En 2007, Sarkozy avait choisi la « rupture » avec le modèle social français jugé « archaïque ». Une rupture comparable à la renaissance ou à la libération, rien que ça ! Partisan du libéralisme à l’anglo-saxone, il nous fallait changer notre façon de produire, de travailler, d’apprendre, et de vivre. Concrètement, la France devait « sortir de l’immobilisme, sortir de la société des avantages acquis ». 5 ans après, les français ont choisit la rupture avec le Sarkozysme et ses réformes brouillons.
Point de rupture ou de statut quo aujourd’hui, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, évoque désormais un « nouveau modèle français ». «La France n’a pas besoin de renier son âme pour sortir de la crise et regagner sa force et son rayonnement». Elle doit être plus «accueillante à la prise de risque, à l’innovation économique et sociale, à la création d’entreprises comme à la création artistique». L’État «doit demeurer le garant de l’intérêt général et de la solidarité nationale, assumer son rôle de stratège, tout en réinventant ses modes d’intervention et en s’appuyant sur les forces vives du pays».
La croisée des chemins. Le modèle politique, social et économique fondé sur quelques principes simples mais d’immense portée (liberté, égalité, fraternité) est aujourd’hui fragilisé : les inégalités économiques se creusent, le chômage et la dette publique s’envolent, nos entreprises peinent à exporter comme à satisfaire la demande intérieure ; nos concitoyens dénoncent le caractère peu démocratique et opaque des décisions publiques, se détournent des urnes ou sont tentés par les extrêmes ; la défiance paralyse nos relations sociales et politiques. Le monde traverse une période de mutation, où les peuples doivent relever trois grands défis : le défi du développement, le défi écologique, et le défi démographique.
La crise que nous traversons est d’abord économique et sociale. La tentation est grande d’en reporter la responsabilité sur autrui, d’accuser la libéralisation des échanges commerciaux et financiers, la concurrence des pays à bas coûts et les politiques conduites en Europe. Il n’est pas question de nier les dangers du néolibéralisme et du capitalisme financier : oui, il faut renforcer la gouvernance internationale de l’économie, réguler la finance, promouvoir le juste échange. Oui, les États européens doivent s’entendre sur des règles sociales et fiscales communes, et mener une politique de croissance à l’échelle du continent : le président de la République et le gouvernement s’y emploient. Mais n’oublions pas que la mondialisation est aussi l’occasion d’élargir la diffusion de nos produits, d’attirer des entreprises et des emplois et de bénéficier d’innovations venues d’ailleurs.
Soyons clairvoyants pour identifier les causes de nos difficultés et de nos succès, et soyons audacieux pour procéder aux réformes nécessaires : c’est ainsi que nous rendrons notre modèle économique et social plus compétitif et plus solidaire, et que nous assurerons l’avenir de notre jeunesse.
Le choix d’une méthode : le dialogue et la coopération entre l’Etat, la société civile – partenaires sociaux, associations et citoyens – et les collectivités territoriales. La concertation et la négociation peuvent susciter des impatiences, elles sont moins médiatiques qu’une série d’annonces précipitées et sans lendemain ; mais cette méthode est la condition de réformes intelligentes et durables. Car de grands chantiers s’ouvrent devant nous.
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Tribune du Premier ministre Pour un nouveau modèle français (lemonde.fr)
Ayrault : un calendrier pour son « nouveau modèle français » (nouvelobs)
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