Grâce au MAX, l’avionneur américain dépasse Airbus.
Il n’y a lŕ rien d’inattendu mais les agences de presse sont ravies, en męme temps que la presse économique : il se passe enfin quelque chose dans le cadre de la rivalité Airbus-Boeing : les Etats-Unis font ŕ nouveau la course en tęte, sur base des données commerciales de 2012.
Airbus ne communiquera ses chiffres que dans plusieurs jours mais il ne fait pas de doute qu’ils seront en retrait par rapport ŕ ceux de son grand rival. Boeing vient en effet d’annoncer 1.203 commandes pour l’année derničre, annulations déduites. Un résultat spectaculaire, porté par le biréacteur court/moyen-courrier 737 MAX remotorisé qui, ŕ lui seul, a été vendu ŕ 914 exemplaires en douze mois.
Le best-seller de Seattle, récemment modernisé (mais, Airbus se plait ŕ le rappeler ŕ chaque instant, de conception initiale ancienne), bat ainsi ses propres records antérieurs. Le 10.000e exemplaire en a été vendu il y a quelques semaines, 415 avions de ce type ont été livrés en 2012, la cadence de production va passer de 35 ŕ 42 unités par mois. Autre fait marquant de l’année qui vient de se terminer, Lion Air (Indonésie), ŕ elle seule, a acheté ou pris option sur 380 exemplaires du 737, une belle preuve de confiance dans l’avenir.
Les agences et les autres médias, c’est bien connu, n’ont pas de mémoire. Du coup, ils oublient de préciser qu’en 2011, c’est Airbus qui avait battu tous les records en vendant en peu de temps des centaines d’A320 NEO, exploit qui ne pouvait évidemment pas ętre renouvelé deux années de suite. Aussi convient-il de relativiser prudemment la victoire de Boeing, logique autant qu’attendue, et qui ne change en rien les rčgles de fonctionnement du duopole : ŕ chacun des deux rivaux 50% environ du marché, avec des hauts et des bas ponctuels. Lesquels ont pour seul résultat de créer un peu d’agitation au sein des rédactions, de Bloomberg et l’AFP au Financial Times et au Wall Street Journal. Sans cela, l’actualité des avionneurs serait désespérément morne.
En 2012, Boeing a livré 601 avions commerciaux, soit 26% de plus que l’année précédente. Deux particularités méritent d’ętre relevées dans le bilan rendu public jeudi soir. Tout d’abord que le vénérable 767 n’a pas dit son dernier mot : 26 exemplaires en ont été livrés, 68 autres sont en commande, de quoi attendre tranquillement les débuts de la version militaire KC-767 choisie par le Pentagone pour remplacer les vénérables KC-135R.
D’autre part, ce qui est tout ŕ la fois anecdotique et étonnant, le premier 747-8 configuré en avion d’affaires privé a été livré il y a peu. Bien entendu, le nom du client n’a pas été rendu public, le secret commercial étant bien gardé. En ces temps de crise, l’information méritait d’ętre mentionnée. Last but not least, le 787, aprčs d’innombrables difficultés techniques et de sérieux retards, remonte enfin la pente : 49 exemplaires en ont été livrés ŕ 8 compagnies.
Airbus, en un deuxičme temps, ne pourra évidemment pas s’arroger la vedette de la męme maničre. Heureusement, personne n’est dupe : tout va trčs bien pour les deux rivaux et, plus que jamais, ils ont tout l’avenir devant eux.
Pierre Sparaco - AeroMorning