Cette semaine, retour à des choses plus sérieuses. Pierre Antoine Baudoin (1723-1769) est un peintre français, gendre et élève de Boucher. Voici La Lecture:
Un cabinet dix-huitième avec tout ce qu’il faut. Une jeune fille est affalée dans un fauteuil. Près d’elle, une table couverte de livres, feuilles et un globe terrestre: nous sommes visiblement dans la chambre d’une personne instruite, amatrice des sciences et des arts et qui en étale toute la panoplie. De l’autre côté, un instrument de musique et la niche d’un petit chien: nous voici dans l’intimité de cette personne, dans son environnement privé. Derrière elle, un paravent fleuri, des tableaux de petite taille qui ornent le mur, et un grand rideau bleu. Au départ, je pensais que ce rideau dissimulait la fenêtre, mais en fait, plus je regarde sa forme, plus je me dis qu’il s’agit peut-être d’un lit. Quoi qu’il en soit, cette forme bleue immense est soigneusement accompagnée par la lumière qui forme une diagonale éclairant le corps abandonné de la jeune fille et se terminant sur sa main qui visiblement, vient de laisser tomber un livre. Cette diagonale en dégradé bleu sur le fond marron du tableau met en évidence le corps de la lectrice qui est placé suivant l’autre diagonale: le regard dans le vide, les jambes molles, la main relâchée, tout laisse à penser que cette jeune fille est sous l’effet d’une lecture particulièrement intense qu’elle vient de mettre en pause, au point d’en adopter une posture qui oublie toutes les conventions de la bonne tenue. L’abandon dans lequel elle se trouve, face à la lumière, a quelque chose d’une extase religieuse, voire d’une extase tout court… Bon, je m’enflamme, mais avouez tout de même que vous reconnaissez cet état dans lequel vous laisse une lecture qui vous a embarqué jusqu’aux tripes!
Qu’en pensez-vous?