A première vue ce jeune lycéen strasbourgeois de 15 ans, Neil Ibata, n'a pas encore la stature ni même le génie de ses pères, mais il n'en reste pas moins qu'avec un sens si aigu de l'observation, il méritait aisément de faire la une de la revue Nature.
Il cosigne ainsi sa découverte en astrophysique dans le dernier numéro de la référence mondiale en matière de sciences. Une "chance" extraordianire selon lui, alors que la communauté scientifique salue une théorie élégante, déterminante pour l'étude de la formation des galaxies.
Jusqu'à aujourd'hui les astrophysiciens n'avaient pas de certitudes sur le déplacement des galaxies naines qui bordent les galaxies géantes à spirales dans notre univers.
Désormais, ils savent qu'elles ont une rotation plus cohérente et beaucoup moins alléatoire, à l'image d'une planète qui tourne autour de son étoile.
STRASBOURG, Gilbert Reilhac (Reuters)
Certes, la démonstration de la structure organisée des galaxies naines autour d'Andromède, la galaxie géante la plus proche de Terre, procède d'abord des travaux menés depuis dix ans par une équipe internationale dirigée par son père, Rodrigo Ibata.
Mais c'est le fils de ce chercheur à l'Observatoire astronomique de Strasbourg qui a révélé qu'elles formaient un disque aplati tournant sur lui-même en réalisant, le temps d'un week-end, une modélisation informatique de l'étude. La tâche lui avait confiée début septembre par son père qui lui avait appris les arcanes du langage de programmation Pithon.
Les vacances de la Toussaint ont encore été nécessaires pour l'animation du modèle, avant que l'interprétation ne soit confiée à l'équipe des chercheurs.
"C'est la chance des débutants. Je n'y ai pas passé un centième du temps passé par mon père", reconnaît l'adolescent.
Cette découverte apparaît en contradiction avec les différentes théories de formation des grandes galaxies qui veulent que celles-ci grandissent par accumulation de matière noire issue des galaxies naines qui viendraient de manière aléatoire vers leur centre.
"Je m'attendais à aboutir au résultat opposé", reconnaît Rodrigo Ibata, qui a mené ses recherches en s'appuyant notamment sur le télescope franco-canadien de Hawaï.
"On va maintenant passer quelques années à essayer de comprendre", ajoute le scientifique qui se dit "fier" de son fils, mais "pas nécessairement pour cette découverte".
Neil, élève de 1ère S avec un an d'avance, au lycée international des Pontonniers à Strasbourg, ne sait pas s'il sera un jour astrophysicien mais reconnaît qu'il s'orientera "certainement" vers les sciences, et vers la physique "probablement".
Né d'une mère française professeure de civilisation anglaise et d'un père anglo-bolivien dont le nom révèle une ascendance japonaise, cet aîné de trois enfants attribue cette attirance à son goût pour la nature autant qu'à l'influence paternelle.
"Mais c'est difficile de savoir à 15 ans", avoue cette tête bien faite qui parle l'allemand -il a passé sa prime enfance outre-Rhin-, apprend l'anglais et le chinois tout en étudiant le piano au conservatoire, instrument auquel il dit consacrer deux heures par jour.
Et sans envisager une carrière de concertiste, Neil Ibata rend hommage à la formation musicale qui lui a appris à "viser la perfection".
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