Jérôme Cahuzac, tête à claques

Publié le 07 janvier 2013 par Hmoreigne

Ne demandez pas à Jérôme Cahuzac d'adopter un profil bas. Le ministre du budget invité dimanche matin d'Europe 1 "a fait fort" comme le relève Le Point. Cynisme, suffisance, une prestation à la Don Salluste, côté comique en moins. Politiquement, le ministre a surtout confirmé le virage plus libéral que social du gouvernement avec un laisser-faire revendiqué au plan économique.

On sait que Jérôme Cahuzac n'a jamais porté dans son cœur l'idée d'une taxation à 75 % des plus hauts revenus. L'annonce surprise du candidat Hollande sur le sujet n'avait dû son existence qu'à la nécessité de trouver un marqueur de gauche à un programme bien pâlot.

Pour Cahuzac, il s'agit avant tout d'une "mesure budgétairement marginale" plus qu'une contribution exceptionnelle et symbolique a un effort de redressement national. Connaissant pourtant la compétence du ministre et des services de Bercy, on reste dubitatif devant le mauvais ficelage de la mesure qui a conduit à son annulation. Sans sombrer dans la théorie du complot, on peut légitimement penser que la décision du Conseil Constitutionnel ne sanctionne pas un amateurisme comme on a essayé de le laissé croire mais bien une volonté cachée et recherchée d'annulation d'une mesure qu'on a voulu ramener à l'état d'annonce électorale. C'est-à-dire, sans lendemain.

De fait, la taxation à 75% est morte et bien morte. Elle sera seulement vraisemblablement remplacée par une autre mesure présentant des risques juridiques moins élevés c'est à dire, fiscalement moins pénalisante.

Balayant d'un revers de main les accusations de Mediapart sur l'existence d'un compte en Suisse non déclaré, Cahuzac a estimé que ce n'était que "du vulgaire et de l'accessoire", dans un style que certains observateurs jugent proche de Giscard dans l'affaire des diamants. Prompt à faire la leçon aux exilés fiscaux ce qui ne manque pas de sel, le ministre s'est livré à une leçon de patriotisme n'hésitant pas à faire en faisant appel au souvenir des ses aïeux combattants de la grande guerre. Espérons simplement pour eux que l'arroseur d'aujourd'hui ne soit pas l'arrosé de demain au regard des accusations de Mediapart.

Sur le terrain économique le ministre du Budget a fait la leçon à celui du redressement productif. En affirmant que l'Etat ne procédera pas sous une forme ou une autre à une nationalisation. Une affirmation générale proférée à propos de Pétroplus mais hasardeuse quand même face à la vague attendue de fermetures d'entreprises en 2013. Le socialiste Cahuzac oublie également qu'au pays de l'Oncle Sam Barack Obama n'avait pas hésité lui à nationaliser un temps Général Motors, ce qui a permis, même de façon coûteuse,  à sauver l'entreprise qui aujourd'hui se porte très bien.

Mais, c'est un cran en dessous que le message du ministre a sans doute été le plus désespérant pour des milliers de salariés inquiets sur leur sort. L'argent public ne soit pas servir à reprendre des entreprises non viables a-t-il affirmé froidement. Pourquoi l'argent public devrait-il être investi à perte ? a-t-il ajouté.  Le message est terrible pour toutes les entreprises menacées qui savent désormais qu'elles n'ont rien à attendre de la puissance publique. Dans la bouche de financiers, de tels propos n'auraient pas choqués mais dans ceux d'un membre du gouvernement, ils font froid dans le dos par leur cynisme.

Le Grand Rendez-vous - Jérôme Cahuzac


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