Je lis les blogs, qui curieusement ne sont pas si faciles à trouver. Il ne sont pas toujours bien identifiés par les moteurs de recherche, leur niveau est inégal, peut-être devrais-je davantage parcourir paperblog, à qui l’on reproche de se contenter d’aspirer des contenus, mais qui présente l’avantage d’un classement accessible, à condition de faire l’effort d’aller directement à la source.
Je vois de plus en plus surgir des interrogations sur le droit d’auteur, envahissant et excessif.
Il y a un paradoxe entre une production spontanée et gratuite de la part d’une foultitude de blogueurs, de participants à wikipedia, et un droit d’auteur qui s’applique à tout et n’importe quoi, même à des choses pour qui l’application de ce droit frise le ridicule. Une culture ne peut partir de rien, elle est forcément référentielle, et s’appuie sur des œuvres du passé. Si l’on étend le champ du commerce à toutes ces choses immatérielles qui constituent notre vie, il ne sera plus possible d’écrire une phrase. Va-t-on demain déposer des droits d’auteur sur chaque note de la gamme, sur chaque lettre de l’alphabet ? C’est quand même un peu la tendance.
Les blogueurs sont extrêmement méprisés, comme des peintres du dimanche, où des gens dont on s’étonne de les voir apparaitre dans le champ intellectuel de l’écriture, champ bien mieux clôturé autrefois.
Tilly est sanctionné pour avoir inclus des images pourtant accessibles partout sur internet. C’est comme si l’on taxait l’air que l’on respire. Le net est universel, les mots, les textes, les images passent d’une adresse à l’autre, sont reliées entre, se parlent comme les livres chez Umberto Eco, et cela fait penser à ces taxations internes chez France-telecom, où chacun était le centre de profit et de coût d’un autre, rendant la gestion inextricable.
Le droit d’auteur est le bâton du pouvoir dans notre société, il s’avance masqué sous la forme d’une défense de la création, mais tout comme le brevetage du vivant, il y a une part d’accaparement, de blocage des échanges nocif à la vie intellectuelle. L’occident ne fabriquera bientôt plus que de l’immatériel, ou plutôt mettra son tampon sur des choses qui appartiennent à tout le monde, un peu comme le premier propriétaire selon JJ Rousseau (cela est à moi). Il « est créateur de valeur » en inventant les marques, qu’il charge des coûts imputés de la publicité. La valeur de la marque, c’est celle de son budget publicitaire, ce qui permet de se passer du beaucoup trop lent bouche à oreilles. L’immatériel, e brevetage, le droit d’auteur est devenu notre spécialisation à un point tel, que le gouvernement américain a imposé HADOPI.
Le système commercial n’est possible qu’avec une « liberté du commerce », mais encadrée par un organisme international (OMC), et à laquelle certains se dérobent, et une protection orwellienne du droit d’auteur.
On le constate, malgré les efforts, le domaine du disque une fois dématérialisé, n’a pu tenir le rythme qui était le sien dans les années 90. Seul le livre résiste, parce qu’il reste matériel pour les vrais lecteurs qui ne passent pas à la tablette, et encore cette dernière est-elle acquise pour charger des livres volumineux tombés dans le domaine public, et disponibles pour des sommes faibles. Le livre électronique est aussi cher que le vrai, et l’on ne peut se contenter du seul lecteur de ses yeux, pour un usage moins agréable.
Une part de la distribution ne pouvait vivre qu’avec des biens culturels matériels : la FNAC, Virgin, n’ont pu franchir la révolution du numérique, qui a entrainé une large disponibilité de tous ces biens video et audio. Elle a pu se rattraper par contre sur la vente d’autres biens liés, apn, jeux, ordinateurs, tablettes. Les tuyaux ont encore un avenir, moins le contenu. On veut bien payer pour le support matériel, pas pour l’immatériel, ce qui est l’inverse de ce qui avait été envisagé. On voulait bien donner les tuyaux à condition que les clients achètent des contenus. Internet a haut débit s’est développé en France grâce à l’intérêt du téléchargement, mais il n’a pas été possible de monétiser ensuite ce téléchargement. Pour la première fois, on a assisté en quelque sorte à une désextension du domaine du commerce.
Cette désextension est aussi une soupape de sécurité pour ne pas fournir aux jeunes générations un élément de révolte. On constate, en regardant autour de soi, que le téléchargement, le partage de fichiers constitue le passe-temps d’une bonne partie de la jeunesse. Lui retirer cette occupation est peut-être le seul moyen aujourd’hui, de la mobiliser.
Sur le téléchargement, la demande des entreprises est très forte, on s’en rend compte à la lecture des peines encourues, mêlant prison et amende faramineuse, plus sanctionnable que bien des crimes.
Le droit d’auteur est le bâton du système, un pur rapport de force.