Deux parties distinctes. Premier lieu : Avignon. Loin de Gaza, futilité et perversité sont de mise. Lorsque l'héroïne et son demi-frère perdent leur père, loin d'orchestrer un deuil éploré et empathique, Gitai dresse au contraire une peinture cynique et désabusée de ce que peut représenter la perte d'un être cher lorsqu'on ne se sent plus vraiment concerné. Un univers de procédures, de courbettes hypocrites et d'insupportables attentes. La distance est au cœur de Désengagement, le metteur en scène montrant également à quel point les jugements sur l'actualité peuvent être biaisés lorsqu'on les observe à des milliers de kilomètres.
Seconde partie, direction Gaza. Là, Gitai s'érige de façon assez fine contre l'absurdité totale du drame qui s'y trame. En résumé, le conflit israélo-palestinien ne serait qu'une querelle de voisinage disproportionnée, les deux parties se disputant quelques hectares de terre. Ce constat terrible est d'autant plus fort que Désengagement en montre les conséquences sur toutes les catégories de la population (des vrais croyants aux garants de l'éducation). Utilisant comme jamais les longs plans-séquences qui caractérisent chacun de ses films, et dirigeant une Binoche proprement bouleversante car lavée de tout cynisme, Gitai offre un témoignage précieux doublé d'un drame poignant. On lui pardonnera volontiers les quelques fioritures et scènes hors de propos qui jalonnent le tout début de ce film extrêmement recommandable.
8/10
(également publié sur Écran Large)