Cette exposition alléchante a été l’occasion de découvrir la Galerie Martel. Si vous ne connaissez pas et que vous êtes clients des couvertures pleines d’humour du New Yorker, courez-y avant le 5 Janvier 2013 !
Animée autant que les dessins exposés, la galerie propose une exposition collective d’illustrations publiées en couverture du célèbre magazine américain à l’occasion notamment de la sortie du livre Les dessous du New Yorker, les couvertures auxquelles vous avez échappé.
Si l’ouvrage classe les dessins par thèmes, avec une narration qui suit l’actualité et l’expérience de Françoise Mouly la directrice artistique du magazine, l’exposition présente 18 artistes qui ont souhaité participer au projet et une couverture de l’actualité qui va de 1994 à il y a quelques mois. Ici donc l’histoire américaine, les traits sociaux new yorkais ou universels, et l’actualité internationale sont traités de manière décalée, pour donner un avant-goût du contenu du journal. La contrainte est en effet d’avoir quelque chose à dire, car sur le New Yorker il n’y a pas de texte à illustrer mais bien une actualité forte qui se passe de mots. Un portrait en image d’une époque, qui peut se regarder des années plus tard.
Aujourd’hui l’hebdomadaire compte environ 900 couvertures et il doit sa persistance à cette porte d’entrée qui balise sa ligne éditoriale. Comme confie Françoise Mouly, la raison d’être du journal n’est pas les ventes, mais avant de coller aux certitudes de la rédaction, et pour elle il s’agit de dénicher la bonne image : celle qui interroge le lecteur et qui le fait éventuellement sourire. Cet état d’esprit, elle en fait profiter le magazine et les illustrateurs. Elle se prête elle-même au jeu du dessin de presse en proposant aussi des illustrations : par exemple celle les tours jumelles en noir sur fond noir un an après l’attentat du 11 septembre qu’elle réalise en collaboration avec son mari Art Spiegelman. Connu pour ses BD intitulées MAUSS, il fonde avec Françoise Mouly la revue de bande-dessinée d’avant-garde, RAW, dans les années 80, et pose sa touche sur de nombreuses couvertures du New Yorker.
Dans la galerie, il est agréable de pouvoir feuilleter le livre, de découvrir le reportage télévisé (diffusé près de l’entrée), et surtout de discuter avec les galeristes pour en savoir plus sur les dessins. Car si certaines représentations sont évidentes : réchauffement climatique, mariage gay, marathon de New York ou anniversaire du 11 septembre, d’autres le sont bien moins sans explications.
Ainsi on sent la pointe ironisante dans les dessins suivants, qui décrivent le quotidien new yorkais : l’utopie de verdure dans Central Park ou l’envol des PV sur les voitures à l’automne…
En 1925, le dessinateur Rea Irwin propose le portrait d’Eustace Tilley, caricature du dandy, qui observe le monde (et ici un papillon) à travers son monocle. A chaque numéro anniversaire, une variante d’Eutace Tilley est retenue.
En 2010, Françoise Mouly choisit 4 illustrateurs pour la couverture anniversaire, et il est possible en kiosque de choisir parmi les 4, celle que l’on désire. Mais en regardant plus attentivement et en réunissant les dessins à la manière d’un puzzle, on s’aperçoit que le dessin original, la silhouette de Tilley se dessine en filigrane.
Une très belle exposition, pour une galerie vivante et agréable !
A voir :
Les couvertures du New Yorker
Jusqu’au 5/01/2013
A la Galerie Martel
17 rue Martel
75010 Paris
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