C’est la deuxième enquête de Nicolas Le Floch que je découvre et, comme la première fois, je suis bluffée par l’habileté avec laquelle on nous plonge dans le Paris du XVIIIème siècle, à la différence que celui-ci a été découvert en version audio et cela provoque quelques effets secondaires. La description des lieux est vivante, vibrante. On entre volontiers dans les bas-fonds d’un peuple déjà en colère qui attend beaucoup de la police et de ses dirigeants. J’ai aimé voir ce Nicolas, commissaire et marquis de Ranreuil, descendre dans une cave pour constater que les cadavres du cimetières voisins, trop nombreux, ont fait céder la cloison et se déversent dans le sous-sol. Le langage, soigné jusqu’à paraître précieux, s’attache justement à nous plonger à l’époque classique, et à faire jouer le contraste avec les accents parfois vulgaires de la populace. L’auteur pousse le raffinement jusqu’à mettre en scène de nombreuses recettes de cuisine qui mettent l’eau à la bouche rien qu’à les écouter puisque les cuisiniers décrivent avec une grande fierté les étapes de leur préparation: on a l’impression de vivre la préparation en direct, suspendu aux lèvres du chef. L’intrigue, quant à elle, oscille astucieusement entre drame familial et menace politique, qui nous permet de passer de ce petit Paris des faits divers aux ficelles d’un Versailles aussi raffiné qu’il est corrompu. Les retournements de situation à ce sujet sont nombreux, puisqu’au moment où Nicolas découvre un secret bien gardé par le neveu, la belle-mère ou le domestique du défunt, il est appelé par Necker, Sartine ou le roi lui-même pour lui enjoindre de lui révéler ce qu’il sait sur l’affaire. Le tout est donc habilement démêlé sur fond d’esprit des Lumières déjà bien présent qui suscite de nombreux débats. Seul bémol: ces nombreux sujets et ce raffinement verbal provoquent des digressions et des longueurs un peu trop fréquentes, que peinent à compenser les efforts du lecteur. Car il faut saluer la performance de François d’Aubigny, qui se lâche volontiers dans les dialogues, qui change de ton pour les personnages et rend certaines scènes particulièrement joyeuses. Comme d’habitude avec Audiolib, la mise en scène, avec musique entre les chapitres, est particulièrement soignée!
La note de Mélu:
Un livre audio de qualité malgré un ton un peu “doctoral” dû plus à l’auteur qu’au lecteur.
Un mot sur le lecteur: François d’Aubigny est un acteur français qui s’est plusieurs fois prêté au jeu des livres audio.
Un mot sur l’auteur: Jean-François Parot (né en 1946) est un diplomate et auteur français. D’autres de ses livres sur Ma Bouquinerie:
Un immense merci à Chloé des éditions