Pour moi à l’autre bout du calendrier, six moi(s) plus loin, le vrai bilan me guette. C’est ce jour là où je voudrais étirer le temps, savourer chaque instant comme s’il m’appartenait exclusivement, et que tout le monde le considère comme tel. C’est là, que je déplie ma vie comme une carte, que je la considère à la lumière de mes espérances. C’est à cette occasion que je voudrais réunir tous ceux que j’aime, sans exception. Partager avec eux ce point de suture.
A côté le 31 décembre, me parait bien fade. Transition anodine et administrative.
Longtemps je me suis crue « sinistrée du jour de l’an », toujours forcément bien en dessous de la soirée inoubliable annoncée par tout le monde. Une soirée comme une autre. L’an dernier pour fuir la malédiction nous avons essayé de la conjurer dans un Amsterdam explosif, au milieu des pétards et des feux d’artifices interminables que nous avons entendus et regardés du 20ème étage.
Depuis j’ai l’intime conviction que j’échappe au sort, qu’il agit sans doute comme une sorte d’amulette. Dans la confusion des signes, je voudrais pouvoir lui formuler l’inextinguible sentiment qui me donne envie d’étreintes. Lui dire que j’ai apprécié tant de choses qu’il a faites ou manifestées. Ne pas relever sans cesse l’inadéquation mais remarquer l’harmonie.
Ce soir à minuit, c’est ce que signifiera mon baiser.