On le dit provocateur. Si cela signifie qu’il incite, qu’il fait réagir, qu’il étonne, ce qualificatif lui va. Car sa provocation n’est pas vaine. Je me souviens de sa collection d’étiquettes de Vache qui rit, qui, au moment où j’écris cela, me fait penser à Cueco et aux collectionneurs, qui ont en commun avec les conservateurs de musées une curiosité insatiable (au point que Cueco, par exemple, peut parler de « collectionneur de collections »). Anecdotique quand j’avais vu ces étiquettes, cette exposition m’est restée anonyme en mémoire. Quand Wim Delvoye a exposé au Louvre, je n’ai rien vu, n’allant pas souvent au Louvre. C’est plus tard, à l’occasion d’un livre qui m’a été offert, que j’ai découvert son nom. Et me sont venus à l’esprit les tours de François Schuiten, les meccanos d’une boite perdue de mon enfance, les crucifix où le crucifié est mutilé pour être tombé de sa croix, à moins que la croix elle-même ne soit tombée (par un geste trop brusque pendant le ménage, suite à un coup dans le mur, une porte qui claque, un tremblement de terre), les tatouages bien sûr de signes ésotériques et la proximité de l’homme et du cochon… Je ne savais pas, visitant l’exposition Babel à Lille, que j'y retrouverais une flèche gothique de Wim Delvoye, une bétonnière, et que j’y reconnaîtrais alors son nom. Artiste belge, vivant à Gand, m’embarquant dans son Nautilus pour une nouvelle année.
Image: "Le Nautilus" © Studio Wim Delvoye, ADAGP, Paris 2012