Manga : Et vous, vous avez lu quoi en 2012 ? (2/2)

Par Paoru

Seconde partie de la rétrospective manga de l’année 2012. Aujourd’hui nous attaquons un second trimestre bien rempli, trop d’ailleurs, au point que je traine depuis la rentrée une pile de manga à lire qui ne désemplit pas… Et pourtant j’y trouverais un peu moins de nouveautés convaincantes qu’au début de l’année. Néanmoins les bonnes lectures ont continué d’être au rendez-vous, chez Kana et Tonkam pour changer, mais aussi chez mes fournisseurs de bonnes séries plus habituels : Glénat, Ki-oon, et Kurokawa. Grâce à la trêve de cette fin décembre, j’ai même trouvé le temps de combler quelques retards !

C’est parti pour les bons souvenirs de juillet à décembre ! N’hésitez pas à cliquer sur les liens, ils mènent aux critique, et pensez à lire la première partie de la rétrospective ici.

Bonne lecture

Juillet

On commence ce deuxième semestre avec une mangaka que j’ai découvert l’an dernier, comme tout le monde : Kazue Kato, l’auteure de Blue Exorcist. La série continue de susciter mon intérêt avec un scénario qui commence à bien se structurer. Cependant, c’est la sortie de son recueil de nouvelles, Time Killers, qui attire mon attention. Même si cette compilation de titres antérieurs à Blue Exorcist évoque d’abord une logique commerciale, on apprécie réellement cette genèse pour son contenu, à travers une série d’histoire qui valent le déplacement : on y retrouve un large panel de scenarii, de narration et de graphisme et ce tome unique fait office de joli cas d’école.

Ensuite ce mois de juillet s’accompagne aussi de 4 tomes de séries déjà en cours, desquels je ressors avec des avis très contrastés : le One Piece 63 ne m’emballe pas, je m’y reprendrai d’ailleurs à 2 ou 3 reprises pour le finir. Après un arc de grande classe, le nouvel épisode sur les hommes poissons me laissent de glace et je ne suis pas mécontent qu’il se rapproche de sa conclusion dans le tome 65, qui sort cette semaine. Un arc juste pour montrer que nos héros sont devenus super forts auraient pu être plus court… À l’inverse le tome 20 de Soul Eater me fait réviser mon jugement dans l’autre sens : après l’arc Eibon qui m’a ennuyé au possible ce volume nous présente le meilleur de ce que sait faire Atsushi Ohkubo : des combats bien chorégraphiés avec du corps à corps efficace et punchy, une folie qui frise le malsain mais qui reste jouissive et une fin de tome en rebondissement magistral… Un des tomes de shônen le plus abouti de l’année.

Du coté des seinens maintenant. Après avoir douté mais persévéré pendant 3 tomes, la lecture du quatrième opus de Sanctum me fait plaisir, et ce sera pareil pour le cinquième. Les différents délires ésotériques de l’auteur se juxtaposent et l’histoire cesse de partir dans tous les sens. Le talent de Boïchi pour les scènes d’apocalypses parachève de séduire le lecteur amateur de double pages percutantes. Ce melting-pot mystico-fantastico-religieux n’a rien de plausible mais il faut faire fi de la vraisemblance pour profiter de cette belle tranche d’action épique et du beau spectacle… Un vrai blockbuster hollywoodien ! Et puisqu’on parle de film, terminons le mois par une autre série inspiré par le septième art : Judge, ce manga tout droit sortie de la filmographie d’horreur des années 90 et 2000. L’histoire est très bien ficelée, dument réfléchie en amont. Les rebondissements et les révélations enclenchent une dynamique haletante et surtout une lecture très rapide. C’est simple : Judge c’est l’extrème inverse de Bakuman. On lit un tome du premier en 15 minutes là où il faut une heure minimum pour le second. Mais les deux restent très plaisants.

  

Aout

Des confirmations et deux découvertes mitigées en cette période estivale. Dream Team 7 continue de me plaire. Alors que c’est Kuroko no Basket qui trouve les suffrages, ma préférence va à ce titre plus patient où les protagonistes, un brin furyo sur les bords, progressent doucement et au prix d’efforts acharnés. Pas de basket spectacle dans une surenchère quasi surnaturelle, car ici on rencontre une équipe qui se forme en douceur, dans les victoires et dans les défaites. C’est pas mal, parfois, de prendre son temps, et ça n’empêche en rien les émotions fortes, au contraire.

L’autre série, que j’adorais déjà, vient me combler en apothéose pour son dernier tome : Run day Burst tome 8 est vraiment magnifique ! Beau, rapide, prenant, émouvant, enthousiasmant… Ces bolides chargés à la bonne humeur et à l’exaltation passent la ligne d’arrivée avec panache et on remercie Yukô Osada pour cette banane qu’il nous a collé grâce à son shônen 100% pur jus. J’ai hâte que Ki-oon nous annonce l’acquisition de son prochain récit, il parait que c’est sur de bons rails !

On finit avec l’horreur, un genre que j’ai dévoré plus jeune dans les salles de cinéma et pour lequel la bande dessinée japonaise ne manque pas d’auteurs, comme Hideshi Hino me l’a prouvé avec l’enfant Insecte, un excellent one-shot entre horreur et tristesse, meurtre et solitude… À rajouter au listing du premier semestre d’ailleurs, je l’avais oublié. Mais là c’est l’intérêt de mon ami Mackie le newbie pour un titre me décide à tester l’intégrale de Tomié, de Junji Ito. C’est une belle surprise car ce personnage condense toutes sortes de maléfices glauques et inquiétants et que cette femme déclenche toute une gamme de sentiments détestables qui dépeint à merveille les noirceurs de l’âme humaine. Une plongée dans l’horreur et le gore qui ravive mon intérêt pour ces deux genres mais le pavé que constitue cette édition met aussi en exergue les quelques défauts de cette œuvre de jeunesse : un dessin à la qualité irrégulière (ça encore, ce n’est pas gênant) et surtout une histoire qui s’étire et tourne en rond sur ses derniers chapitres. Le scénario empile de petites histoires sans rien apporter de réellement nouveau et l’intérêt suscité par la première moitié s’étiole pour laisser une impression finalement mitigée. Il me faudra donc essayer un autre titre de Junji Ito en 2013… Si vous avez des conseils, je vous écoute

Septembre

Que de sorties en ce mois de septembre ! Alors que je peine à finir une fin août très chargée, les nouveautés arrivent par vagues incessantes. Mais je m’étais prévenu moi-même, pour ainsi dire, à la fin des vacances. Je file donc lire ce qui m’intéresse le plus et remets le reste à plus tard. Je retiens quatre titres : Level E, Nozokiana, Souvenirs de demain et Peace Maker 7. Level E c’est Yoshihiro Togashi, l’auteur de Yuyu Hakusho et de Hunter X Hunter. C’est comme ça que c’était vendu et c’est comme ça que je l’ai acheté. L’œuvre n’est pas récente, il s’agit de 3 tomes parus entre 1995 et 1997, après Yuyu Hakusho. On y retrouve d’ailleurs le trait de l’auteur à cette époque, à coup de crayon variable – tantôt simpliste, tantôt crayonné intensément – avec le minimum syndical en terme de décor… Voir moins ^^. Mais ce que j’ai découvert dans cette histoire d’extraterrestres c’est surtout l’humour délirant de l’auteur lorsqu’il choisit de laisser de coté le shônen. On s’amuse de cette rencontre du troisième type assez déjantée, aux apparences toujours trompeuses. Ce manga est un ovni, dans tous les sens du terme !

Pour ce qui est de Nozokiana, c’est surtout un symbole : le retour du manga de cul avec une promo à grande échelle comme a su brillamment le faire Kurokawa, de manière décomplexée et affichée, et non pas un truc d’Otaku planqué sous le lit. L’idée des couvertures qui se découvrent est très bien pensée, propice au buzz en plus (Private joke : n’est-ce pas Remi Bodoi ?). De plus Nozokiana bénéficie à la fois d’un trait satisfaisant et d’une histoire plaisante qui tourne par moment au thriller… Je vous le chroniquerais prochainement, ne serait-ce que pour les jeux de mots que cette histoire m’inspire

Les deux autres tomes sont l’occasion de parler des éditions Glénat Manga, une barque intelligemment menée avec des choix éditoriaux dont j’aime la logique. Je pense là à l’arrivée d’une auteure de shôjo pour laquelle j’ai eu un coup de foudre : Ayuko, la mangaka de Souvenirs Lointain et de Proche Horizon, entre autres. Je ne reviens pas sur ces deux excellent recueils de nouvelles pour en avoir déjà parlé en long et en large dans la critique mais le tout est très prometteur, et j’ai apprécié faire cette découverte d’une nouvelle artiste en commençant par ses anciennes œuvres pour une fois, ça change !

Je terminerai ce mois de septembre avec Peace Maker Kurogane, qui clot cette année son premier arc, pour un titre qui devrait se contenter d’en faire deux, je pense. Avec un héros dont je ne fais pas de louanges, je ne donnais pas cher de ce titre. Mais les différents tomes ont su développer les protagonistes secondaires de manière convaincante et proposer des duels de plus en plus endiablés dans un scénario machiavélique et d’une grande noirceur. Plus globalement j’apprécie cette embryon de tendance – repéré aussi dans Gamaran cf mois de décembre – où les duels accouchent d’un vainqueur et d’un mort. Les perdants qui deviennent amis ou qui parviennent à s’enfuir pour revenir à la charge X fois sous prétexte que ce serait trop bête de tuer un personnage réussi ou populaire et qu’il vaut mieux l’utiliser jusqu’à l’os… Ca a tendance à m’ennuyer fortement. Un Némésis ça va mais plus, bonjour les dégats .

Octobre

Septembre était bien occupé, octobre l’est tout autant. Surtout qu’avec le second Paris Manga de l’année et mon interview éditeur du label Ototo, je me suis plongé dans le catalogue de ce dernier et j’y ai découvert Spice & Wolf, un manga original et plein de charme sur le commerce dans un univers moyenâgeux, puis Samidare, « un shônen qui n’en est pas un » comme le dit l’éditeur lui-même, où un anti-héros choisit d’être le serviteur et le bras armé de la future destructrice de notre planète bleue. Plein d’humour, de l’action, de l’intelligence dans le scénario et de l’inattendu, ça me plait, j’en ferais probablement un article en 2013, dès que j’aurai acheté les volumes qui me manquent.

Ce mois d’octobre sera aussi celui où trois tomes 1 ont attiré mon attention mais dont mon jugement reste encore en suspend, car ces nouveautés n’en disent pas encore assez sur elles-mêmes. Il s’agit de L’île infernale, du naissant Komikku, Gisèle Alain de chez Ki-oon et  Shimba ra da chez Tonkam. Le premier est bien ficelé, bien gratté mais je lui laisse encore un peu de temps pour me prouver qu’il peut se démarquer de ces concurrents dans la thématique de l’île perdue, un peu servie à toutes les sauces depuis 2 ans… Btooom!, Suicide Island, l’île de Hozuki – et j’en passe – obligent ce titre à se singulariser. Il en a l’air capable, le temps nous le dira.

Le second, Gisèle Alain, est une histoire d’une jeune détective du même nom, au beau milieu de la noblesse du début du XXème. C’est plutôt beau et détaillé, c’est léger et adorable et ça s’installe tranquillement dans un format tranche de vie qui aurait besoin de s’épicer un peu, on verra si c’est le cas dans les prochains volumes. Enfin j’ai découvert le dernier titre totalement par hasard et je l’ai acheté après un coup de cœur pour sa couverture, celle d’un mécha mi-machine mi-plante (tiens c’est marrant, dis comme ça, je pense aux monstroplantes d’un certain Jayce). Bref, le dessin de Shimba ra da est accrocheur et l’univers est bien mis en place, autour d’un gigantesque océan et des créatures mystiques. Ajoutez-y un jeune homme qui quitte son pays natal pour partir à l’aventure et on obtient un cocktail déjà visité mais plutôt alléchant. On verra si tout ça tient la route sur la longueur.

Novembre

J’attendais Mitsuru Adachi depuis le début de l’année et c’est en novembre que Tonkam nous a présenté ses deux nouvelles séries : Idol A et Q and A. Si la première ne compte pour l’instant qu’un volume et que son auteur ne sait pas vraiment quand il va la continuer ni où il va l’emmener, la deuxième est une oeuvre finie qui a réussi à planter le décor avec son premier tome : une histoire de second départ, de souvenirs, d’amour et de… Fantôme. Un esprit farceur et facétieux qui n’est autre que l’ancien grand-frère de notre héros, qui est resté un écolier pendant que son cadet est resté en vie et qu’il est devenu le plus âgé des deux. Du bon Adachi destiné à ses lecteurs habituels, références obligent, mais qui est une occasion de plus de découvrir enfin ce mangaka injustement boudé / méconnu. D’autant que, malgré ce que l’on raconte son trait, ce dernier évolue subtilement et ses pages en couleurs sont des petits bijoux.

Ensuite je profite d’une première accalmie pour rattraper mon retard sur Afterschool Charisma, dont le tome 7 vient tout juste de sortir. Ce titre est toujours aussi surprenant. Le sujet des clones est intéressant en soi, partir des clones de personnages illustres est un joli pari, et imaginer une université autour de laquelle s’y affrontent plusieurs générations de copies sans se mélanger les pinceaux entre flashback, révélations et rebondissements mérite les applaudissements. Chez Ki-oon, novembre est aussi l’occasion de proposer le troisième volume de Virtus, qui confirme son statut de seinen d’action : le saut dans le temps de nos criminels et de leur leader judoka surdoué leur permet de se frotter à la vie de gladiateur. Une vie violente et sans pitié bien mis en noirceur par le trait musclé de Hideo Shinanogawa proche de celui Buronson, l’auteur de Ken le survivant. Avec un héros taciturne, il faut pouvoir compter sur des protagonistes secondaires efficaces. Ce tome 3 poursuit leur mise en avant, nous voici donc sur le bon chemin et Virtus devrait prochainement arriver à maturité.

Ki-oon toujours, et enfin : le dernier tome de l’éditeur que je retiens cette année est la réédition d’Emma au grand format avec la fameuse collection Latitude. Je ne connaissais pas encore le manga et n’avais vu l’anime que le temps de survoler le pitch, qui m’avait bien plu. Ce premier opus qui compile les tomes 1 et 2 est allé au delà de mes attentes en proposant une histoire d’amour universelle, des injustices révoltantes dans une Angleterre victorienne très codifiée, des personnages attachants et un humour subtil et attendrissant…Comme dirait son éditrice Cécile Pournin, « Emma c’est bien et puis c’est tout« . Et c’est tout à fait ça. Malheureusement cette nouvelle édition n’a pas pu bénéficier d’une grosse couverture presse qui avait déjà vanté les mérites de la série il y a quelques années, lors de l’édition Kurokawa. Jetez un oeil ici pour vous faire un avis plus complet, et succombez !

Décembre

Fin de cette année de lecture. Pas de nouveautés convaincantes au programme, une publication quasi-inexistante sur les 15 derniers jours du mois : j’ai enfin le temps de lire ce qui me fait envie et je me jette sur les 6 tomes de I am a Hero qu’on vient de m’offrir. En tant que grand amateur des films de Romero, de Resident Evil et du genre undead-et-tout-vert en général, je me suis délecté de ce titre de Kengo Hanazawa et je partage désormais l’enthousiasme de Christel Hoolans, la directrice éditoriale de Kana qui édite la série. Le personnage principal est un looser et un lâche, le virus est mystérieux mais offre de multiples possibilités, les contaminés sont dégommés à tour de bras de manière jouissive mais se montrent résistant. La bêtise de la population fait le reste, et à offre à la maladie toute latitude pour se propager. Si vous vous êtes demandés ce que vous feriez si le monde sombrait dans une pandémie de mort-vivant, ce titre est fait pour vous. On en reparle en 2013, pour sur !

Et le dernier coup de cœur de l’année sera… Gamaran, le titre de Yosuke Nakamaru dont je viens de finir le volume 3 le weekend dernier. Ce manga se situe dans le Japon des samourais et des arts martiaux, avec un style et une mise en scène qui n’est pas sans rappeler Kenshin le Vagabond. Deuxième point positif : la série est tournée uniquement vers l’action et enchaîne une demi-douzaine de duels d’affilée pour son héros. Exit les séances d’entrainement, notre héros est déjà fort, très fort, et ses talents sont éprouvés par une multitude d’armes, des plus inhabituelles : la lance, l’arc ou encore les mains nues. Le rythme est haletant et on attend de voir comment le mangaka va négocier son virage entre deux tournois. Me voilà déjà pris à ce jeu addictif, vivement la suite !

 

C’est ainsi que s’achève 2012. Sur ce second semestre, je retiendrais particulièrement : Run day Burst, Proche Horizon, Q and A, Emma et I am a Hero qui viennent s’ajouter à The Arms Peddler, Billy Bat, Blood Lad, Seven Shakespeare et enfin Wolfsmund qui m’ont tapé dans l’œil dans la première moitié de 2012. En lisant 1/5 de la production annuelle j’ai donc largement trouvé mon bonheur, tout en laissant passé de nombreux et excellents titres. Pour certains d’entre eux le retard sera rattrapé, et je dévore en ce moment-même les 4 derniers tomes d’Ascencion, Kings of Shogi et Rainbow seront les suivants. Pour les autres, j’attends avec impatience d’être cloné !

Je vous souhaite en tout cas une excellente année 2013, pleines de bonnes lectures et de découvertes !

Rétrospective et chroniques manga : les lectures de 2012

Aout-Septembre : une rentrée bien chargée !

Septembre-Octobre : Les tomes qui se cachent sous les feuilles d’automne…

Noël : des mangas sous le sapin

Rétrospective 2012 : premier semestre

Rétrospective 2012 : second semestre