Stare Waze to Heaven

Publié le 04 janvier 2013 par Allo C'Est Fini

En un peu plus de trois ans, Waze a réussi son pari, devenir une application incontournable, et détrôner les principaux acteurs de l’aide à la navigation GPS, avec une application gratuite, mais surtout sociale! Aujourd’hui, Waze intéresserait les grands de l’internet (on parle d’Apple et de Google, mais j’ai de gros doutes sur le second…), alors voici un petit rappel de l’histoire de Waze.

Pour moi, tout commence il y a exactement trois ans, lors d’un séjour en Israel durant les congés de Noel 2009-2010. Devant faire pas mal de route sur place, je me renseigne sur la disponibilité de navigateurs GPS. Les années précédentes, j’utilisais un Treo doté de TomTom, mais je n’avais jamais réussi à trouver de cartes d’Israel pour TomTom (déjà, TomTom creusait sa tombe…).

Pourtant, tous les chauffeurs de taxi israéliens disposaient d’un navigateur GPS, et certains même sur mobiles! Ayant acquis un iPhone depuis un an, je me dis qu’il devait exister une appli avec une carte d’Israel, et j’en trouve effectivement, iGo. Petit bémol, cette appli existe en deux versions: une pour toute l’Europe, et une pour Israel seulement… au même tarif. J’en parle autour de moi une fois sur place, et tous me parlent d’une étrange application GPS fonctionnant via la 3G. Les démos que j’en vois sont convaincantes, je suis assez tenté, mais il y a un problème: les tarifs de roaming sont prohibitifs…

De retour en France en janvier 2010, je m’empresse d’écrire un article pour relater cette formidable application prometteuse - j’en profite même pour écrire l’article Wikipedia consacré à Waze, cherchez bien dans l’historique des modifications… -et d’installer Waze sur mon iPhone. Et là, très grosse déception: les cartes sont vides! Il faut dire qu’à cette époque, Waze fonctionnait selon un système où les utilisateurs traçaient les routes: cela leur permettait de disposer de données cartographiques à un prix imbattable. Cela avait très bien marché pour Israel. Seul hic, il fallait une sacré communauté d’utilisateurs pour couvrir un territoire comme la France. Voici à quoi ressemblait la carte de Paris en février 2010…

Cette communauté d’utilisateurs était encore à un état embryonnaire, une cinquantaine tout au plus, comme Jérôme Ledig. On commençait alors à couvrir Paris, Bordeaux, Lille, mais en dehors de ces coins là, un désert complet. Pourtant, un peu plus loin en Europe, au Royaume-Uni et en Allemagne notamment, la cartographie bat son plein.

Puis au printemps 2010, Waze a acquis des droits sur des données cartographiques (dont j’ai oublié le nom). Avantage certain: les routes tracées étaient véritables. Car avec le mode tracteur (un petit tracteur s’affichait pour tracer les routes…), la précision n’était pas toujours au rendez-vous. Seul hic de ces cartes: elles ne contenaient ni les noms des rues, ni les numéros dans les rues, ni même les informations de connexion: en gros, on pouvait rouler dans n’importe quel sens sur ces cartes là. Inutilisables, pensez-vous? C’était mal connaître cette communauté naissante d’administrateurs locaux, dévoués, qui passèrent des mois entiers à compléter la carte de France. Je m’occupais, pour ma part, de Paris, Deauville et Juan les Pins, principalement. Google Maps nous aidait beaucoup, il faut l’avouer, pour retrouver les noms des rues. Ce fut un travail difficile, mais exaltant, aussi motivant que de rédiger des articles pour wikipedia.

Pour qualifier la validité des cartes (apparemment, Waze même n’était pas tout à fait certain des données), un mode « pacman » existait: les routes étaient semées de points, et ne roulant dessus, on engrangeait des points. Un tableau des meilleurs scores quotidiens, ou hebdomadaires permettait de motiver les plus fidèles utilsiateurs, et de nous pousser à aller rouler en dehors de nos trajets habituels, pour valider les routes…

La communauté des éditeurs de cartes se retrouvait sur le forum Waze dédié à chaque pays, dans lesquels on pouvait s’entraider, définir des règles de nommage (par exemple, comment nommer les sorties de périphériques de manière exactes, en mentionnant aussi périphérique intérieur, ou bien est/ouest?), d’indiquer le niveau des voies (rues, boulevards, routes, autoroutes), etc. J’ai abandonné cette communauté fin 2010, n’ayant plus assez de temps à consacrer à cette activité.

En 2010, Waze nomma Shirly Gabai pour animer la communauté des Wazers français, comme par exemple, les inciter à publier sur le blog ouvert aux Wazers: quelle superbe idée, à encore, d’ouvrir le blog d’entreprise aux fans d’un produit! Le travail qu’elle a accompli est remarquable. J’ai gardé de cette période les stickers offerts aux administrateurs qui en faisaient la demande (j’en ai toujours un sur la vitre arrière de mon Mitsubishi Grandis…).

Fin 2010, c’est la consécration, avec le concours de startups de LeWeb, et la 2e place.

Depuis, je n’ai eu de cesse d’utiliser Waze, en France du moins, car le mode d’alimentation via la 3G est un frein pour une utilisation à l’étranger – et là, iGo ou TomTom redeviennent incontournables. Car Waze n’a eu de cesse de s’enrichir et d’aller au-devant des souhaits des utilisateurs, en devenant de plus en plus social:

  • D’abord, en s’améliorant prorgessivement avec le support des appels téléphoniques en tâche de fond, par exemple
  • Puis, en intégrant les données de trafic provenant des utilisateurs eux-même. Il n’y a pas photo, Waze est plus précis que les données de trafic de Google Maps, et me donne des temps de trajet précis à la minute près. C’est vraiment étonnant, pour un trajet centre de Paris vers banlieue, aux heures de pointes: le trajet s’adapte automatiquement au trafic.
  • En s’intégrant avec les autres plateformes sociales, par exemple pour publier ces données de trafic, ou bien pour passer cherche un ami sur le trajet.
  • Il y a un mode appelé chit-chat, qui n’est pas sans rappeler la Citizen Band (CB) de ma jeunesse (les routiers sont sympa et tout le bastringue, ça vous dit quelque chose?)
  • Il est possible de partager des informations importantes, comme la présence de radars (hum hum, pratique, mais est-ce bien légal en France…?), de contrôles de police, d’embouteillages (même si Waze sait les détecter en fonction de la baisse de vitesse), d’accidents, de travaux

Aujourd’hui, Waze fait le buzz, en annonçant que’Apple l’aurait contacté pour un rachat autour de 400 millions de dollars. IsraelValley s’est probablement planté en parlant de Google, car Google est déjà richement doté avec Google Maps, il ne lui manque que la couche sociale… Est-ce plausible? Si on considère que l’application Apple Maps qui a remplacé Google Maps avec iOS 6 est un vrai raté, oui, probablement. Apple Maps est basé sur les données de cartographie de TomTom. Honnêtement, je trouve cette application bien faite, mais ses données peu fiables.

Apple peut-il basculer sur Waze? Honnêtement, je n’en sais rien. Le look and feel de Waze très naïf, n’a rien à voir avec celui des applications Apple, très sobre et épuré. Il y aurait alors un travail de fond à entreprendre au niveau des interfaces, et cela s’en ressentira vraisemblablement sur la roadmap de l’application. Il faut aussi prendre en compte le fait que de nombreux Wazers ne sont pas sur iPhone, mais sous Android, et cela risque de faire tout drôle de voir apparaître une application Apple dans Google Play, mais après tout, Google Maps est bien disponible sur l’AppStore?

Autre idée saugrenue, serait-ce de l’intox du côté de Waze? Après tout, la faiblesse d’iOS6, qui doit désormais faire concurrence à l’appli Google Maps sur l’AppStore, ouvre une large fenêtre d’opportunité pour Waze et ses dirigeants, qui voient une occasion unique de rentabiliser les investissements réalisés depuis 4 ans… La société, qui emploie 80 personnes, est toujours basée à Raanana en Israël, et a levé plus de 50 millions de dollars au cours de trois tours de table, on peut donc comprendre l’impatience des fonds qui chercheront à réaliser une belle sortie. Waze a été créée en 2008 par Uri Levine, Ehud Shabtai etAmir Shinar. Pour l’anecdote, sachez que le logiciel en est à la version 3, et que son code source était distribué en open source jusqu’à l’été 2012 (mais non les données cartographiques)

Bref, nous saurons dans les prochains jours si Waze fait la culbute ou non. Si c’est le cas, bravo à toute l’équipe, c’est mérité. Si non, bravo quand même, et continuez à faire de ce produit un des must have sur tout smartphone.