La nuit est une grande lyre mélodieuse
Ma musique brûle l’ombrage des arbres mortels
Ma musique brûle d’accord avec l’eau
J’apporte ma flamme au cœur de la glace
Cristal silencieux de ma solitude
Libéré mon ombre mon reflet morts avec les feuillages
Je suis seul
Au bord d’une mer de lait où nagent des poissons fraternels
Mon sang perpétuel connaît sa profondeur
Pour aimer il faut être deux
L’amour est une grande solitude
Étoile de mer la femme est une eau méditative
Prisonnier des places des plaines multiples
J’ai fui en moi le monde
Bel espace restauré grandeur nature
Le monde lieu commun
Lieu humain
Chacun son centre intime égal à l’un à l’autre
Du pareil au même on va on vient
Tels qu’en nous-mêmes en fin de quête
La vérité nous baigne tout nus dans notre nudité rayonnante
Mille fois plus seul de se regarder dans les yeux
Et de s’y retrouver au fond du puits
Puits de science intime
Je suis si vaste d’être seul
Je me croirai multiple
Femme ton corps est une lune rousse
Ta nuit une gelée blanche
Ton corps de tous les jours est un matin
Mais tu es toutes les pluies de la mer
Et pour cela je t’aime
Aimant la nuit.
***
Stanislas Rodanski (1927-1981) – Des proies aux chimères