La conception du blog m'empêchant de vous offrir cet article d'un bloc, j'ai donc du le découper et vous ai présenté dans une précédente partie l'origine de la série.
Maintenant, la suite...
Les Aventuriers des
arc-stories
Comme sur les long-métrages (réalisés par son ami Steven Spielberg), George Lucas, qui préfère rester producteur exécutif et consultant historique de la
série, se tourne vers Robert Watts (son partenaire sur les trois films) pour produire ce projet, mais l’homme préférant poursuivre ses propres projets (le drame survival
cannibale « LES SURVIVANTS » de Frank Marshall, ami de Steven Spielberg qui lui a rendu hommage dans la saga « INDIANA JONES », justement, et « TERRAIN MINE » de et
avec Steven Seagle) lui présente le producteur londonien Rick McCallum, avec qui il avait travaillé pour la télévision et le cinéma (dont une
histoire de retour le lendemain de mercredi) depuis et récompensé de plusieurs prix pour ceux-ci : « Dreamchild » avec Ian Holm en 1985, « The Singing Detective » avec
Michael Gambon en 1986, « Blackeyes » avec Michael Cough en 1989 et une douzaine de films britanniques depuis.
Après plusieurs entretiens, McCallum, séduit par le projet depuis sa première rencontre avec Lucas en mars 1990, accepte le contrat et
commence à travailler sur la série immédiatement, recherchant de suite les personnes qui pourraient donner vie à cette jeunesse tumultueuse d’Indiana Jones, considérant qu’ils ne devraient pas se
contenter et se baser sur un rédacteur et administrateur uniquement pour toute la série.
De Mars à Juillet, Rick McCallum va dont rencontrer les futurs scénaristes du show (parmi 60 et 70 scénaristes américains ou anglais approchés), et de Juillet à Septembre, ces
administrateurs (œuvrant presque tous en Angleterre).
Ses scénaristes triés sur le volet, il ne restait plus au producteur londonien qu’à leur organiser quelques réunions avec le grand manitou : George Lucas s'installe avec eux, en Septembre 1990, dans sa propriété du ranch Skywalker pour le mois entier.
Un mois durant lequel ces scénaristes de renom (venus d'horizons différents et aux compétences variés, allant pouvoir selon leur préférence proposer des épisodes tendant vers la romance, d'autres
mesures aimé, et d'autres encore aimé ces sujets graves que les horreurs de la guerre, ou les différences dans les religions du monde, etc) ont vécu en
communauté, travaillant douze heures par jour (jusqu'à 19h30 en moyenne) à brosser chaque jour la trame principale d’un épisode, le retravaillant le lendemain matin.
Bien que n’ayant jamais travaillé pour la plupart au sein d’un staff de rédaction, mais ayant apprécié l'expérience, aux dires de Matthew
Jacobs (scénariste, entre autres, de « Vienne, novembre
1908 »
ou la rencontre d’un enfant avec Freud, Jung et Adler, qui expérimentait cela pour la première fois et y puisait une « source d'inspiration» qu’il espère alors renouveler sur ces
collaborations à venir : « Les Nouvelles Aventures de… Lassie » et le téléfilm d’un certain « Doctor Who », ponctuant la première série -trouvant « honteux que les
scénaristes ne puissent pas, d’habitude, parler davantage entre eux et être en mesure d'échanger des idées – ces « Aventures du Jeune Indiana Jones » allant encore une fois
révolutionner l’univers professionnel des séries TV, n’est-ce pas ?), les scénaristes élus réussiront à rédiger quinze premiers épisodes
sur ces trente jours.
Chaque membre de l’équipe se voyant assigné, à la fin de ce mois de
brainstorming de
septembre,
un délai de deux mois d'écriture par épisode
et leurs grandes lignes, selon ses choix favoris dans une liste personnelle.
Se retrouvant à la fin du quatrième mois pour passer trois semaines dans une chambre à nouveau ensemble et chaque personne a dû défendre son scénario face aux autres, lors de
séances de lectures communes. L'épisode étant ensuite réécrit à nouveau afin de s'approcher au mieux de ce que George Lucas
voulait.
Rick McCallum partant déjà sur le terrain en quête des lieux de tournages (et des autorisations nécessaires) selon ce qu’il savait des
épisodes, et comme il l’avait demandé. En effet, le coproducteur avait exigé, dés le lancement de cette réunion d’écriture, que ces scripts soient terminés avant le lancement de la préproduction,
de façon à lui épargner la folie habituelle de perdre du temps dans d’inévitables phases de réécritures jusqu'à la dernière minute (qui alourdiraient les coûts énormes de production parce que tel
ou tel décor, acteur ou accessoire ne serait plus disponibles, du retard s’étant accumulé).
George Lucas, lui de son coté, avait développé assez de matière (lieux, dates et
personnages historiques) sur les jeunes années d'Indiana Jones, pour 70 histoires…
Parmi ces élus, Rosemary Ann Sisson, romancière britannique excellant dans la dramaturgie et qui avait déjà écrit pour la télévision de nombreux épisodes de « Maitres et
Valets » au milieu des seventies ou le feuilleton « L’Amour en
Héritage » (et je vous passerai la chanson de Nana Mouskouri) qu’elle venait de terminer,
optera pour deux histoires très différentes : « Londres, mai 1916 » (1X03) et « Pékin, mars 1910 » (2X17).
Si son second récit nécessite des recherches approfondies sur la culture chinoise, son premier travail concernait une période historique qui lui était bien plus familière, puisque celle de la
série britannique « Maîtres et Valets » sur laquelle elle travailla, et abordant là « une déclaration selon laquelle une femme peut avoir une carrière (…) à une époque où
l'objectif principal d'une femme était de se marier et avoir des enfants. Si elle ne pouvait pas se marier et avoir des enfants, comme beaucoup les femmes après la Grande Guerre ne pouvait pas
parce que leurs fiancés ont été tués, puis d'une manière qu'elle a été un échec. »
Sisson explorant en filigrane dans cet épisode le concept séculaire de la synchronisation dans l'amour (tomber amoureux au bon moment ou louper le coche… à tout jamais) :
« Je pense que le charme de l'épisode, c'est que même si Indy est l'homme qu'il faut, au bon moment, c’est autre chose qui va se produire… allant se retrouver simplement au mauvais
moment et au mauvais endroit » sans chercher à spoiler cet épisode (qui me rappelait, un peu, dans sa dernière scène le second épisode la seconde saison « Le Dernier
Rendez-Vous » de « Highlander »).
Le scénariste britannique (qui avait écrit quelques longs métrages et de nombreux téléfilms), Matthew Jacobs se lance dans cette « Aventure » en choisissant les épisodes
« Afrique orientale anglaise, septembre 1909 » (1X04)
et
« Vienne, novembre 1908 » (2X11).
Désireux d’écrire à travers l’épisode kenyan « une forte aventure écologique » avec pour personnage historique, la figure du grand Teddy Roosevelt (26ème Président américain
retraité, qui a invité les Jones à un safari pour recueillir des spécimens pour
le Smithsonian Institut, au musée duquel finiront dans notre monde réel le chapeau et veste en cuir de l’aventurier, ceci dit en passant),
qui n’éclipsera pourtant pas la relation entre Indy et ce garçon Massaï –sujet qu’il savait maitriser et qualifiait de « remarquable ». Cherchant à montrer à travers cet épisode combien
lorsque le jeune Indy a commencé à voyager, il essaie d'apprendre la langue locale, espérant à travers cette histoire de communication entre deux garçons de cultures totalement
différentes (auxquels le jeune public devrait s’identifier) donner l’envie pédagogique d’apprendre des langues étrangères –sans arriver pour autant à en maîtriser une douzaine de
langues, comme notre héros qui essaie, à chaque voyage, d'en apprendre une autre, car il ne pense pas que le monde entier devrait forcément parler
anglais ou « Amurrican », selon son collègue Frank Darabont.
Gavin Scott, journaliste à la BBC Radio (depuis 1975) devenant scénariste à plein temps en ce début des nineties (avec cette première expérience), avait vécu, lui, dans ses
années précédant cette vie rangée et londonienne une vie aventureuse et philanthropique, en faisant peut-être le mieux placé pour rédiger la vie sérielle du jeune Indiana Jones, dont il imaginera
les aventures d’espion, allant se payer un caméo d’espion teuton dans le quatrième épisode de la seconde saison « Barcelone, mai 1917 » coréalisé par Terry Jones des Monty
Python.
Né à Hull dans le Yorkshire en 1950, il a grandi en Nouvelle-Zélande à partir de 1961 avant de devenir professeur bénévole dans les jungles de Bornéo auprès des enfants des chasseurs de tête, à
17 ans à peine, et de rentrer étudier l'Histoire et les sciences politiques à l'Université Victoria de Wellington et le journalisme à l'École polytechnique de Wellington. Rentré en
Grande-Bretagne, après avoir traversé l'Asie à pieds en 1973, il travaillera d’abord dans le domaine caritatif (au sein d’un organisme de logement pour tous) avant de rejoindre la rédaction du supplément éducatif du « Times » puis le « Times » lui-même.
Quand, avocat d’un Wall Street de yuppies iniques des eighties (comme les a décrit Oliver Stone dans son film homonyme et dont il dresse un portrait parodique
au début de l’épisode « Verdun, septembre
1916 »,
loner de la courte première saison de sept épisodes de 1992), Jonathan Hensleigh aura bien fait de démissionner –de dégoût de ce qu’il était devenu- un an et demi avant,
pour venir s’installer à Hollywood et devenir scénariste chez Disney (signant pour trois films) avant de leur faire faux bond et préférer la team Lucas.
Celui qui deviendra scénariste de « DIE HARD 3 » avant de
réaliser une nouvelle version de la vengeance du « PUNISHER » (avec Thomas Jane opposé à John Travolta) a défendu son choix d’écrire « Bénarès, janvier 1910 »
(2X18) en expliquant sa valeur éducative sur les religions du monde : « Bénarès est la ville la plus sainte de l'Inde, et toutes les religions y sont
présentes(…) il y a une immense mosquée islamique, un temple bouddhiste, une église épiscopale américaine et toutes
sortes de temples hindous ».
Se doutant de la controverse que devrait faire naître cet épisode, à l’époque, en osant montrer un sujet en rapport avec la religion à la télévision américaine, le débutant aura eu raison… de
défendre son idée, puisqu’en plus des aventures de John McLane et Frank Castle, Hensleigh va écrire (ou réaliser) la quasi-sequel found footage « WELCOME TO THE JUNGLE » et le biopic
« IRISH GANGSTER », entre autres par la suite.
George Lucas n’hésitant pas à offrir à sa Princesse Leïa (Carrie Fisher, forte du succès de ses demi postales biographiques from the Edge -adapté en film
avec Meryl Streep et Shirley McClain) une reconversion scénaristique, la chargeant de ce 19ème épisode de la seconde saison « Paris, octobre 1916 » (durant lequel
revenu du front, notre jeune séducteur va se retrouver tiraillé entre ses sentiments pour Mata Hari et la jeune londonienne Vicky, rencontrée quelques mois plus tôt).
Considérant ce groupe comme « un groupe incroyable de talent » aux points de vue différents , avec ses forces et ses faiblesses, mais
réussissant à se compléter mutuellement (Rosemary ne pouvant écrire que mieux que lui, par exemple, une romance fleur bleue alors qu’elle ne saurait maitrise une scène de bataille
sacrément bonne, contrairement à lui), le scénariste Frank Darabont bien qu’absent aux séances du ranch Skywalker (occupé à Los Angeles à réécrire le film « THE ROCKETEER » -sur
lequel il ne sera pas crédité officiellement, c’est un combe !), s’en sortit très bien avec les épisodes qui lui restaient.
Chanceux (mais aussi talentueux), le premier épisode sur lequel il se pencha (« Afrique orientale allemande, décembre 1916 »)
était censé être initialement un épisode loner, mais devant la quantité de matériel fourni et les recherches conséquentes accumulées, il put en faire un double épisode
vaste et riche (qui conclura cette trop courte première saison)
: débutant en Décembre 1916 dans l'Est africain allemand, alors que La Belgique et les forces britanniques tentent de forcer ceux-ci à fuir leur colonie, Indy et un groupe de camarades se
voient confier la mission de traverser à pied l'Afrique pour récupérer et ramener une cargaison d'armes (ce qui, en 1916, était loin d’être facile, par l’absence d’hélicoptères ou un appui
logistique moins conséquent qu’aujourd’hui). Darabont abordant, à travers cette rencontre évidente avec le Dr. Albert Schweitzer,
le danger des maladies, qui à l’époque faisaient surement plus de morts que les blessés au combat.
Rappelant que la série allait compter « certains épisodes graves [et] beaucoup de choses intéressantes. Une des raisons pour lesquelles George Lucas a décidé d'inventer ce
spectacle. Véritablement mordu d’Histoire, George est troublé par le fait que cette matière n'est pas très bien enseignée dans ce pays. Nous avons tendance à oublier ce qui s'est passé. Tous les
scénaristes participant au show montrent le même sentiment, et c’est probablement pourquoi nous sommes là, nous sommes tous des passionnés d'Histoire. Redonner vie au passé d'une manière très
fraîche et intéressante ».
Et en ce qui concerne le personnage en lui-même, ce scénariste très prolixe n’hésitera pas à qualifier ce jeune Indy de véritable garçon américain : « un enfant brillant, un
peu maladroit, un peu précoce, mais intéressé par les choses avec certainement quelque malice en lui ».
Relevant le défi d’écrire un personnage que des millions de spectateurs connaissent à travers le monde et dont ils savent qu’il finira par vivre une relation tendue avec son père, Darabont va
adorer écrire cette prequel télévisée (qui permettra de découvrir combien ce jeune Indy aura aimé sa mère, tout juste évoquée dans les films), qui reste également pour lui un récit sur
son apprentissage constant des choses.
Enfant très intelligent et vif d’esprit, le petit Indy n’a pourtant pas très envie de s'asseoir à une table avec cette préceptrice (la très
distinguée et so british Miss Helen Seymour) et d’apprendre dans les livres, le répétera Frank Darabont : l’aventure en elle-même
faisant partie de l’apprentissage et de l’expérience. Lire des livres, alors qu’on a neuf ans et voyage à travers des endroits fascinants (la Chine, la Russie et tant d’autres) ne donne vraiment
pas envie à cet enfant plein de curiosité de rester en place, qui préfère sortir découvrir les choses –même s’il n’y aura pas de doute que ce futur Professeur d’Archéologie de la salle 101 du
fictif Marshall College du Connecticut a du faire également son apprentissage universitaire dans les livres.
Projection également sur le petit écran de son géniteur, selon Frank Darabont : « ma théorie est que ce jeune Indy est certainement le jeune George Lucas, et (…) je pense que ces deux
jeunes Indy vont visiter toutes les personnes et les lieux que George a lui-même visités à travers les livres quand il était gamin », il ne restait plus qu’à trouver qui lui donnerait
vie en 45 minutes sur les premiers écrans plasma...
Indiana Jones, ou le casting maudit ?
La pré-production officiellement lancée en janvier 1991 pour adapter les aventures de son héros et notre
archéologue préféré (et oui, Lara Croft n’imaginait même pas encore devoir exploser son budget décolleté pigeonnant à chaque nouvel opus, et Nathan Drake ne devait même pas savoir lire tout
simplement),
George Lucas se tourne, donc, tout naturellement vers Harrison Ford et River Phoenix (qui ont, respectivement, incarné un Indiana Jones
quarantenaire et à l’âge de treize ans) pour reprendre le rôle.
Devant le refus de River Phoenix de reprendre les chaussettes, shorts et
foulards du jeune scout Indiana Jones (le jeune acteur ayant déjà mangé du feuilleton dans sa jeune carrière préférant orienter celle-ci vers le cinéma et tourner en 1992 « LES
EXPERTS » de Phil
Alden Robinsonavec Robert Redford et Sidney Poitier avant de mourir d’une
overdose deux ans plus tard) et celui de la star Harrison Ford de se maquiller en un vieil Indiana Jones qui se remémore ses jeunes aventures (ne
voyant pas en quoi un rôle dans une série télévisée aurait quelque chose à offrir à sa carrière), les responsables du casting de la série (l’actrice Jane Jenkins collaborant à différents postes
de castings avec Janet Hirshenson depuis « COTTON CLUB » et « L’AUBE ROUGE » originale en 1984 et sur de nombreux James Bond, films de Ron Howard et productions Lucas et
encore aujourd’hui) contactent alors de nombreux agents qui pourraient avoir parmi leurs protégés quelqu'un qui pourrait correspondait aux nouvelles descriptions d’Indiana Jones et son
entourage.
Une rumeur commençant à circuler à Hollywood selon laquelle Jason Connery, fils de Sean (éternel père d’Indiana Jones, Henry Sr. de « LA DERNIERE CROISADE »), aurait le
rôle du jeune Indy…
Mais cesera finalement un jeune inconnu
de 27 ans (censé incarner un adolescent entre 17 et 21 ans –comme les acteurs et héros de nombreuses séries américaines : « Beverly Hills », « Bouffie », etc),
le blond Sean Patrick qui deviendra le nouveau visage au menton balafré du jeune Indiana Jones.
Né en Louisiane, il a grandi au Texas, où –comme pour d’autres jeunes premiers- le jeune sportif et rockeur choisit les cours de
théâtre pour les beaux yeux d’une fille du Collège et se retrouve à vivre une vie de bohème dans la Mecque du cinéma à Los Angeles. Alternant, encore une fois dans un cliché professionnel et
comme beaucoup de ses pairs et concurrents, les jobs de serveurs et présentoir publicitaire, celui qui avait découvert, enfant, le personnage dans « LES
AVENTURIERS… » (« Je devais avoir dix ans, c’était le plus excitant film que j'ai jamais vu dans ma vie. La scène où la grosse boule sur le poursuit de ce tunnel est resté
gravé en moi… et il est toujours avec moi. Le film devenant le sujet de toute discussion à l’école : "Avez-vous vu Les Aventuriers de l'Arche Perdue encore? ») n’imaginait pas alors
devenir un jour Indy !
Contacté par son agent pour auditionner le rôle en Janvier 1991, il devra revenir plusieurs fois se présenter et passer d’autres auditions avant de rencontrer George Lucas en
personne ! Excité par cette rencontre, il lui faudra attendre trois mois pour qu’on l’informe qu’il a été retenu par les patrons
du network ABC
parmi les centaines de jeunes acteurs.
« J’avais construit lentement le rôle, se souvient la future vedette (d’un temps ?), et je savais que je m’en rapprochais de plus en plus, sachant très bien que je l'avais aux
environs de la semaine dernière, ne pouvant plus en dormir la nuit ».
Libéré de ce poids, Sean Patrick Flanery s’envole en avril 1991 pour Londres, où il va passer de nouveaux quatre mois à préparer son rôle
exigeant : « J'ai passé deux mois en pré-production à prendre des leçons d’équitation, continue ce sportif accompli. Même si je me débrouillais bien, j'ai tout de même fait
toutes sortes de voltige -debout sur la selle, sauter sur le cheval au galop, courir à ses cotés, en sauter en marche, sauter par-dessus des falaises, et sauter encore et encore- toutes sortes de
choses. J'ai beaucoup appris à propos de cascades : comment faire des cascades, comment chuter, etc. Ou comment donner un coup de poing devant une caméra.
« J'ai même pris des leçons de piano ».
Une formation à la cascade et à l’équitation qui lui serviront plus que de savoir jouer Mozart ou Bach sur un piano, lors d’une poursuite
équestre pour la seconde partie du pilot, « La Malédiction du Chacal », au Mexique (en fait en Espagne) : pour un travelling, le jeune acteur –qui vous l’aurez compris ne
s’est pas fait doubler sur le show- devait récupérer des robes à l’arrière d’un véhicule depuis Hurricane (le cheval noir qui a servi à Harrison Ford dans tous les films de la
trilogie) mais calculant mal l’élan de sa monture, il finit par rattraper l’engin motorisé et effrayer le cheval qui a chuté, l’entrainant avec lui avant de le faire voler et rattrapé
l’engin devant lui ! Mais, Sean Patrick Flanery parviendra à atterrir sur ses pieds –« sans aucune égratignure mais le cœur battant ». L’une de ses premières frayeurs sur
le tournage.
Le
jeune acteur de douze ans Corey Carrier (aperçu dans « LES SORCIERES D’EASTWICK » ou un épisode de « Equalizer »)
entrera dans la course quand son agent l’enverra à New-York pour rencontrer, suite à leur enquête téléphonique, les recruteurs du show.
Après l’avoir revu une ou deux fois pour confirmer leur idée, elles l’enverront également en Californie rencontrer George Lucas… qui tenait
là son jeune
acteur devant incarner un garçon espiègle et un brin tête à claque irritante d‘une dizaine d’années.
Les parents du jeune débutant s’impliquant le plus possible dans la production et la protection de leur fils : sa mère,
institutrice qualifiée, engagée comme tutrice tout au long de la production pour respecter les obligations légales de passer trois heures par jour à étudier sur le tournage.
Quant à celui qui devra incarner les quelques incursions –au début et en fin d’épisodes- de ce
vieil homme de 93 ans et narrateur nostalgique de ses propres aventures, George Hall, acteur de 76 ans et chanteur de music-hall (19 années
sur Broadway, tout de même !), il manquera de
rater le rôle parce que son pli contenant sa démo sur K7 et quatre portraits n’arrivera pas dans le bon bureau.
Se déplaçant en personne à L.A., il lui faudra revenir plusieurs fois dans les bureaux de la production avant d’obtenir le rôle.
J'étais tellement heureux quand j'ai découvert que j'avais obtenu le rôle, pourrait se souvenir l’acteur en s’asseyant à l’entrée d’un cinéma avec un spectateur devant une affiche de
film pour reprendre l’écriture de ses apparitions lourdement
maquillées (et le faisant ressembler à Harrison Ford, selon lui).
« C'était une merveilleuse opportunité que de jouer un homme, célèbre héros pour le public à travers le monde, dans ses dernières années de vie, et se remémorant l'époque de sa jeunesse
avant de devenir ce héros. Une idée fascinante ».
Mais contrairement à River Phoenix, qui avait déjà travaillé Harrison Ford et eu la chance de le rencontrer avant de le tournage de « LA DERNIERE CROISADE » pour étudier avec lui leur
personnage, aucun des trois acteurs mentionnés avant ne devaient rencontrer la star : Rick McCallum et George Lucas leur envoyant des VHS des trois
films (qu’il m’aurait étonné qu’ils ne les aient pas déjà chez eux) pour s’imprégner du rôle et en développer leur interprétation personnelle du personnage à ces différentes
étapes de sa vie, comme ils l’entendent.
George Hall ne se privant pas de prévenir que son vieil Indy serait complètement différent du personnage que le public connaissait jusque-là : après avoir étudié le jeu
d’Harrison Ford, il a choisi de ne pas reproduire les manières de celui-ci, puisqu’entre un aventurier de quarante ans et un vieil homme que sa famille voudrait interner en maison de retraite
(pour sa sécurité), beaucoup de choses changent.
« La question est que si Laurence Olivier avait vécu à 93 ans, il aurait surement regardé de manière différente ses jeunes années d’acteur shakespearien. Alors, il ne faut pas s'attendre
à percevoir ce vieil Indy comme le quarantenaire célèbre des films, aime-t-il à comparer. Quand vous vieillissez, il ya certaines choses physiques que vous ne pouvez plus faire :
vous n’en avez plus 36 pour glisser sur des réservoirs et wagons » en se souvenant de cette scène merveilleuse de « LA DERNIERE CROISADE » (toujours) où Indy est bloqué sur le
côté du tank et que le spectateur va l’imaginer se tué, s’écrasé. « Eh bien, à l'âge de 93 ans, il serait mort, écrasé » ponctue-t-il en souriant. « Vous savez, les gens se
dessèchent quand ils deviennent vieux ».
L’héroïsme de cet Indiana Jones, pour lui, étant que « il a passé l'âge de se soucier de savoir si les gens apprécient ce qu'il raconte ou non. Il est assez vieux pour savoir que les
truismes sont les truismes et doit être cru parce qu'ils sont vrais. Bon conteur, il donne envie de l'écouter et d'apprendre ». Revenant toujours et encore sur cette notion d’apprendre
quelque chose, chère à George Lucas, ses scénaristes et maintenant ses acteurs.
Personnage forcément plus naïf que celui d’Harrison Ford, puisqu’adolescent, cela n’a pas empêche Sean Patrick Flanery, à l’inverse de George Hall, de s’inspirer de l’acteur d’origine
irlando-allemande : essayant de copier ses manières et sa gestuelle, comme la façon dont il met son chapeau sur la tête, dont il enlace les filles, ou fait
claquer son fouet, etc.
« J'ai essayé de copier aussi près que possible l’interprétation d’Harrison Ford et utiliser tout ce que j’ai su et pu reproduire pour ma propre interprétation. Même si personne n'a
jamais vraiment dit « Nous voulons que vous copiez Harrison Ford », vous savez, il est Indiana Jones et en reste la perception que nous avons du personnage. Je voulais au moins en
mettre un peu dans mon personnage ».
Identification à laquelle Charlotte Holdich, la responsable des costumes sur vingt-cinq épisodes, se voyait obligée d’ajouter l’accessoire
significatif du héros : son Fedora brun.
Dès qu’apparait à l’écran la version adolescente d’Indy (ainsi que le vieux narrateur), la chronologie du personnage fait qu’il doit porter –lorsqu’il n’est pas en uniforme- ce chapeau
que lui a offert, dois-je le rappeler, ce pilleur de tombes alors qu’il pensait lui avoir échappé en Utah. Oui, si Indy n’est pas en uniforme, « il est coiffé de son
chapeau, répète Holdich. J'ai en quelque sorte le devoir d’intégrer ce chapeau quelque soit son costume ou le métier qu’il fait », devant jongler avec le fait de devoir
associer ce couvre-chef, même au costume le plus élégant. Toujours avec l’aval du big boss, Lucas. Et en de multiples exemplaires, puisque cette version du personnage est celle qui vivra le plus
de cascades
L’apparence de ce vieil Indiana Jones de 93 ans évoqué ayant, elle, été déjà plus définie par George Lucas, qui tenait à ce que son héros sur
ces vieux jours porte… toujours son Fedora (œuf corse) et un costume de tweed, ayant troqué son fouet en cuir pour une canne avec une poignée en laiton en forme de tête
d'aigle.
En profitant pour rendre un hommage visuel et cinéphile à l’un de ses réalisateurs préférés, John Ford (dont il citait déjà à plusieurs reprises dans sa saga « STAR WARS » le film de
1956, « LA PRISONNIERE DU DESERT »), en demandant également à ce que ce vieil aventurier porte un bandeau sur l'œil et une paire de lunettes sur
elle –une cicatrice sur le front traversant celui-ci, suggérant qu’il ait perdu son œil, mais sans jamais qu’un épisode ne l’explique.
Une version âgée d’Indiana Jones qui n’aura pas plus à tout le public et se trouvera petit à petit utilisé, inconsciemment, dans un registre
comique pour ne pas dire pathétique : se posant ici ou là pour raconter sa vie, comme ce vieux con ou ce vieux fou, selon votre degré de sympathie et d’empathie, à quasiment n’importe qui
dans les endroits les plus inimaginables et pour des raisons les plus incongrues. Bavardages qui arrivé à leur terme finissent, parfois, avec l’interlocuteur qui s’est endormi, s’il n’a pas
fui.
Chute humoristique des réalisateurs sur laquelle cet article reviendra sur la fin de la série. En attendant, il leur fallait la tourner, cette série…/...