Mais quel charme, ce Paris de l’entre-deux guerres ou de l’immédiat après-guerre, qu’il nous fait traverser mieux que quiconque. Simenon a campé là un des personnages les plus attachants de notre littérature, avec sa femme dans son ombre, l'absence d’enfants, et son amour pour les déshérités ; il est capable de tricher devant la loi pour protéger les faibles et les innocents quand ils sont menacés.
Et puis il y a ce talent inouï de Simenon dans tous ses romans ; en quelques lignes, les premières, il plante le décor, l’ambiance, et il n’y aura pas un seul instant de relâchement jusqu’au bout : « C’était un de ces mois de mai exceptionnels comme on n’en connaît que deux ou trois dans sa vie et qui ont la luminosité, le goût, l’odeur des souvenirs d’enfance. » (incipit de Maigret et les vieillards).
Raymond Alcovère
Article paru dans le Magazine "Autour des auteurs" n° 29, septembre 2012