Willkommen in Berlin.
30 janvier 2012.
Un poulet à la mangue dans un petit restaurant indien.
Non loin du bus qui nous descend dowtown.
La porte du boui-boui laisse passer des soupirs sur mes reins.
Le repas est délicieusement épicé.
Petite promenade digestive.
Au check-in, l’auberge de jeunesse tarif hôtel qui se graisse au passage, je remarque immédiatement le frigo rempli de bières de toutes sortes à droite de la réception.
Deux euros la bière.
Une cinquante !
J’aime déjà cette ville…
Tout au fond du couloir à droite, il y a une salle commune. Etant donné que Northy et moi ne sommes pas dans la même chambre, nous décidons d’y aller pour descendre une bière ou deux.
Six plus tard.
Il y a des gens dans tous les coins.
Il est minuit passé.
Tout le monde parle ensemble.
Tables blanches, chaises branlantes, vernis rouge sang sur les boiseries…
A gauche d’un flipper, et au-dessus d’un baby-foot, un plan sous verre géant de la capitale.
Les jeux de société européens.
Internationaux.
Le pot-pourri des civilisations alcoolisées.
Une fraternité plus réelle que celle de l’arc-en-ciel.
Puis des français nous interpellent.
Ça cause direct des bons plans
Et de tout ce qui peux nous donner des ailes.
Une japonaise bourrée me parle quelques mots de français avec un accent terriblement excitant à entendre…
Deux coloradiennes fument de l’herbe et rigolent avec nous jusque tard dans la nuit.
Rachel, une toute petite blonde l’air candide
Madison, une brune au sourire si rayonnant qu’il pourrait guérir le cancer.
5h : Nous retournons tous à l’hôtel pour n’y dormir que cinq heures.
Je tangue dans le noir en essayant de retrouver le numéro de mon lit.
Merde !
Je ne m’en rappelle plus.
Je sors mon téléphone de ma poche pour éclairer le petit bout de papier dans ma main.
C’est le numéro huit.
La voilà, l’éternelle couche de quelques heures.
Le lendemain matin, après m’être beaucoup retourné, réveillé, rendormi, réveillé, rendormi… je vois sur le lit du haut en face de moi un type qui dort avec une gazeuse et un schlass sous l’oreiller et qui grogne d’une façon flippante en dormant.
Je cours me débarbouiller vite fait avant d’aller rendre ma clé à la réception.
En chemin, je croise Maddy et Rachel, les filles de la veille.
Elles ont une de ces traditionnelles… !
Une Warsteiner plus tard
J’attends mon compère
Qui m’emmène boire du thé et croissant
Dans un salon qui ne sert pas la vraie solution
Aux nombreux problèmes de vents.
Des dizaines de graffs plus tard
La ville me picote mes guiboles
D’intermittent routard
Et là, coup d’bol
La terrasse d’un café huit mètres au-dessus du sol.
Le café Kotti…
Un endroit que j’envie un peu aux allemands
Fréquenté uniquement par ceux qui connaissent les bons plans
Dedans, c’est posé
Chaises rembourrées
Fauteuils usés
Canapés geôliers
Tout t’y retient une bière de plus.
En face de moi, alors même que j’écris ces lignes, est assise une hippie de la vague originelle. Elle est tout de laines vêtue pour ce que je peux en voir. De toutes les couleurs imaginables, et des autres. C’est ce qui saute aux yeux. Et aussi le fait qu’elle est en train de peindre quelque chose a même les mains sur une petite toile qu’elle maintient serrée entre ses cuisses.
Un dessinateur et deux écrivains
Semblent également tranquille ici pour travailler sur leurs projets
En sirotant café, thé, alcools, ou vin.
Les tenanciers dans leur admirable idée
Autorisent ici les gens à fumer
Et la seule personne que j’entends pester
Le fait dans un français parfait…
La musique est rock
Dans ce repère ad hoc
Propice à cette traversée
Si particulière à cette époque de l’année.
Northy fait une sieste en face, sur un canapé
Rouge de sang élimé
Il a des chaussettes vertes dépareillées
D’où émane une odeur qui me monte jusqu’au nez.
Le truc est d’éviter de trop s’approcher
Non pas que je surveille spécialement mes excès
Mais là c’est pire que de sniffer d’un trait
Les pires des merdes toutes ensemble mélangées.
Les dalles qui constituent le faux-plafond-quand il y a une dalle- sont entièrement recouvertes de dessins
Faits à la craie, à la bombe, au feutre, au crayon gras, au pinceau
De jolies petites fresques
Des effets mosaïques
Qui s’animent seules ou ensemble là-haut.
Dans les toilettes, c’est bien grunge aussi.
Sur l’ampoule du plafond
Un globe de verre repeint en bleu
Entouré de gros cils noirs dessinés gras
Cet œil-là voit le fond des choses.
Il est au centre de tous les messages
Moqueurs de soixante-huit et post-faux-semblants
De toutes les immondices que fait toujours tomber l’orage
Cet œil me semble étrangement omniscient.
Petite promenade vers un parc entouré sur le plan de Berlin.
Deux grammes de plaisir plus tard…
Je revois un camarade de Georges qui ravi
Me raconte quelques belles histoires de ses voyages en Europe du Nord.
Puis nous nous séparons.
21 heures.
Première trace de pas
Sur le chemin
La nuit du trente et un
La folie de Berlin.
Le gens sont aussi beurrés que les croissants.
Partout dans les rues ça pètent
Ça fuse dans tous les sens
Les mauvais esprits fuient les honnêtes
Quand la lumière et le son dansent.
Nous marchons à travers les lignes de tirs
Tentant tant bien que mal
D’esquiver ou de circonscrire
Cette troisième guerre mondiale.
En marchant tout à fait au hasard
Nous voilà tombés sans trop le vouloir
Dans ce que des berlinois me disent être une des meilleures soirées
Et une des plus difficiles à trouver
Au milieu de tous les autres présumés cauchemars.
Dans ce club c’est la foire
Se fumer des kicks est autorisé
On a même poussé jusqu’à taper dans l’ombre d’une banquette noire
L’Amédée que nous avions acheté
Dans ce parc qu’aucun médecin n’homologuerait.
4h34 : Départ du club
5h : Nikel ! On a un bus pour l’aéroport dans dix-sept minutes.
5h14 : Plus que trois minutes à attendre avant d’enfin poser notre cul au chaud.
5h20 : Tiens tiens tiens ! C’est donc ça la rigueur allemande ? Le retard ? Bah il ne va surement pas tarder à arriver…
5h30 : Le bus n’est toujours pas là pour la simple et bonne raison qu’il n’est jamais parti. Les gens de l’hôtel nous ont menti…Les enfoirés !
5h31 : On a mal regardé les horaires affichés sur la borne de la station. Pas de bus avant 7h21… Autant dire que ça commence à puer…
Northy propose de prendre le train
Je préfère de loin prendre le taxi
Sans rien connaître encore du chemin
De croix pour en avoir un ici.
Un type chauve vient nous causer un allemand bourré
A toute pompe et en glissant quelques mots d’anglais
Il nous fait signe de nous laisser guider
Et quelque part je commence à me méfier.
C’est vrai quoi, je ne le connais pas moi le type.
On ne comprend rien de ce qu’il dit mais on le suit malgré tout.
Il rentre dans une supérette trop éclairée
En nous baragouinant d’attendre devant
Puis parle au préposé aux nouveaux arrachés
Qui ne lui dit apparemment rien de bien plaisant.
Pendant ce temps-là
Un peu en contrebas
Nous voyons s’arrêter
Une voiture bornée.
Son chauffeur refuse de nous conduire
Il ne nous décroche pas l’ombre d’un sourire
Et ne se gêne pas pour nous dire
Qu’il ne faut même pas s’étonner
Avant de s’en retourner vaquer et de maugréer un dernier
« It’s Silvester ! »
L’allemand déchiré ressort de la boutique
Accompagné d’un mec qui parle un peu l’anglais
Qui cherche ses mots et m’explique
Que les bus et les trains on peut oublier.
Je lui dis alors que j’ai besoin d’un taxi
Mais qu’on n’a pas le numéro et qu’aucun ne s’arrête
Alors qu’ils sont vides ou pas remplis
C’est à ce moment-là qu’on s’inquiète.
Le turc allemand récemment présenté
Bondit alors d’un seul coup vers la route
Et se met à agiter les bras
Courant, sifflant, hélant
S’imposant éphémèrement devant les innombrables taxis qui n’ont de cesse de filer de part et d’autre de l’avenue.
Il continue à filer limpidement au milieu de la circulation.
Mais rien à faire
Aucun des chauffeurs ne daigne s’arrêter.
Il y a bien eu la voiture bleue d’un conducteur l’air austère
Mais notre nouvel ami nous explique que c’est une tactique pour dépouiller les étrangers.
Le type n’est pas taxi à ce qu’il sache.
« Be careful my friend » qu’il me lache.
On désespère toujours plus d’avoir notre vol
Une descente à s’en faire vite escalader
Les monts recouverts d’une neige des plus folles
Des sommets où rien ne fond vraiment jamais.
Un troisième mec arrive et échange quelques mots
En turque avec son compatriote qui du coup s’arrête de courir.
Puis il vient nous parler.
Il est du genre délire.
Je lui dis que c’est la folie pour trouver un taxi ici et qu’on en a absolument besoin.
« That’s because Berlin is crazy ! » qu’il me fait le mec.
Il me dit de le regarder faire et se met lui aussi à courir, siffler, et agiter les extrémités.
Ils font ça tous les deux pendant une bonne dizaine de minutes encore avant de s’en aller.
Nous les remercions.
Puis nous nous y mettons.
C’est plus dur que ça en a l’air
Mais j’y parviens tout de même au bout d’un moment.
Il est six heures et quelques lorsque nous remercions « Our savior ».
Nous arrivons à l’aéroport vers sept heures.
On a une heure à tuer avant d’embarquer.
On se pose dans une réplique de pub irlandais
A l’intérieur même de l’aéroport
Deux pintes éclusées après
Je réveille Northy qui dort.
24A et 24B.
Nous voilà enfin installés.
On s’endort d’épuisement avant même que l’appareil ne décolle.
Au revoir Berlin.
Bonjour Bruxelles.
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