L’ayant officiellement découverte comme certains en 2011, avec son déjà très acclamé premier album Tragedy, j’ai poursuivi mon initiation au monde de cette artiste incontestablement atypique cette année grâce au second, Ekstasis, sorti à peine quelques mois plus tard et, paraît-il, alors qu’elle aurait déjà terminé le troisième !
Même si je serai l’un des premiers à faire cette comparaison, je pense qu’elle partage beaucoup avec son aînée Björk, non pour le genre musical dans lequel elle évolue, mais pour l’audace et l’impressionnante personnalité musicale et lyrique qui se dégagent de leur œuvre respectifs. Là s’arrêtera donc la comparaison.
Pour les plus téméraires, essayez juste quelques titres, au hasard (oui, non, ce n’est pas un choix aléatoire) : le liminaire « Marienbad », le beau « In the same room », le francophile « Moni mon amie », le germanophile «Für Felix » ou encore l’envoûtant et onirique « Our sorrows ».
Musicalement et lyriquement, rien sur Ekstasis n’est dû à un quelconque hasard. Tout a sa place, sa raison d’être, et les sonorités sont toujours belles, touchantes, profondes.
Julia Holter sait faire des morceaux au format plutôt classique (« In the same room », « Moni mon amie », « Für Felix »), mais également prendre son temps pour imposer son environnement (« Boy in the moon » et « This is ekstasis » dépassent les huit minutes) voire doubler ses visions, avec le diptyque « Goddess eyes I & II» qui atteint ainsi les dix minutes. À noter que « Goddess eyes» figurait déjà dans une version sensiblement similaire sur Tragedy à la version I ici, formant de fait un triptyque tel non pas un leitmotiv mais plus précisément des échos puisque jamais les titres ne s’enchaînent les uns aux autres.
On sent la passion, ainsi que l’envie de parfaire les choses. Ce dernier point aurait pu être un frein, empêchant l’artiste de se laisser aller à ses émotions, à son inspiration. Ce n’est pas le cas et, au contraire, la dextérité de Holter impressionne autant qu’elle surprend par son aisance, et ce, quel que soit les instruments utilisés.
À mi chemin entre musiques pop, folk, indie ou électronique, Ekstasis en ravira beaucoup. Encore faudra-t-il que les succès critiques additionnés de Tragedy et Ekstasis permettent à Julia Holter de se faire un nom en dehors des réseaux d’initiés. Tant pis donc pour tous ceux qui ne la découvriront que dans quelques années seulement, quand bien même ce serait le cas.
(in heepro.wordpress.com, le 03/01/2013)