On approche de la fin du Top 50 de nos albums préférés de l'année. Non, pas les meilleurs, mais les plus écoutés, chéris. Beaucoup de jeunes groupes arrivent classés quand des artistes plus établis déçoivent ou semblent tourner en rond. Beaucoup de douceur aussi. Tout cela reste à forte dominante pop bien sûr. Non, on ne se refait toujours pas.
Bonne écoute,
KidB
- Attack on Memory
La formule est basique, mais d'une efficacité redoutable. Le rock rentre dedans de Cloud Nothings est chanté avec une telle verve et joué avec une telle ferveur qu'il dévaste tout sur son passage. Ici, tout semble inspiré, mélodique, sincère, avec l'aide de la production resserrée de Steve Albini. Une boule nerveuse sans futur ni passé qui prend à la gorge. Entendre Dylan Baldi s'époumoner : "I Tought I Would Be More Than This" (à peu près "Je pense que j'aurais fait mieux que ça") sur le génial "Wasted Days" suffit à nous refiler quelques frissons. Joué comme ça, il n'y a pas de doute, le rock est bien en vie.
- Shields
Crée au début des années 2000 comme le projet solo d'Ed Droste, Grizzly Bear s'est imposé au fil de la dernière décennie comme un des groupes américains les plus passionnants du moment. Surtout, le quatuor n'a eu de cesse d'élargir son univers musical d'une folk électronique dense à une pop enlevée se jouant de structures mélodiques complexes. L'idée maîtresse du groupe a été de mettre en place des instrumentations riches sans que celles-ci n'occupent toute la bande sonore. Chez Grizzly Bear, ce sont d'abord les voix qui prennent les devants, aériennes, sensuelles, sinueuses. Elles nous guident sans ciller vers de délicieux sommets.
- Other people's Problems
Arrangements de cordes, gimmicks électroniques, énergie rock... Les Anglais de Breton proposent sur leur premier album Other People's Problems un panorama saisissant de l'indie pop contemporaine. Ils passent ainsi d'une atmosphère mélancolique à un morceau dansant avec naturel et maturité. Bref, ces enfants rock du Mike Skinner de The Streets ont du talent à revendre. Et un univers cinématographique d'une richesse proprement jubilatoire.
- In Our Heads
Si une chanson nous a totalement obsédée cette année, c'est bien Flutes de Hot Chip, son chant traînant et mélancolique, ses rythmiques entraînantes. Car si la musique des Britanniques est généralement rangée du côté de l'électronique, c'est en se tenant à une distance respectable du dancefloor. Et tant mieux, tant le groupe a une capacité à surprendre, émouvoir, envoûter sans jamais céder à aucune facilité. In Our Heads se fait une place de choix dans nos têtes. Aucune raison de l'y déloger.
- Centipede Hz
Les détracteurs de Centipede Hz, le tout nouvel album d'Animal Collective, ont comparé le disque à une empilement sans fin de fenêtres ouvertes sur YouTube. Pourtant, le maelstrom sonore des Américains n'a rien d'indigeste. L'accumulation de couches donne au contraire une énergie folle à cette pop psychédélique où s'entrechoquent les voix et les rythmiques jusqu'à la transe. Moins fluide que son prédécesseur, Merriweather Post Pavilion, Centipede HZ reste une montagne russe dans laquelle on aime à être secoué avec plaisir.