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Si Dieu était une chanson, il serait un « la » tellement juste que nos âmes tressailliraient de joie.

Publié le 04 janvier 2013 par Halleyjc

Si Dieu était une chanson, il serait un « la » tellement juste que nos âmes tressailliraient de joie.Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?

- Isabelle SOLARY: Comme tout le monde, je pense : « Jésus, que ma joie demeure » de Jean-Sébastien Bach. Puis, l’Ave Maria de Schubert que nous avons fait jouer à l’enterrement de notre quatrième enfant. Et enfin, plus près de nous, le Stabat Mater d’Arvo Pärt.

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Plus que cela ! Il « est » musique, car l’Amour se chante toujours.

Au paradis quelles musiques y entend-on ?

La plus parfaite des harmonies qui dépasse toutes nos musiques.

Que chantent les anges  musiciens ?

Un Te Deum dans le plus parfait grégorien.

Si la prière était une chanson, une musique,  laquelle choisiriez-vous ?

L’Alleluia chanté pour la fête de l’Ascension. C’est une magnifique montée de la voix, de la terre au ciel.

Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

« L’amour est enfant de Bohême » dans l’opéra Carmen de Georges Bizet, pour Lui remettre enfin toutes les amours de la terre. Mais c’est Dieu, finalement, qui chanterait, car c’est Lui qui nous dit : « et si tu ne m’aimes pas, je t’aime… et si je t’aime, prends garde à toi », car l’Amour de Dieu nous désarçonne toujours et nous mène là où tout se perd dans l’inconnaissance…

Quelles sont, dans votre discothèque personnelle, les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?

Toutes celles dont je vous ai parlé, et « la Mer du Nord » de Jacques Brel parce que le rivage belge de cette mer est mon « pays » poétique natal. Mais, si je devais partir sur une île déserte (ce qui, soit dit en passant, serait un vrai cauchemar !), je n’emporterais que mon Missel grégorien, pour y chanter ces merveilleuses pièces musicales pétries par le temps, que l’Eglise nous a laissées comme une Mère prévenante et sage. Je comprends que certains Catholiques restent impressionnés par le grégorien – et parfois au mauvais sens du terme – car le grégorien est le silence mis en musique. Jean de la Croix écrit quelque part : « Dieu a donné son Fils dans le silence, et dans le silence, le Verbe se fait chair ». Je crois qu’il faudrait simplement dire aux fidèles que le silence est une parole, pour qu’ils comprennent comment le silence demandé peut aussi être une participation « active » à la messe.

- Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

Si vous dites « refrain », vous pensez « chanson ». Je crois que le chant accompagne nos vies et nos saisons, et que nos préférences peuvent varier selon ces dernières. Enfant, je chantais « A Toi la gloire ! » à tue-tête au culte protestant dans lequel mes parents m’ont élevée. Aujourd’hui, ce chant me fait pleurer, car il évoque mes souvenirs et mes parents décédés. Alors, je me dis que le plus beau des chants est le silence d’une âme apaisée devant Dieu.

Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

La musique de Franz Schubert est pour moi la plus poignante; ce compositeur viennois du XIXe siècle a donné en musique toute la richesse de l’Europe : la joie, les larmes, l’alliance du sacré et du profane et, d’un point de vue strictement musical, les plus belles harmonisations en mode mineur. Après lui, vient Gustav Malher, autre Viennois, qui a ouvert la porte sur tous les tourments du XXe siècle. La musique, aussi, est prophétie. Penser que Malher a composé les Kindertotenlieder, magnifiquement interprétés dans les années 50 par Kathleen Ferrier, sans savoir que quelques mois plus tard, lui et sa femme perdraient leur fille de 5 ans… c’est bouleversant ! Ecouter une symphonie de Malher dirigée par Claudio Abbado, ça aussi, c’est époustouflant. Le Requiem de Mozart, par Michel Corboz, fut pour moi une grande émotion. Et la fameuse chaconne de Bach jouée au violon par un premier prix de conservatoire m’a comblée de joie.

La dernière fois où vous avez été émue en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?

Je pense que vous l’aurez compris, je suis constamment émue par la musique, et je sais aussi qu’il faut parfois s’en dessaisir. Toute musique n’est pas bonne à l’âme !

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

Un « la » tellement juste que nos âmes tressailliraient de joie. La sainte Vierge est sûrement la seule créature à avoir entendu la musique de Dieu. Et elle la fait descendre sur nous comme des pluies de grâce que les rayons de sa statue à la chapelle de la Rue du Bac essaient de symboliser. Nous devons répondre : « Me voici! ».

Si Dieu était une chanson, il serait un « la » tellement juste que nos âmes tressailliraient de joie.
La belle interview musicale de Madame Isabelle SOLARI, des éditions Ad Solem (vers le soleil). Interview parue dans le journal LA CROIX.

Madame


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