Le 13 janvier : enterrement du modèle écclesial français

Publié le 06 janvier 2013 par Tchekfou @Vivien_hoch

Évidemment, le 13 janvier, on va défendre la conception du mariage naturel. Évidemment, on va défendre la signification implicite de cette défense, celle d’une hiérarchie des valeurs des sexualités. Évidemment, puisque nos évêques ne l’ont à peu près pas fait organiser, il va falloir jeûner et prier en plus de défiler, écrire et râler. Évidemment, la loi devant être très vraisemblablement votée dans la foulée, il va falloir que la Conférence des Évêques et que Rome trouve un modus vivendi sur le mariage religieux contre l’union civile…

Mais cette défense va très certainement sonner le glas de la valeur civile de l’Église de France, dans sa lente agonie depuis l’acceptation républicaine de 1892. Nous projetant à vue humaine sur le long terme, celui qui structure notre société plus sûrement qu’un nième projet pastoral que des gens bien montent entre eux, nous ne pouvons que constater l’échec de la mission sur le modèle actuel, et ce, quels que soient les enthousiasmes des communautés dites nouvelles, à quelques exceptions près en pleine crise ou en soins intensifs…

Il faut avouer que le sens du mariage chrétien et catholique n’est pas très abordé dans les catéchèses de lycées et post-bac. Son vague revernissage dans un week-end creux de « préparation », ne contribue pas non plus à redorer un blason terne. L’effondrement du mariage religieux (cf plus bas) aurait du être le signe alarmant de l’échec de la parole ecclésiale à la française, et il n’y a aucune raison que cette parole n’étant pas entendu dans la masse pour ce qui la concerne, elle ne le soit pas non plus pour ce « changement radical de société » que signifie la dénaturation du mariage.

Le baptême et la confirmation subissent le même sort que le mariage (cf plus bas), signifiant par là que nous ne sommes pas dans une crise de l’institution du mariage -civil et religieux-, mais bien dans une crise profonde de la mission de l’Eglise en France. Le sens même du monde et du réel tel que révélé par Le Fils de Dieu lui-même n’est pas clamé haut et fort dans les écoles. Le « caté » se contente de niaiseries pour convaincus -outre les réunions et des temps forts-. La liturgie verniculaire et électrifiée -micro, ampoules, minuteurs et claviers- perd son enracinement naturel et son mystère transcendant. Les « experts en agencement liturgiques » des diocèses refondent les églises comme des cadres de chez IKEA (pas besoin d’être expert en fen-shui pour comprendre que tourner le dos aux tabernacles porte un sens plus profond que le « faire face au peuple »). Et l’adoration eucharistique se trouve être un truc pour bigotes, tout juste toléré (diocèse de St-Brieuc). Et les chiffres, ces putains de chiffres froids comme un bilan comptable mais vrais comme les lois physiques, prouvent combien nous sommes en échec. (*)

Alors, direz-vous, le nombre ne fait rien. Certes. Mais la décroissance oui. Et notre espérance reste là-haut. Mais redevable aussi de l’espérance de mes frères, animé d’un certain sentiment de la responsabilité collective, j’avoue parfois mal dormir en pensant au désespoir de mes frères ignorants le Christ. Le désert où je peux leur parler au coeur n’apparaissant parfois qu’au terme d’un long chemin où je dois sans cesse être là et parler, les étonnants silences de l’Eglise de France ne cessent de m’étonner…

Il va donc falloir, quels que soient les résultats des manifs et pétitions (sans compter les nuits de prières et de jeûne organisées par les diocèses partout en France, gros lol !), nos évêques arrivent aussi au réel, ce réel des faits et de la nature qu’ils reprochent à notre gouvernement de ne pas respecter…

(*) Et j’avoue parler avec la liberté de celui qui, élevé dans la ligne « Vatican II », amateur de grégorien sauce Paul VI et de rite zaïrois, trouve l’unité de son quotidien de France dans la forme extraordinaire du rite romain, et un caté basé sur celui de l’Eglise Catholique, constatant combien les jeunes peuvent boire ce nectar…

Sources : Conférence des Evêques de France : statistiques 2011

Baptêmes : Nombre total

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

472 130 462 779 449 571 432 701 424 761 424 829 421 295 415 873 394 910 394 910 400 327

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008  2009

391 665 385 460 372 231 354 856 349 075 344 852 330 525  334664  216 286 (*)

Source : Annuaire statistique de l’Eglise jusqu’en 2003, puis Conférence des évêques de France.
(*) sic : on supposera 316 286 ?

Confirmations

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

91 281 95 477 89 528 84 283 85 722 85 649 80 245 76 912 77 359 66 778 62 003

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008  2009

55 916 58 044 52 663 49 527 49 516 51 595 44 257  47 064  45 0037

Source : Annuaire statistique de l’Eglise jusqu’en 2003, puis Conférence des évêques de France.

Mariages : Nombre total de mariages catholiques

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

147 146 146 270 137 567 132 129 126 919 125 847 124 362 124 425 120 262 121 513 122 580

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008  2009

118 087 110 409 102 024 95 034 97 432 89 014 83 509  88564  77664

Source : Annuaire statistique de l’Eglise jusqu’en 2003, puis Conférence des évêques de France.