Cela me fait rire, jaune certes, mais cela me fait rire quand même lorsque j’entends tous les jours à la télévision, à la radio, que je lis dans les journaux et les divers sites d’information la façon dont les gens voient Marseille. Une ville de voyous disent-ils! Une ville d’assassins, de braqueurs, des animaux!
Une drôle de notoriété pour une ville qui est pourtant bien celle de la culture et ce depuis longtemps. Véritable passerelle entre l’orient et l’occident Marseille est un carrefour de civilisations bien loin de ce discours que l’on tient au quotidien. Et quand bien même ce serait le cas, car évidemment il y a un réel malaise, comment peut-on juger alors même que l’on ne connaît rien de la situation locale.
Au XVIIIème siècle, ce n’est pourtant pas hier, Alexis de Tocqueville écrivait déjà que la délinquance s’expliquait par un phénomène de frustration relative. Des individus qui en fait, ont tellement bien intégré les valeurs, surtout ceux de la société de consommation de masse, et qui du fait de leur situation sociale ne peuvent accéder à des biens, à ces services, à ce confort de vie que l’on prône comme le plus prestigieux et qui du coup sont amenés à y parvenir par la déviance. Alors non, ce n’est pas cautionner leurs agissements, il ne faut tous adopter une méthode compréhensive. Et cela passe tout d’abord à mon sens par une réorganisation totale de la ville.
A un an des élections municipales, le vrai challenge est de faire en sorte que les habitants se réapproprient leur ville en réconciliant les quartiers avec les différents lieux de vie.
Le constat que je fais aujourd’hui c’est qu’il y a des cités, fermées, isolées qui n’ont finalement pas grand chose à proximité.
La ghettoïsation? Mais c’est le résultat d’une politique de la ville qui n’a ni queue ni tête et que les citoyens subissent.
Il s’agit donc de revoir complètement le territoire en revoyant totalement ce qu’en urbanisme on appelle les utilités écologiques de base: à savoir le logis et l’accompagnement du logis. Plus concrètement, il faut donc qu’à terme, chaque quartier ait à sa disposition accès direct aux différents services comme, la santé, avec des cabinets médicaux, des pharmacies, des commerces de proximité, mais aussi et surtout un accès direct à la culture, des bibliothèques, des cinémas, des murs de libre expression et des locaux à disposition des citoyens pour débattre, se réunir et échanger. Est-il normal qu’aujourd’hui à Marseille presque toutes les piscines municipales sont en travaux ou fermées? Il est normal que si l’individu n’a pas à proximité des équipements culturels et sportifs pour s’occuper il soit incité à tomber dans la déviance.
En plus d’un relatif éloignement de ces services, d’une population demandeuse, le transport à Marseille reste encore une question très délicate. 1€50 le ticket, valable une heure et pour un accès métro. Je ne parle même pas des trajets Aix-Marseille. 44€ l’abonnement au mois. Le forfait jeune ou étudiant existe mais en plus de votre R.I.B vous devez fournir un chèque barré, et quand c’est l’étudiant qui paie lui même son abonnement, impossible de fournir un chèque à son nom, car vous en connaissez beaucoup des jeunes autorisés à avoir un chéquier? Vous êtes donc dans l’incapacité de bénéficier de cette généreuse offre qu’est le bus/métro/tramway à 17€50 par mois. Or, les jeunes, en particulier ceux qui sont scolarisés ne devraient pas avoir à prendre en charge le transport, au moins en ce qui concerne les trajets entre le domicile et les études.
J’ai toujours admiré à Marseille, le travail qu’à fait l’architecte Lecorbusier aussi appelée la Cité Radieuse dans le 9ème arrondissement. Il a en effet réussi à ramener tous ces services au coeur du logis, le commerce, la santé et même l’école. Et cela signe pour moi la réelle réconciliation entre le citoyen et son lieu de vie. Car avant tout, pour que le citoyen vive en paix et soit serein il doit s’approprier complètement sa ville.
Autre aspect à revoir celui de la démographie. La stratégie actuelle est de construire des barres d’immeubles: cent mètres de long sur douze de hauteur. Les gens sont entassés les uns sur les autres. Est-ce cela le confort de vie? Alors qu’il y aurait la possibilité de construire autrement, de manière plus respectueuse de l’environnement, avec un coût carbone bien moins important puisqu’il s’agirait d’utiliser des techniques innovantes en terme d’isolation par exemple: des maisons individuelles au lieu de barres d’immeubles HLM ô combien irrespectueuses de la dignité humaine.
Voilà donc un programme pour que le rayonnement soit une réalité pour cette année placée sous le signe de la culture. Mais aussi pour la nouvelle échéance qui arrive bientôt et qui est celle des élections municipales. Autant dire donc que Marseille reste un chantier et que les nouveaux conseillers municipaux ne devraient en théorie ne pas chômer.
Quelque chose dont on devrait sérieusement se préoccuper au lieu de montrer du doigt des populations et des quartiers vivant dans des conditions inhumaines, qui elles, n’ont jamais demandé à y vivre.
Quelque chose que l’on doit au citoyen, quelque chose pour laquelle on doit se battre. Car quand on prétend avoir des convictions et défendre des causes, on se préoccupe d’abord de ses semblables avant de crier au scandale lorsque l’on veut euthanasier deux éléphantes malades. (Est-ce un paradoxe d’ailleurs que de vouloir abréger la souffrance d’un être vivant?) Quand bien même j’ai aussi pour conviction de défendre l’environnement et son éco-sphère, l’intérêt de l’Homme est aussi à prendre en compte et ne doit pas passer après celui des bébés phoques. Je dis ça bien évidemment pour ceux qui votent Front National (parti ô combien patriote et nationaliste, n’est-ce pas) et qui de l’autre côté se font porte-parole de la cause animale. Doit-on comprendre que l’intérêt des animaux est supérieur à celui des étrangers et plus généralement des immigrés?
Tout ressemblance avec un personnage existant, n’est pas fortuite.
Je vous adresse par ailleurs mes voeux les plus sincères pour cette nouvelle année. Puisse-t-elle être celle de multiples nationalisations et d’un véritable changement, (on peut toujours espérer), que ce soit dans la lutte contre les inégalités, contre les discriminations et contre l’obscurantisme de beaucoup trop.
Cette année sera aussi j’espère, celle durant laquelle j’essaierai, comme je pourrai, de vous faire partager Marseille Capitale Européenne de la Culture.
A tantôt tout le monde!
La Robe Rouge.