Magazine Chanson française

Anne Sylvestre, le public et les Victoires de la Musique : ce fut un beau malentendu.

Publié le 04 janvier 2013 par Melmont

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Il y a de terribles malentendus au sujet d’Anne Sylvestre depuis des années. En ce moment sur facebook circule un appel à signer pour qu’Anne Sylvestre figure aux Victoires de la musique. Ces victoires qui sont quelque chose de récent et d’assez fabriqué, pas forcément représentatives de la diversité musicale francophone. Il y  a quelque chose d’agaçant de lire les commentaires sur certaines forums de gens qui trouvent que la télé c’est de la merde (Arte, TF1, même chose, à en croire certains) et vouloir dans le même temps qu’une chanteuse y passe dans un show sans âme. Cherchez l’erreur.

   Une autre erreur terrible est de disqualifier le nouvel album de Patrick Bruel car nominé d’emblée aux victoires de la musique. J’ai écouté l’album : c’est du Bruel, on aime ou pas mais ça tient la route et c’est toujours mieux que tous les petits chanteurs de chanson française qui aigrissent dans leur coin en parlant d’Eux et Nous, on ne sait jamais qui est eux, qui est nous au passage. C’est rafraîchissant quand Sarcloret assume lui de chanter parce qu’il aime chanter. Si on aime un chanteur, on va le voir chanter, on achète ses disques, on en parle, mais de là à vouloir faire une pétition ? Anne Sylvestre elle-même doit en sourire car ce n’est quand même pas un sujet de la plus  haute importance.

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   Enfin, le public. Je constate une mise en avant d’un certain public d’Anne Sylvestre. C’est oublier que la plupart des gens qui la suivent peuvent écouter indifféremment, et c’est tant mieux, Bruel, Bénabar, Mylene Farmer, Linda Lemay, Céline Dion, Anne Sylvestre, Halliday. Et c’est très bien, cela signifie qu’Anne Sylvestre est une chanteuse comme les autres et non cette éternelle chanteuse que l’on voudrait à part. A part de qui ? De quoi ? Pourquoi à part ? Non elle s’adresse à tout le monde. J’ai moi-même discuté avec un homme de 32 ans dont la grand-mère adorait Mireille Mathieu et Anne Sylvestre. Que les puristes crient au déshonneur, tant pis pour eux. Mais cette femme avait ses raisons d’apprécier les deux. Elle n’intellectualisait pas son rapport à la chanson. Elle écoutait, et aimait et les chansons de l’une et de l’autre tissaient sa vie et laissaient un souvenir dans la mémoire de son petit-fils.

   Qu’Anne Sylvestre ait inauguré la série dvd Tranches de Scène, consacrée à la chanson française dont on parle peu, c’est un fait, de là à la rattacher d’office à toute cette famille d’artistes écumant en général des micro-salles, c’est aller bien vite et oublier que la chanteuse a fait partie du star-système. Que dans les années 70, très peu de femmes, interprète ou auteures-compositeures-interprètes tenaient le haut du pavé : Dalida, Barbara, Véronique Sanson, Sylvie Vartan, Anne Sylvestre, Mireille Mathieu. Marie Laforêt et Anne Vanderlove s’évanouirent quelque peu dans les limbes des illusions du show-biz. Les femmes citées précédemment avaient chacune leur façon d’avancer en tant que femmes chantantes.  Et Anne Sylvestre à la fin des années 70 vendait plus que Sylvie Vartan, dépassant largement le million d’exemplaires. Simplement, elle se produisait elle-même et n’était pas référencée dans les charts. Mais Star, elle l’était devenue très tôt, malgré la traversée du désert, l’était restée et avait confirmé son statut à la fin des années 70. Star et libre, elle n’a pas attendu les victoires de la musique pour exister. N’a jamais couru après. Cet appel à signer, dans ce contexte ressemble à une sorte de cadeau empoisonné, voire frôle une certaine indécence.

   Enfin, la chanteuse nous prépare un album et une scène au Casino de Paris pour mai 2013, ne boudons pas notre plaisir et oublions les inintéressantes victoires de la zizik.

Nous finirons cet article avec, non pas de l’humour, mais de la provocation gentille, violente pour les puristes, mais bienvenue pour les éclectiques avec les paroles de la chanson Je suis toutes les femmes de Dalida, bel écho, faussement glamour, mais puissant à la chanson Une sorcière comme les autres, de la chanteuse aux yeux verts. Chansons de femmes…sur les femmes…(ainsi que l'a rappelé un internaute, en précision, ce titre n'a pas été écrit par Dalida mais interpreté et popularisé par Dalida).

DALIDA

Je suis toutes les femmes

Je suis toutes les femmes
Je vis vos joies et vos mélodrames
Je suis sentimentale et parfois femme fatale aussi
Que l'on me condamne si mon cœur s'enflamme
Devant les projecteurs
Qui me visent en plein cœur chaque nuit
Je suis toutes les femmes
Je chante je danse c'est tout un programme
Je suis reine du disco et l'amie de Pierrot aussi
Que l'on me pardonne lorsque je me donne
Et je vis mes chansons à travers les saisons de ma vie
Je suis toutes les femmes
J'aime les paillettes, les strass, les télégrammes
Les soirées de première puis la une et la der aussi
Et ma vie de star finit dans le noir
Quand les lumières s'éteignent
Et le silence règne dans la nuit
Je suis toutes les femmes
Je vis vos joies et vos mélodrames
Je suis sentimentale et parfois femme fatale aussi
Que l'on me condamne si mon cœur s'enflamme
Devant les projecteurs qui me visent en plein cœur
Chaque nuit
Je suis toutes les femmes
J'aime les paillettes, les strass, les télégrammes
Les soirées de première puis la une et la der aussi
Et ma vie de star finit dans le noir
Je suis toutes les femmes, je suis toutes les femmes
Je suis toutes les femmes, je suis toutes...
Les femmes, les femmes.

L.M


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