Toutes les activités liées au prestige sont plus ou moins déniées aux femmes.
Les hommes les considèrent comme leur propriété, leur pré carré.
Mais à présent, ils constatent que leurs vieilles anathèmes ne fonctionnent plus –ou qu’elles fonctionnent de moins en moins. Que « faiblesse » physique et émotivité n’empêchent, par exemple, en rien de penser, de créer, bien au contraire.
Maintenant, ils se montrent plus « francs » : ils invoquent plutôt la sacrosainte nécessité de la « complémentarité » entre les sexes et les jeux de la séduction. Ils se rabattent, en quelque sorte, sur l’argumentation de la pièce « Les Femmes savantes » de Molière. Dans certains cas, même, ils mettent en avant leurs manques, leurs propres faiblesses (en particulier, leur besoin d’être maternés, d’être soutenus, « pris comme ils sont ») pour inciter les femmes, par pure compassion, à jouer leur jeu. Qu’elles ne s’avisent pas de les « agresser » - voire de les « castrer » - en se montrant trop ambitieuses et en prenant trop de plaisir à la réussite. Surtout, qu’elles perpétuent leurs divines et « éternelles » qualités, parmi lesquelles, bien sûr, figure en bonne place leur inestimable « discrétion » !
Un ordre multimillénaire est en train de vaciller, et ça les angoisse.
Un « quelque chose » ne peut pas provenir de rien. Ce serait totalement a-logique. Car cela constituerait une négation de la relation de cause à effet.
D’après ce que l’on sait, il n’est pas de phénomène qui n’ait une origine. Jusqu’à notre Univers, qui a eu un début, et qui est en mouvement…qui prendra fin, sans aucun doute. Il a fallu « quelque chose » pour le créer. Même lui. Et ce quelque chose lui –même naquit de quelque chose. Forcément. Il ne peut en aller autrement, et cela implique que l’Être ne peut procéder que de lui-même…
Ainsi l’Être peut-il apparaitre comme une sorte de fractal, potentiellement infini.
Les gens n’ont pas d’amour.
Ils sont bien trop dans l’affirmation d’eux-mêmes.
Ils sont trop faibles, et donc trop orgueilleux, pour ne pas chercher à dominer, à imposer leur empreinte, leur emprise. Trop souvent, dans ce qu’ils appellent (bien trop vite), l’ « amour », ils cherchent ce que les psy dénomment « réassurance narcissique ».
Ils ont trop peur, en fait, du partenaire, de celui/celle qui est en face d’eux, pour ne pas toujours peu ou prou tenter (le plus souvent, même pas de façon consciente) d’ « avoir le dessus » sur lui/elle.
A travers « l’amour », la relation « amoureuse », ce qu’ils veulent avant toute autre chose, c’est sentir qu’ils sont « importants », quelquefois même, en certains cas, qu’ils « existent ».
Voilà sans doute la raison pour laquelle tant de liaisons, de couples, de relations dites « amoureuses » capotent, ou restent dans l’impasse.
Apprendre à aimer en respectant véritablement l’autre, en l’acceptant tel qu’il est, dans sa totalité, sans pour autant se sentir soi-même « menacé » ou « amoindri », voilà le plus difficile.
La plupart des gens se lancent dans des relations « amoureuses » sans être prêts pour l’amour. Par besoin et attirance sexuels, par mimétisme et conformisme social, par peur d’être seuls, par volonté de se reproduire, etc., il y a une foule de raisons…qui toutes, en fait, se dissimulent derrière le vocable « aimer » comme on se dissimulerait derrière un masque fort opportun. La plupart des gens s’imaginent « aimer » sans rien savoir, en fait, de ce que ce mot signifie réellement.
Car il n’y a pas de véritable « amour » en l’absence de respect de l’autre, de prise en considération du fait que tout être est indissociable de sa liberté propre, de ses frontières propres.
En amour, les rêves fusionnels sont peut-être l’illusion la plus dangereuse, la plus folle. Rien, même pas l’ « amour » ne peut réduire la distance (corporelle, mentale) naturelle entre deux êtres. Ni leur complexité. Ni leur part de mystère.
Les êtres sont des icebergs dont nous n’observons jamais que la partie émergée.
L’intelligence humaine n’a-elle pas une dimension contre-nature ?
La vie, ça consiste souvent à slalomer entre les souffrances. A faire de son mieux pour s’en protéger, s’en préserver, ou – à tout le moins – pour tâcher de ne pas trop y laisser de plumes.
Reconnaître ses carences, ses torts, ses erreurs et savoir admettre de bonne grâce ce que l’on doit bien admettre, voilà les véritables signes de la grandeur d’un être ou d’une culture !
P. Laranco