divinité". C'est un dérivé de l'adjectif enthous, forme contractée de entheos "animé d'un transport divin", composé de en "dans" et theos "dieu" (->athée, théologie).
- Au XVIe siècle, le mot est employé avec la valeur de l'étymon, au sens de "délire sacré qui saisit l'interprète de la divinité" (l'enthousiasme de la Pythie); à la même époque, enthousiasme est attesté avec le sens étendu de "transport, exaltation du poète sous l'effet de l'inspiration" (1546; Rabelais), d'où vient un emploi littéraire du mot en parlant de la force qui pousse l'homme à créer.
- Au XVIIe siècle, par une seconde extension de sens (1664, Molière), enthousiasme prend la valeur moderne d'"exaltation poussant à agir avec joie" (élan, mouvement d'enthousiasme), d'où le sens d'"admiration passionnée" (1689, Mme de Sévigné). Le mot est employé depuis le XVIIe siècle en parlant d'une émotion collective suscitant une excitation joyeuse (débordement d'enthousiasme). Enthousiasme a perdu, dans la langue courante, sa force originelle.
Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d'A. Rey. © Dictionnaires Le Robert, 1992
Notez la transition : on passe de "délire sacré" à "exaltation" pour en arriver à "excitation"; est-ce le mot qui a faibli ou nous qui nous dirigeons vers l'apathie ?