L'automobile française est en crise. Les nouvelles immatriculations diminuent, au détriment des constructeurs français. Le haut-de-gamme et le bas-de-gamme étrangers se portent bien. Ce n'est pas le marché de l'automobile qui est en cause, mais son absence.
Par Baptiste Créteur.
2012 est une mauvaise année pour l'automobile en France : les immatriculations sont en baisse de 14%, avec des ventes en diminution de 17% pour PSA et 22% pour Renault. Les parts de marché cumulées des deux groupes baissent de 4 points, passant de 56,2% à 52,6% – un revers de taille pour le "Made in France". Malgré toute la bonne volonté du gouvernement et l'implication du Ministère de l'Intérieur, le remplacement des 1193 véhicules incendiés pour la Saint-Sylvestre ne suffira pas à relancer la consommation au premier trimestre 2013.
Les constructeurs français souffrent du constructivisme, mais pas autant que les automobilistes. Là où les premiers ne peuvent plus faire de publicités pertinentes pour leurs produits, on rend aux seconds la vie impossible avec des mesures aussi réfléchies qu'une déclaration de député en mal de notoriété et ils prennent de plus en plus de plaisir à circuler à pied, en vélo et en transports en commun.
La protection de l'environnement magnifiquement orchestrée depuis des décennies, avec le choix stratégique du Diesel, n'est pas en reste. Le bonus/malus écologique pénalise avant tout les voitures françaises, positionnées sur le moyen-de-gamme, pas assez bonnes pour les consommateurs exigeants et pas assez économiques pour les autres. L'automobile "Made in France" n'entre pas dans les critères, dommage...
Le marché aurait pu se corriger, mais les États ont choisi de sauver les constructeurs, en les aidant directement avec des plans de sauvetage, des prises de participation et des plans de soutien ou indirectement avec des mesures visant à relancer la consommation comme la prime à la casse.
Si les consommateurs diffèrent leur consommation, comme semblent l'indiquer certains analystes, c'est qu'ils manquent de confiance en l'avenir – malgré l'optimisme du Président et toute la bonne volonté qu'il déploie. La crise de la dette les pousse à redouter le pire : leurs revenus risquent de diminuer suite à une perte d'emploi et à la crise annoncée de l’État-providence.
Une nouvelle fois, les crises imputées au capitalisme, au libéralisme et au grand capital apatride résultent de l'intervention étatique. Les objectifs que se fixe le gouvernement sont contradictoires – on ne peut pas sauver l'automobile française et les ours polaires en même temps – et les moyens choisis pour les mettre en œuvre créent des distorsions dans le marché. Le choix démocratique, application approximative et imparfaite des préférences du plus grand nombre, empêche la libre expression des préférences de l'individu en s'appliquant à des domaines où l'intervention de l’État n'a aucune pertinence. Si les Français pensaient qu'un gouvernement reflétant les préférences d'une partie d'entre eux prendrait de meilleures décisions que chacun d'entre eux individuellement, ils ont aujourd'hui une preuve de plus qu'ils se mettaient le doigt dans l’œil. Il en faudra sans doute plus pour les convaincre que la liberté est la solution : au royaume des cyclopes, les borgnes sont aveugles. C'est donc à bord d'une voiture étrangère ou à pied que les Français continueront d'avancer sur la route de la servitude.