L’obscurité est le royaume de l’erreur.
Je commence l’année avec ce vieux Vauvenargues, comme La Rochefoucauld longtemps soldat – mais moins mondain, moins riche et, finalement, moins sombre –, encouragé à écrire par Voltaire, mort à 31 ans.
Mon ancienne édition, plus savante, reste chez moi, ce petit livre est dans ma poche, c’est un cadeau, je l’emmène partout.
J’y pioche au hasard, comme ici.
Bonne année !
La raison et la liberté sont incompatibles avec la faiblesse.
Les grands hommes, en apprenant aux faibles à réfléchir, les ont mis sur la route de l’erreur.
Lorsqu’une pensée est trop faible pour porter une expression simple, c’est la marque pour la rejeter.
C’est une erreur dans les grands de croire qu’ils peuvent prodiguer sans conséquences leurs paroles et leurs promesses. Les hommes souffrent avec peine qu’on leur ôte ce qu’ils se sont en quelque sorte approprié par l’espérance. On ne les trompe pas longtemps sur leurs intérêts et ils ne haïssent rien tant que d’être dupes. C’est par cette raison qu’il est si rare que la fourberie réussisse ; il faut de la sincérité et de la droiture, même pour séduire. Ceux qui ont abusé les peuples sur quelque intérêt général étaient fidèles aux particuliers ; leur habileté consistait à captiver les esprits par des avantages réels. Quand on connaît bien les hommes et qu’on veut les faire servir à ses desseins, on ne compte point sur un appât aussi frivole que celui des discours et des promesses. Ainsi les grand orateurs, s’il est permis de joindre ces deux choses, ne s’efforcent pas d’imposer par un tissu de flatteries et d’impostures, par une dissimulation continuelle et par un langage purement ingénieux : s’ils cherchent à faire illusion sur quelque point principal, ce n’est qu’à force de sincérité et de vérité de détail : car le mensonge est faible par lui-même : il faut qu’il se cache avec soin ; et s’il arrive qu’on persuade quelques chose par des discours captieux, ce n’est pas sans beaucoup de peine. On aurait grand tort d’en conclure que c’est en cela que consiste l’éloquence. Jugeons au contraire par ce pouvoir des simples apparences de la vérité combien la vérité elle-même est éloquente et supérieure à notre art.
Le projet de rapprocher les conditions a toujours été un beau songe : la loi ne saurait égaler les hommes malgré la nature.
La sévérité dans les lois est humanité pour les peuples ; dans les hommes, elle est la marque d’un génie étroit et cruel. Il n’y a que la nécessité qui puisse la rendre innocente.
Un homme qui digère mal et qui est vorace, est peut-être une image assez fidèle du caractère d’esprit de la plupart des savants.
Est-il vrai que les qualités dominantes excluent les autres ? Qui a plus d’imagination que Bossuet, Montaigne, Descartes, Pascal, tous grands philosophes ? Qui a plus de jugement et de sagesse que Racine, Boileau, La Fontaine, Molière, tous poètes pleins de génie ?
Nous méprisons beaucoup de choses pour ne pas nous mépriser nous-mêmes.
Tous les sujets de la beauté ne connaissent pas leur souveraine.
L’obscurité est le royaume de l’erreur.
Je commence l’année avec ce vieux Vauvenargues, comme La Rochefoucauld longtemps soldat – mais moins mondain, moins riche et, finalement, moins sombre –, encouragé à écrire par Voltaire, mort à 31 ans.
Mon ancienne édition, plus savante, reste chez moi, ce petit livre est dans ma poche, c’est un cadeau, je l’emmène partout.
J’y pioche au hasard, comme ici.
Bonne année !
La raison et la liberté sont incompatibles avec la faiblesse.
Les grands hommes, en apprenant aux faibles à réfléchir, les ont mis sur la route de l’erreur.
Lorsqu’une pensée est trop faible pour porter une expression simple, c’est la marque pour la rejeter.
C’est une erreur dans les grands de croire qu’ils peuvent prodiguer sans conséquences leurs paroles et leurs promesses. Les hommes souffrent avec peine qu’on leur ôte ce qu’ils se sont en quelque sorte approprié par l’espérance. On ne les trompe pas longtemps sur leurs intérêts et ils ne haïssent rien tant que d’être dupes. C’est par cette raison qu’il est si rare que la fourberie réussisse ; il faut de la sincérité et de la droiture, même pour séduire. Ceux qui ont abusé les peuples sur quelque intérêt général étaient fidèles aux particuliers ; leur habileté consistait à captiver les esprits par des avantages réels. Quand on connaît bien les hommes et qu’on veut les faire servir à ses desseins, on ne compte point sur un appât aussi frivole que celui des discours et des promesses. Ainsi les grand orateurs, s’il est permis de joindre ces deux choses, ne s’efforcent pas d’imposer par un tissu de flatteries et d’impostures, par une dissimulation continuelle et par un langage purement ingénieux : s’ils cherchent à faire illusion sur quelque point principal, ce n’est qu’à force de sincérité et de vérité de détail : car le mensonge est faible par lui-même : il faut qu’il se cache avec soin ; et s’il arrive qu’on persuade quelques chose par des discours captieux, ce n’est pas sans beaucoup de peine. On aurait grand tort d’en conclure que c’est en cela que consiste l’éloquence. Jugeons au contraire par ce pouvoir des simples apparences de la vérité combien la vérité elle-même est éloquente et supérieure à notre art.
Le projet de rapprocher les conditions a toujours été un beau songe : la loi ne saurait égaler les hommes malgré la nature.
La sévérité dans les lois est humanité pour les peuples ; dans les hommes, elle est la marque d’un génie étroit et cruel. Il n’y a que la nécessité qui puisse la rendre innocente.
Un homme qui digère mal et qui est vorace, est peut-être une image assez fidèle du caractère d’esprit de la plupart des savants.
Est-il vrai que les qualités dominantes excluent les autres ? Qui a plus d’imagination que Bossuet, Montaigne, Descartes, Pascal, tous grands philosophes ? Qui a plus de jugement et de sagesse que Racine, Boileau, La Fontaine, Molière, tous poètes pleins de génie ?
Nous méprisons beaucoup de choses pour ne pas nous mépriser nous-mêmes.
Tous les sujets de la beauté ne connaissent pas leur souveraine.