Est-ce une ombre ? un revenant ? Non, c’est Fantômas qui revient d’entre les morts. Plus cruel et déterminé que jamais !!!!
Scénario d’Olivier Bocquet, dessin de Julie Rocheleau Public conseillé : Adulte, adolescent, homme ou femme
Style : Polar/Thriller
Paru chez Dargaud, le 18 janvier 2013
L’histoire
Samedi 28 décembre 1895. Pendant la représentation du spectacle le plus impressionnant ayant jamais existé (le cinématographe), une femme appelle à l’aide. Le sergent de police présent sur les lieux tente de la protéger de ce «démon» qui veut sa mort et celle de son fils. Poursuite, coups de feu, Fantômas signe son premier attentat en public.
16 ans plus tard, le bourreau de la république s’apprête à décoller la tête de l’ennemi public numéro 1. Le peuple s’est rassemblé pour assister à l’exécution du criminel. Tandis que l’inspecteur Juve regrette presque les seize années de traque incessante, un événement spectaculaire vient secouer les esprits. Lors d’une représentation théâtrale mettant en scène la vie de Fantômas, celui-ci surgit d’outre-tombe et massacre acteurs et spectateurs…
Une œuvre « ancienne » et fraiche à la fois
Le thème de Fantômas n’est pas nouveau. Créé il y a plus de 100 ans par Pierre Souvestre et Marcel Allain, c’est une des lectures populaires les plus lues et les plus adaptées. Ce thème a en effet été récupéré par les surréalistes, les intellectuels, les écrivains…
Bien entendu, dans notre culture populaire contemporaine, c’est surtout un personnage de comédie portant un masque bleu et s’échappant en hélicoptère ou en DS volante. Pourtant, précédemment aux films d’André Hunebelle, loin de cette imagerie mièvre, Fantômas terrifiait.
Comme dans les feuilletons à épisodes de Maurice Leblanc, cet antihéros fascinait par son audace et sa modernité. Plus fort que la police, plus fort que la mort, Fantômas délivre un message fort de résistance au pouvoir et appelle à la désobéissance. C’est un terroriste, un anarchiste, qui impose sa loi au mépris des coutumes et des bonnes mœurs (comme d’autres super-héros après lui).
Olivier Bocquet et Julie Rocheleau ont suivi cette piste. Se dégageant complètement des films avec Louis de Funes et Jean Marais, ils sont revenus à la source. Exprimant le sens de ce extrémiste terrifiant et libertaire, ils ont adapté avec beaucoup de respect l’œuvre de Souvestre et Allain.
Chapitre par chapitre (à la manière d’un feuilleton de l’époque), Bocquet et Rocheleau réinventent un Fantômas jouissant d’une énergie folle et destructrice qui dépasse l’imagination et les lois de la nature. Fort, intelligent, cultivé et d’une cruauté sans limite, leur Fantômas est tel que Souvestre et Allain l’ont créé, avec une forme et un ton contemporains.
Un dessin moderne et expressif
Tout d’abord, je dois avouer ma surprise sur cet album. Contre toute attente, j’ai été emballé par ce dessin moderne et surprenant.
La dessinatrice et « story-boarder » canadienne Julie Rocheleau n’en est pas à son coup d’essai. Primée pour son premier album scénariste par Emilie Villeneuve (la fille invisible), elle dessine avec une grande force. Mettant de côté le réalisme, c’est vers l’épure et la stylisation que son instinct l’amène. Le résultat est unique. Dynamiques, expressionnistes, ses planches sont ultra-lisibles et d’un impact graphique exceptionnel. Ses compositions simples et fortes sont rehaussées par un travail sur les couleurs osé et impressionnant. Chaque planche nous plonge un peu plus dans une atmosphère datée et dramatique.
Ce que j’en pense
Voilà une bien belle surprise ! Olivier Bocquet et Julie Rocheleau réinventent Fantômas avec un aplomb très convainquant. Entre le scénario sobre et impactant et le dessin expressionniste, j’ai été captivé par cette énième (mais réussie) adaptation. Ambiance forte, aventure fantastique, respect de l’œuvre et ton moderne, c’est le cocktail épicé qui vous attend à la lecture de ce premier tome.