Le jour de ses cent ans, Allan Karlsson décide de s’échapper de la maison de retraite en passant par la fenêtre. Alors que tous les notables du coin dont l’adjoint au maire frétillant d’aise à l’idée de mettre à l’honneur cette belle longévité, se réunissent pour fêter l’évènement et que la directrice, une infirmière rogue, met au point les derniers préparatifs, il s’enfuit jusqu’à la gare routière en pantoufles où il souhaite trouver un moyen de transport qui l’emmènera aussi loin que possible de ce traquenard avec le peu d’argent qu’il a sur lui.
Un jeune biker patibulaire pris d’un besoin urgent et rassuré par son apparence inoffensive lui confie de force, une valise, le temps d’aller se soulager. Alors que son bus est sur le point de partir, Allan décide de dérober presque par inadvertance l’imposant bagage avec le secret espoir d’y trouver une paire de chaussures. Mais le contenu se révèle bien plus précieux que de simples hardes et le centenaire fugitif se retrouve à la tête de 50 millions de couronnes en petites coupures. Poursuivi par la bande de malfrats qui tient à récupérer son bien et par la police à la recherche du petit vieux disparu, Allan s’embarque dans une cavale rocambolesque à travers la Suède au cours de laquelle il se fait de nouveaux amis pittoresques. Un magouilleur kleptomane de 70 ans, un vendeur de hot-dogs surdiplômé, une rouquine explosive au verbe fleuri, une éléphante clandestine prénommée Sonja, un molosse inoffensif et autres personnages roublards.
Entre deux épisodes jubilatoires de ce road-book halluciné, l’auteur nous dévoile la riche et palpitante vie d’Allan Karlsson né en 1905 d’un père bolchévique et d’une mère poitrinaire, expert en explosifs dont les talents un peu particuliers le conduisent par des hasards loufoques qui rappellent les péripéties d’un Forrest Gump version suédoise, à croiser tous les grands personnages du XXème siècle, Franco, Truman, Staline, Mao, De Gaulle…
Jonas Jonasson dont c’est le premier roman nous livre un conte moderne dont l’humour irrévérencieux et l’inventivité malicieuse n’est pas sans rappeler les cocasseries de l’anglais Tom Sharpe ou les finauderies bonhommes du finlandais Arto Paasilinna. Avec fantaisie, il réécrit l’Histoire au gré des aventures picaresques de son héros malgré lui, multipliant les trouvailles espiègles, les clins d’œil astucieux avec un sens du récit achevé. On ne demande qu’ày croire. L’optimisme farouche de ce texte jubilatoire truffé de rebondissements improbables, de coups de théâtre farfelus, nous emporte dans un grand éclat de rire entre crimes en série désopilants et pérégrinations déjantées. Un pur plaisir à conseiller aux lecteurs de tout âge.
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire - Jonas Jonasson - Edition de poche Pocket